Le ministre de l'Industrie attendu de pied ferme chez Tereos et Buitoni le 13 mars

Le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, sera en visite le 13 mars à Caudry et Escaudoeuvres. Les salariés de Buitoni et Tereos, deux entreprises en grande difficulté, sont déjà mobilisés sur les deux sites, dans l'espoir de conserver leurs emplois.

Un représentant de l'Etat attendu au tournant pour une visite qui s'annonce déjà mouvementée. Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, sera en visite dans le département du Nord le 13 mars.

Il doit se rendre d'abord à Caudry, à la rencontre des salariés et de la direction de l'usine Buitoni. Il a ensuite rendez-vous à Escaudoeuvres, cette fois pour rencontrer le personnel et les dirigeants de l'entreprise Tereos. Sur les deux sites, des travailleurs en colère sont déjà mobilisés dans l'espoir de conserver leurs emplois.

A Caudry, la mairie et les salariés ensemble pour manifester

A Caudry, cela fait déjà trois jours que les salariés de l'usine Buitoni tractent sans relâche auprès des automobilistes. Ils espèrent rassembler au maximum pour une manifestation prévue ce lundi 13 mars, avec le soutien de la mairie. 

"Habitants et élus du cambrésis et bien au-delà, nous nous devons d'être extrêmement nombreux, ce lundi 13 Mars à 9h30, pour témoigner notre soutien aux salariés de l'usine Buitoni de Caudry et pour imposer au groupe NESTLE, seul responsable de cette crise sanitaire, de trouver une production de substitution à son usine de Caudry !" a interpellé le maire, Frédéric Bricout, sur sa page Facebook.

"Prenez donc vos baskets ou chaussures de marche et de quoi faire du bruit. Nous devons être entendus !"

Frédéric Bricout, maire de Caudry

Le 2 mars 2023, le groupe Nestlé a en effet annoncé aux salariés la suspension de l'activité à l'usine Buitoni de Caudry, empêtrée dans un scandale sanitaire. L'établissement produit les pizzas à pâte crue de la gamme Fraîch'Up, suspectées d'avoir provoqué la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres par la bactérie Escherichia coli, en février 2022. En décembre, après neuf mois d'arrêt, l'usine avait rouvert partiellement sur la seule ligne de production des pizzas à pâte cuite, non concernée par le scandale. 

Une embellie plus qu'éphémère. Aujourd'hui, la fermeture complète du site est une possibilité pour Nestlé, qui se prononcera définitvement le 30 mars.

"Malgré tous les efforts déployés pour assurer un redémarrage de l'usine dans les meilleures conditions en décembre 2022, la dégradation des perspectives de commandes a contraint Nestlé France à réagir", a estimé le groupe auprès de l'AFP. Un peu plus de 200 emplois sont menacés.

A Escaudoeuvres, la "sidération" et la colère

A Escaudoeuvres, des agriculteurs ont manifesté ce 11 mars devant le site de Tereos. Une dizaine de tracteurs bloquent l'entrée et les protestataires ont allumé devant l'usine un feu de palette qui fait monter dans l'air une épaisse fumée noire.

Alain Dupont, président de la FDSEA Valenciennes, pose la question de l'avenir de la filière de la betterave sucrière. "Aujourd'hui, c'est le pan Escaudoeuvres qui s'écroule et demain ce sera d'autres si on ne réagit pas" avertit-il au micro de France 3.

Le 8 mars, la direction de l'usine sucrière, propriété du groupe Béghuin Say, a annoncé la fermeture de l'usine d'ici mi-juin. 123 postes devraient être supprimés. Selon le président de l'agglomération de Cambrai, Nicolas Siegler, c'est en réalité 400 postes qui sont à termes menacés sur le territoire, si l'on inclue les emplois indirects générés par l'usine.

Ces 123 licenciements visent uniquement à augmenter la rentabilité du groupe selon Maryse Treton, de la fédération CGT agroalimentaire : "Aujourd'hui, Tereos vend son sucre 1000 euros la tonne, lorsqu'on sait qu'une sucrerie est rentable à partir de 340 euros la tonne", rappelait-elle auprès de l'AFP.

L'annonce a été un véritable choc pour toute la commune, où Tereos devait bientôt fêter ses 150 ans. La mairie d'Escaudoeuvres se dit "sidérée" et parle d'une "catastrophe sociale" pour le territoire.

Agnès Bilbaut, première adjointe d’Escaudœuvres, qui s'est rendue sur place dès le 9 mars, a vivement pris à parti la direction de l'usine. "Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites. (...) Je ne sais pas comment vous allez faire ce soir pour rentrer chez vous et bien dormir. Vous n'en avez rien à foutre, tout ce qui compte pour vous, c'est l'argent" a-t-elle déclaré, filmée par nos confrères de la Voix du Nord

Les politiques locaux sur le pied de guerre

Le ministre Roland Lescure, représentant d'un gouvernement qui défend un projet de réindustrialisation des territoires, doit maintenant rassurer. D'autant que les politiques locaux, eux aussi, maintiennent la pression sur les dossiers industriels.

Le président de la région, Xavier Bertrand, a fustigé la fermeture de l'usine Tereos : "Quelles sont les vraies raisons de la fermeture de l’usine d'Escaudœuvres ? En 2021, le Président de Tereos s’était engagé à ce qu’il n’y ait aucune fermeture d’usine en France. Où sont ses engagements ?" a-t-il interpellé sur son compte twitter. 

Le président du département du Nord, Christian Poiret, a également réagi dans un communiqué. "Les décisions des groupes Tereos et Nestlé sont inacceptables. (...) Chaque jour, nous nous battons pour l’emploi des Nordistes et pour le dynamisme économique des territoires : nos efforts ne doivent pas être réduits à néant par des décisions économiquement discutables et déconnectées des réalités du terrain." 

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est également prononcé sur le dossier Tereos le 9 mars. Il a reproché au groupe de fermer l'usine dans "une zone de production de betteraves moins touchée que beaucoup d'autres par la jaunisse en 2020". Il a également appelé le groupe sucrier à trouver une solution pour chacun des salariés dont le poste est menacé. 

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