Le LOSC reçoit samedi (15h) en 32e de finale de Coupe de France, l'équipe réunnionaise de l'Excelsior.
"On va passer de 35 degrés à 0, il y aura peut-être de la neige. Les joueurs ne connaissent pas ça", redoute Bernard Mahmoud, entraîneur de l'Excelsior. Son petit club réunionnais se déplace à Lille, pensionnaire de Ligue 1, pour un duel format grand écart en 32e de finale de Coupe de France samedi.Les "Tangos", comme on surnomme cette équipe à La Réunion, ont pris l'avion en début de semaine pour rejoindre Paris, puis Lille. "Notre destin nous attend", philosophe le coach. C'est la première fois que le club de la commune de Saint-Joseph (sud de l'île) atteint ce stade de la compétition. Pression supplémentaire, l'Excelsior est la seule équipe d'outre-mer encore en lice.
"Petits poucets"
Pour arriver en 32e, les "Oranges" (couleur des maillots), qui évoluent en division d'honneur à la Réunion, ont éliminé successivement Avoine Olympique Chinon (CFA 2) et le FC Mulhouse (CFA). "Et nous voilà. Nous sommes les petits Poucets qui se présentent contre l'ogre lillois mais on va faire de notre mieux", lance Bernard Mahmoud en cherchant du regard l'approbation de Gaël Payet, son impressionnant arrière central de près de 2 mètres.Agé de 32 ans, le défenseur est issu d'une famille de footballeurs et tape le ballon depuis ses six ans. Lui et ses "dalons" (ses amis en créole réunionnais) n'ont pas peur de défier Lille, assure le colosse : "C'est clair, on ne s'est pas entraîné pendant la période des fêtes de fin d'année pour aller faire de la figuration là-bas".
Car à cette période de l'année, en plein été austral, toutes les équipes sont habituellement au repos. Il n'est pas simple de courir 90 minutes après un ballon lorsqu'il fait 35 degrés à l'ombre.
"Une énorme récompense"
La température préoccupe Gaël Payet, certes, mais il préfère se concentrer sur l'enjeu. "Le froid, ça se gère. C'est notre mental que nous devons appréhender", dissèque-t-il. Quelle que soit l'issue du match "jouer contre le LOSC, un gros client de Ligue 1, c'est déjà une énorme récompense", savoure-t-il.En attendant les "Tangos" s'entrainent seulement trois fois par semaine. "C'est suffisant" estime le coach. "Tout le monde en ville parle de ce match", raconte Gaël Payet. "Mais moi je ne rêve pas de ça la nuit. La nuit je dors, parce que l'entraînement en pleine chaleur ça fatigue", plaisante le joueur, homonyme d'une des vedettes de l'équipe de France, Dimitri Payet, Réunionnais lui aussi et qui a tapé ses premiers ballons avec les "Tangos". Le défenseur de l'Excelsior n'est pas non plus impressionné par le fait de jouer au Stade Pierre-Mauroy qui peut accueillir 50.000 personnes (les deux principaux stades de La Réunion ne dépassent par les 8.500 places).
Après l'atterrissage à Paris mardi, les "Tangos" sont partis directement à Clairefontaine pour leurs derniers entrainements avant de se rendre à Lille. La tradition veut que le club de Ligue 1 abandonne la recette à son adversaire de division inférieure.
"L'île aura le coeur orange"
À six et huit euros la place, "si au final il y a 20 000 personnes, ce serait bien", énonce Johnny Payet, président de l'Excelsior, qui a déjà fait ses comptes. "J'espère que Lille sera fair-play même si on gagne et que la recette nous sera vraiment versée", sourit le dirigeant. "Surtout que nous allons sûrement avoir beaucoup de Réunionnais vivant en Métropole qui viendront nous voir", ajoute-t-il.Car un sou est un sou. Même si la ligue locale de foot prend en charge le déplacement de 25 personnes (dont 18 joueurs), il n'est pas facile de financer les activités du club qui vit essentiellement grâce aux subventions municipales et aux dons de sponsors.
En attendant le match et en rêvant d'exploit toute la ville de Saint-Joseph et plus largement toute La Réunion du foot est derrière les Tangos. "Pour ce match toute l'île aura le coeur orange, j'espère que cela nous portera bonheur", conclut Bernard Mahmoud.