Plusieurs médecins viennent de signer une tribune dans Le Parisien pour demander notamment le port du masque à l'école dès 6 ans. Parmi eux, le docteur Matthieu Calafiore, directeur du département de médecine générale de la faculté de Lille.
Une vingtaine de médecins ont publié ce dimanche 30 août dans le Parisien une tribune intitulée "Quatre propositions pour l'école", à la veille de la rentrée. Ils dénoncent un protocole sanitaire flou, et suggèrent plusieurs mesures pour limiter les risques de propagation du Covid-19 comme :
- Le port du masque dans les lieux clos dès 6 ans
- L'aération régulière des salles de classe
- La limitation des brassages d'élèves pour permettre des quarantaines ciblées
- La publication d'un protocole à suivre en cas d'élèves positifs au virus
- La mise en place d'un traçage des cas contacts
Un protocole sanitaire déjà obsolète
Ces mesures sont préconisées alors que l'Éducation nationale a déjà publié un protocole santaire. Le problème est que celui-ci se base sur les connaissances scientifiques de "fin juin, début juillet" qui mettaient en avant les gouttelettes comme principal mode de transmission du virus.Depuis les connaissances ont progressé : "Il y a aussi une transmission par aérosolisation, c'est-à-dire des particules qui restent en suspension dans l'air et qui peuvent être contaminantes", selon le médecin.
Le texte ministériel préconise notamment une aération "toutes les 3 heures au minimum" des salles de classe, un laps de temps que les médecins jugent "insuffisant".
Le port du masque dès 6 ans, une mesure déjà appliquée dans d'autres pays
Les collégiens et lycéens français devront porter un masque dès la rentrée. Dans sa tribune, le collectif de médecins suggère un élargissement de la mesure dès l'âge de 6 ans. Si cela peut surprendre, cette recommandation est dans la droite ligne des préconisations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "Même si les enfants auront sûrement une tendance à toucher le masque et à ne pas toujours bien le porter, il vaut mieux ça que pas de masque du tout", tranche Matthieu Calfiore.En Italie, en Grèce ou en Suisse, c'est déjà le cas. Les élèves suisses ont d'ailleurs reçu chacun des masques en vue de leur rentrée scolaire. Cela permettrait de limiter les risques pour les enfants, leurs familles, mais aussi les élèves à la santé fragile. "Il serait injuste de les priver d'école", avance le médecin généraliste.Le masque ne signifie pas le risque zéro. Mais il le réduit à 95 %.
Un fonctionnement flou et opaque
"D'une académie à l'autre, des mesures différentes peuvent être prises. Je mets au défi quiconque de m'expliquer ce qu'un directeur d'école doit faire si un cas de Covid-19 se déclare dans son établissement", dénonce Matthieu Calafiore.Le protocole sanitaire de l'Éducation nationale ne mentionne pas de procédure à suivre (tests collectifs, quarantaine...) dans cette situation. "Certains personnels de direction veulent fermer la classe à partir d'un cas. D'autres à partir de 3. Mais dans les faits, une seule personne est un risque potentiel pour l'ensemble des élèves."
Le virus invite selon les médecins à repenser le fonctionnement des espaces collectifs : "Il faut limiter le brassage des élèves, à la cantine par exemple, il faut envisager plusieurs services, avec des groupes d'élèves identiques pour éviter les contacts multiples."
Des propositions qui vont de pair avec l'application des gestes barrières, comme le lavage des mains et le respect de la distanciation physique.