Depuis le 29 avril, trois véhicules vont à la rencontre d'artisans du Nord (bouchers, boulangers, coiffeurs...). L'opération se nomme Proch'Artisan et ambitionne de recueillir, métier par métier, les besoins des entreprises locales pour ensuite leur proposer une aide.
Une grosse partie de son temps, l'artisan a la tête dans le guidon, plongé dans le boulot. Alors les tâches administratives ou les projets de l'entreprise ne sont pas toujours une priorité. "On manque de temps, et on ne sait pas toujours à quelle porte sonner", témoigne Corinne Thomas, boulangère-pâtissière à Attiches, dans le Nord.
Conscient de cette problématique, Laurent Rigaud a lancé l'opération Proch'Artisan. Objectif ? Aller à la rencontre des artisans, recueillir leurs doléances, et répondre ensuite à leurs besoins.
Depuis le 29 avril 2021, trois véhicules, avec à leur bord un chargé de mission et un artisan, sillonnent les routes du Nord pour frapper aux portes des bouchers et des boulangers-pâtissiers.
Les prises de contact avaient déjà commencé par téléphone avant cette date, et se poursuivent désormais sur le terrain à Valenciennes pour ensuite s'étendre à tout le département, mais également à d'autres métiers.
"Mieux comprendre leurs besoins"
Par cette démarche, Laurent Rigaud, président des bouchers du Nord et de la chambre de métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France, souhaite prendre le pouls de l'économie locale.
Cela passe notamment par un questionnaire à remplir pour chaque commerçant rencontré. Quel est l'impact du Covid-19 sur votre entreprise ? Avez-vous des difficultés à recruter ? Des soucis administratifs ? "On souhaite mieux les connaître, pour comprendre leurs besoins", résume Laurent Rigaud.
A la tête d'une boucherie à Malo-les-Bains, Fabrice Fermaut a été contacté par Proch' Artisan par téléphone. "C'est une bonne chose que ce soit eux qui viennent vers nous", assure-t-il. Lui a besoin d'un apprenti dans sa boutique, il leur a fait passer le message.
Du lundi au dimanche nous sommes dans nos entreprises et nous passons à côté de plein de choses, explique-t-elle. Si on ne vient pas à nous, on ne se déplace pas.
Pour Corinne Thomas, boulangère-pâtissière à Attiches, cette démarche est "très rassurante" pour les commerçants. Et répond à un manque. "Du lundi au dimanche, nous sommes dans nos entreprises et nous passons à côté de plein de choses, explique-t-elle. Si on ne vient pas à nous, on ne se déplace pas."
Dans son cas, Corinne Thomas imagine depuis longtemps d'installer des panneaux solaires pour fournir l'électricité de son magasin. "Je cherchais des aides, mais j'ai laissé couler par manque de temps", regrette-t-elle. Elle a expliqué son projet à Proch'Artisan qui devrait revenir vers elle avec des solutions.
Filière par filière
Après les bouchers et boulangers-pâtissiers, Proch'Artisan devrait se rapprocher des coiffeurs. "Nous ciblons les artisans qui ont des vitrines en centre-ville, explique Laurent Rigaud. Et nous avançons filière par filière, pour connaître leurs besoins de façon précise."
On espère que ça donnera envie à d'autres de suivre Proch'Artisan.
Pour Laurent Rigaud, la première étape de Proch'Artisan est d'avoir visité les 300 boucheries artisanales du Nord avant la fin de l'année 2021. Dans les années à venir, il espère que l'opération pourra s'étendre à l'échelle régionale.
Un travail de titan, alors qu'en Hauts-de-France, il existe 94.409 entreprises artisanales selon la Chambre de Métiers et de l'Artisanat. "C'est pourquoi on espère que ça donnera envie à d'autres de nous suivre", lance Laurent Rigaud. À bon entendeur.