Le département du Nord veut sanctionner les bénéficiaires du RSA qui refusent trois offres d'emploi

Cette expérimentation pourrait démarrer dès le 1er janvier 2019.

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Il faudra peut-être bientôt y réfléchir à deux fois avant de refuser une offre de Pole Emploi. Le président du département du Nord, Jean-René Lecerf (Divers droite),voudrait pouvoir mettre en place dès 2019 la suppression du RSA pour les allocataires qui refuseraient trop d'offres d'emploi.

"Nous avons énoncé que lorsqu'un allocataire aura refusé au moins deux offres d’emploi dans son lieu de domiciliation et dans ses compétences, nous souhaiterions à tout le moins suspendre le RSA" expliquait-il notamment sur France Bleu Nord, ce matin.

 

"Politiquement incorrect"

"C'est peut-être politiquement incorrect, mais c'est une vérité que certaines personnes ne veulent pas travailler" martèle Jean-René Lecerf. Joint par téléphone, il prend également l'exemple d'autres allocataires qui "touchent le RSA et travaillent au noir à côté", et d'autres mêmes qui ne se sont présentés à Pole Emploi que pour s'inscrire, sans volonté de se rendre aux entretiens. 

Selon ses estimations, basées sur les retours d'agents de Pole Emploi, cette situation concernerait de près ou de loin 20% des 110 000 allocataires du RSA. 

Dans la lignée de ce qu'a dit ce dimanche le Président Emmanuel Macron à un jeune chômeur, Jean-René Lecerf estime qu'il y a de nombreux emplois disponibles mais non pourvus dans la région, notamment dans l’industrie automobile, la logistique, l’artisanat, l’agriculture : "Nous avons des emplois en très grand nombre, mais nous n'arrivons pas à trouver suffisamment de personnes"

"Si c'est un problème de compétence, on peut les former. Si c’est un problème de mobilité, on peut les aider, par exemple en mettant un véhicule à leur disposition" souligne-t-il.
 

On ne pourra pas traîner éternellement un boulet de 300 millions d’euros


Élu à la tête du département en 2014, Jean-René Lecerf estime qu'"on ne pourra pas traîner éternellement un boulet de 300 millions d’euros", soit le coût annuel du RSA.

Pour l'heure, le département n'a pas la compétence pour prendre de telles mesures, à moins de faire signer des contrats d'engagement réciproque conditionnant l'allocation à un engagement du bénéficiaire, comme c'est le cas dans d'autres départements. "Je préférerais avoir une expérimentation."

 

Rencontre avec le Premier ministre


Le président du département dit avoir rencontré le Premier ministre Édouard Philippe, qui l'a "écouté avec attention et intérêt" et n'a désormais plus qu'à "formaliser" sa demande par un courrier officiel.
 

C'est quoi, l'assistanat, quand on n'a que 450 euros pour vivre ?


"Il faut arrêter avec ces discours-là !", peste Serge Havet, responsable de l'association Agir contre le Chômage - Métropole. "Comment M. Lecerf peut-il prouver que ces gens ne veulent pas travailler ?"

"C'est quoi, l'assistanat, quand on n'a que 450 euros pour vivre ?" insiste-t-il.

En 2016 déjà, le département avait passé un cap en appelant les 45 000 bénéficiaires du RSA qui n'étaient plus suivis par Pole Emploi à se signaler par téléphone, sous menace de se voir privés de leur allocation.
 
Des sanctions - d'une retenue de 100 euros à une suspension de quatre mois - avaient été prises contre environ 25 000 allocataires en 2017.
 
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