Nos confrères du Parisien ont pu poser quelques questions à Djamila Boutoutaou, jeune jihadiste lilloise condamnée en Irak à la perpetuité. "Pitié, aidez-moi à rentrer en France !", a-t-elle lancé à l'issue de sa condamnation.
C'est un cri du cœur. "Pitié, aidez-moi à rentrer en France !", a lancé Djamila Boutoutaou à nos confrères du Parisien, alors que sa condamnation à la prison à perpétuité venait d'être prononcée. "C'est la seule chose que je demande. Je n'en peux plus." La Lilloise d'origine, qui a par la suite vécu à Roubaix avec son compagnon, a été jugée pour son appartenance au groupe Etat islamique (EI).
Pourtant, la jeune femme répète : "Je suis une victime. Je le crie haut et fort. J’ai même été battue par mon mari car je ne voulais pas le suivre". Djamila Boutouatou, 28 ans, explique en effet avoir suivi son mari, qu'elle décrit comme un "chanteur de rap", en voyage en Turquie. C'est là qu'elle se serait rendu compte qu'il était jihadiste.
Alors qu'ils devaient y passer "une semaine de vacances", elle explique que son mari "a été contacté par un homme nommé al-Qourtoubi". Alors, elle aurait été enfermée dans une cave avec ses enfants, dont l'un a été tué lors d'un bombardement.
Conditions de détention
Lors de son entretien avec nos confrères du Parisien, la jeune Lilloise est également revenue sur ses conditions de détention en Irak : 130 femmes et enfants détenus "dans 30m² avec deux rations de riz et de ratatouille par jour".
Mais surtout, la jeune femme craint qu'on ne lui enlève sa fille, actuellement détenue, elle aussi. Sur les images de Sky News tournées à l'automne 2017, on l'aperçoit avec sa petite fille de deux ans dans les bras.
Procès en appel
Aujourd'hui, ses avocats dénoncent la manière dont le procès a été tenu. "Personne ne peut se satisfaire du fait que les principes les plus fondamentaux d'un procès équitable soient à ce point-là meurtris, méprisés", a déclaré l'un de ses avocats, Me William Bourdon.
"Je n'ai appris que dans la matinée que ma cliente avait enfin bénéficié d'une visite consulaire dimanche", a précisé Me Martin Pradel à nos confrères du Parisien. "Cela fait plusieurs mois que le ministère des Affaires Etrangères m'indique qu'il n'y a aucune nouvelle de Djamila. Je ne pouvais pas me présenter à Bagdad sans cadre normé. Ce qui s'est passé ce matin n'est évidemment pas acceptable."
Les deux avocats entendent réclamer son rapatriement "dès lors que la condamnation sera définitive", soit après la procédure d'appel qui devrait débuter prochainement.