Lancés le 18 octobre dernier à Poitiers (Vienne) par le Président Macron, les Etats généraux de la justice se poursuivent ce jeudi 25 novembre à la cour d’appel de Douai. Le Procureur Général près la cour d’appel fait un tour d’horizon des failles de la justice française.
Souvent mal comprise des citoyens, la justice est jugée trop complexe, trop lente. Dans le cadre des Etats généraux de la justice, le procureur général près la cour d’appel de Douai, Frédéric Fevre, participe aux débats sur la réforme de la justice française. Il déplore l'état d'un système judiciaire "sous-dimensionné" aux conséquences "dramatiques" sur les concitoyens.
Quelles sont les failles de la justice ?
Nous n’avons pas assez de juge, ni de procureur par rapport à la moyenne européenne. Pourtant, les procureurs de la République française sont ceux qui ont le plus de dossier à traiter en Europe. Nous manquons également d’équipes autour du magistrat. La justice a besoin d’être modernisée et plus compréhensible, plus lisible. La justice est technique. C’est donc un métier compliqué mais nous devons faire des efforts pour communiquer au plus grand nombre. Nous devons moderniser la justice en remettant à niveau nos bâtiments judiciaires en mauvais états et en obtenant des logiciels informatiques performants.
Quelles sont les conséquences sur le justiciable ?
Les délais sont trop importants, les justiciables attendent parfois plusieurs mois une décision de justice. La situation est dramatique. Nous devons trouver les moyens d’être plus rapide notamment pour les affaires sociales. Quand un homme ou une femme attend une décision de justice c’est une décision importante pour elle. Derrière un dossier, il n’y a pas un numéro mais une personne dans l’attente ou dans l’angoisse.
Le temps est-il le nerf de la guerre pour la justice ?
La justice s’accommode mal des rythmes infernaux et des quotas. Il faut savoir laisser le temps au temps : celui de la réflexion et de la rédaction.
Quelle a été votre réaction à la tribune des 3 000 magistrats parue dans Le Monde ?
Cette tribune est un signe. Nous ne pouvons pas rejeter d’un revers de mains 3 000 personnes qui vont adhérer à des attentes. Nous avons le devoir de les accompagner. Le temps est important dans la justice mais le plus important est celui donné aux juges. Nous ne voulons pas une justice d’abattage. Nous voulons prendre le temps d’examiner les arguments et de rédiger les décisions de justice. Pour cela, il ne faut pas être soumis aux impératifs de rendements et de quotas.
En quoi la situation a-t-elle évolué ces dernières années ?
Il y a un désir de justice en France, surtout depuis la crise sanitaire. Les Français souhaitent profiter davantage de leur existence et les jeunes générations ne sont plus prêtes à accepter ce que les générations précédentes ont accepté. Nous nous devons de rendre ce service de justice à nos concitoyens.