L'aube a été fraîche, ce 26 avril, avec des gelées localisées dans les territoires et notamment dans le Douaisis. Dès 4h du matin, les exploitants de la Cueillette de Férin étaient sur le pied de guerre pour protéger leurs arbres fruitiers du froid.
Des températures de -2 degrés à Charleville, à peine un degré à Lille, -1° à Férin... A travers les Hauts-de-France, l'aube a été très fraîche ce 26 avril et a provoqué des gelées très localisées. Dans le douaisis, l'événement météorologique est courant à la fin avril et jusqu'aux Saints de glace de mai. Alors, cette nuit a provoqué un branle-bas de combat dans les exploitations fruitières et légumières.
Une sonde pour détecter la chute des températures
Florent Châtelain, arboriculteur et co-fondateur de la Cueillette de Férin, était déjà sur le qui-vive au milieu de la nuit. "On avait constaté qu'il allait faire froid chez nous donc on est allés vérifier nos alarmes. Ce sont des sondes connectées à des téléphones portables qui mesurent la température toutes les 15 minutes en temps réel. Si la température dépasse un niveau d'alarme, la sonde peut nous envoyer un mail, un sms ou même nous appeler si on le lui demande", détaille-t-il.
La température avait commencé à descendre dès 2h du matin, mais restait sous le seuil d'alerte. Mais le thermomètre a continué de plonger dans les heures suivantes, forçant l'arboriculteur et ses confrères à se rendre sur leur exploitation dès 4h du matin.
Si la température dépasse un niveau d'alarme, la sonde peut nous envoyer un mail, un sms ou même nous appeler.
Florent Châtelain, arboriculteur
Ils ont d'abord commencé par protéger les cultures de légumes en serre. "On a mis des chauffages qui visent juste à maintenir les productions hors-gel, parce qu'on ne chauffe pas les productions d'ordinaire. Mais là on a des tomates et des aubergines qui sont en fleurs et qui sont fragiles" explique Florent Châtelain.
Il a ensuite fallu passer à la protection des arbres fruitiers, vers 5h du matin. "Nos pruniers ont fleuri il y a un moment et ils sont maintenant en formation de fruits. On a de la prune violette, de la mirabelle, de la reine-claude et de la quetsche" énumère-t-il.
Les pruniers réchauffés à la bougie
Pour ne pas geler le fruit avant sa maturation, les exploitants emploient une méthode bien particulière. "On utilise des seaux de parafine végétale, des seaux de peinture de 5L, qu'on met tous les 6 ou 7 mètres dans les rangs. On appelle ça une "bougie". On l'allume pour maintenir la température autour de l'arbre. En se consommant, la parafine dégage aussi de la fumée et ça crée un nuage de fumée au-dessus du verger qui empêche le froid de descendre davantage."
A la Cueillette de Férin, cette nuit gelée a finalement causé plus de peur que de mal. Mais le risque est bien réel pour tous les cultivateurs de la zone. "On est seulement descendus à -1 mais on ne savait pas jusqu'à combien ça aurait pu descendre. Selon les estimations de nos agronomes, techniquement, dès -0,5°, on peut déjà perdre jusqu'à 10% des cultures. On n'a pas voulu prendre le risque" tranche le professionnel.
Il y a quelques années, le verger avait vu 80% de sa récolte de pommes sacrifiée par le froid. Une perte dévastatrice, quand la culture des arbres fruitiers ne produit qu'une seule récolte annuelle.