"Elle leur donnait des petits coups de pieds", une employée de maternelle accusée de violence sur mineurs

Le 31 août prochain, une agente municipale de Douai, jusqu’ici employée à l’école maternelle des Capucines, sera jugée devant le tribunal correctionnel pour des faits de violence sur mineurs.

“A la cantine, elle l’insultait de petit con. Quand les petits n’obéissaient pas, elle leur donnait des petits coups de pieds.” Des témoignages de brimades, voire parfois de violences, que cette mère de famille, Naceira, tient de son fils Noé, 5 ans aujourd’hui. “Il ne voulait plus aller à l’école. Sur le chemin, il criait tellement fort que tout le quartier l’entendait. Surtout l’après-midi, ça le terrifiait, il ne voulait plus faire la sieste là-bas. Il disait qu’elle les forçait parfois à se mettre la tête sous des couvertures ou des coussins quand ils n’étaient pas sages.”

Un calvaire qui aurait duré deux ans, jusqu’à cette année. Noé est alors en petite puis en grande section à l’école maternelle des Capucines à Douai. L’Atsem qui s’occupe de sa classe est salariée comme agent territorial spécialisé depuis 17 ans dans cette école maternelle. Noé, lui, est un petit garçon handicapé, diagnostiqué avec “des troubles du comportement aggravés” selon sa mère. Alors, au moment des faits, Naceira doute de la parole de son fils. “J’ai été négligente là-dessus. Je n’ai pas compris son message. Aujourd’hui, je m’en veux, je m’en mords les doigts. Je n’ai pas cru mon fils” assume la mère de famille. 

Alors hier, lorsque Naceira est prévenue par son avocat qu’un procès devant le tribunal de Douai aura lieu, le 31 août prochain, c’est un soulagement. “J’attends que le préjudice soit réparé. Que cette dame soit licenciée et surtout, qu’elle ne travaille plus avec aucun enfant. C’est un danger” raconte la mère de famille et d’ajouter : “d’autres enfants sont encore plus traumatisés. J’en connais un qui a développé une phobie scolaire, il ne veut plus mettre un pied à l’école.” Noé, lui, est désormais suivi par une psychiatre, mandatée pendant l’instruction de l’enquête. Selon sa mère, “il va mieux, il continue d’aller à l’école, normalement.”

Une enquête administrative dans laquelle "rien ne justifie une sanction"

En mars dernier, des parents d’élèves, dont Naceira, s’étaient mobilisés pour alerter sur la situation. Ils s'étaient réunis, une trentaine, devant le portail de l'école. Deux parents d’enfants, âgés de 2 et 4 ans, avaient alors porté plainte contre l’Atsem. C’est ce qui avait déclenché une enquête judiciaire, qui aboutit aujourd’hui à cette convocation devant le tribunal correctionnel. 

En tant qu’Agent Territorial Spécialisé pour les Ecoles Maternelles, cette femme de 57 ans était salariée par la mairie de Douai. Depuis le 6 mars, les services de la mairie l’ont suspendue. Elle officiait à l’école des Capucines depuis 17 ans. Une enquête administrative avait été diligentée par la mairie, enquête close aujourd'hui. “Il n’y a aucun élément qui permette une sanction significative à l’encontre de cet agent. Lorsqu’on prend une sanction administrative, il faut l’étayer et rien ne justifie une sanction à notre connaissance” alerte Frédéric Chéreau, maire de Douai.

Dans le cadre de cette enquête, les collègues et les enseignants de l’établissement ont pu être interrogés. “Ils n’ont rien trouvé de significativement anormal. Le dernier bilan fait par les enseignants concernant cette agent est positif” reprend le maire avant d’ajouter : “Mais j’ai quand même pris la décision de l’écarter de l’école, donc quoi qu’il arrive, elle ne retournera pas au contact d’enfants à Douai. C’est ma décision, une décision de management.” Dès lors, la mairie attend cette fois les résultats de l’enquête judiciaire, le 31 août prochain. “C’est dans un deuxième temps, selon la gravité de la sanction judiciaire, il y peut y avoir des sanctions administratives en conséquence” rappelle le maire.

Pour autant, des signalements avaient déjà été remontés par d’anciens élèves. Et Naceira se souvient aussi de témoignages d'autres de ses enfants, plus âgés. “Quand cette histoire a pris de l’ampleur, j’ai demandé de nouveau à mon aîné de 15 ans et à ma fille de 7 ans qui sont passés par la même école, s’ils se souviennent de certains comportements. Et ils m’ont dit que oui.” A l’époque, les méthodes étaient alors qualifiées de dures, rigoureuses ou ancestrales. 

De son côté, Frédéric Chéreau assure n’avoir reçu aucun signalement de la part des parents d’élèves. En 2018, une “petite alerte” sur un “échange vif” avait été remonté. “On avait rappelé à l’ordre notre agent mais c’était une affaire banale.” Pour autant, le maire entend faire passer un message à ses administrés : “je suis très attentif à cette affaire donc tout parent qui estime devoir se plaindre à propos d’un agent de la ville a le droit de m’écrire ou de demander à me rencontrer. Je traiterais les demandes personnellement.” D'ailleurs, depuis la médiatisation de l'affaire, de nombreux parents d'élèves de l'école maternelle des Capucines possèdent désormais le numéro direct du maire.  

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