Le métier de doula est en plein développement dans notre pays avec de plus en plus de formations. Encore peu connu, peu reconnu par les professionnels de la maternité, quel avenir pour ces femmes qui veulent accompagner les futures mamans ?
Le métier de doula (servante en grec) s’est vraiment développé aux États-Unis dans les 70 et en France, cela a débuté timidement il y a 20 ans. Selon la définition de l’association Doulas de France, le travail consiste à apporter à la femme de l’accompagnement moral, physique et pratique dans la durée et la continuité autour de la périnatalité.
Une aide à domicile autour de la périnatalité
La doula peut aider la femme enceinte à écrire son projet de naissance. Le jour de l’accouchement, elle peut répondre par SMS aux inquiétudes du couple qui se trouve à la maternité. La présence des doulas n'est pas autorisée en salle de naissance dans une majorité de maternités.
En post-partum, elle peut proposer du yoga ou le soin Rebozo, dont le but est de resserrer le bassin de la maman. Elle peut donner un coup de main pratique comme changer les draps du lit, cuisiner des petits plats, porter le bébé en écharpe, aiguiller vers des spécialistes en cas de difficulté pour l’allaitement (La Leche League, une conseillère en lactation IBCLC, PMI). Elle peut enfin apporter son soutien moral en cas de parcours PMA, de fausse couche, de mort subite du nourrisson, de conflits au sein du couple.
C’est donc un peu une mère, une sœur, une amie qui est là pour écouter les craintes des femmes enceintes et des mères. Ce métier est un service à la personne en complément du suivi médical des sages-femmes, des gynécologues et des psychologues.
1 300 doulas formées en dix ans
Selon l'association Doulas de France, plus de 1 300 doulas ont été formées en dix ans. Trois formations, en présentiel de neuf mois à un an, sont reconnues par l'association, l'Institut des doulas de France, Envol et Matrescence et Galanthis. C'est compter sans toutes les personnes qui suivent des formations en ligne comme celle de l'Ecole Quantik.
Le métier est en plein boom, mais n'est pas reconnu légalement en France contrairement aux pays anglophones. Si des sages-femmes hospitalières et libérales ne voient pas d'inconvénient à collaborer avec les doulas, les organismes officiels des gynécologues obstétriciens et des sages-femmes ne veulent pas travailler en complémentarité avec elles.
Écoutez Sandra Gonçalves, doula dans l'Oise à Gouvieux qui explique que le métier de doula n'a pas vocation à remplacer les sages-femmes. Elle insiste : "Poser un diagnostic n'est pas dans nos compétences. Notre métier n'a rien à voir avec le travail des sages-femmes."
Selon une étude américaine du département pédiatrique de l’université wesleyenne de l’Ohio, la présence d’une doula permet un accompagnement plus facile, de diminuer les césariennes, de diminuer le temps du travail de l’accouchement, de diminuer aussi le temps de l’utilisation d’une péridurale.
Le conseil national de l'ordre des sages-femmes contre le métier de doula
Des voix s'élèvent pour dire que les doulas pourraient avoir une "emprise" sur les femmes enceintes et en post-partum par leur fragilité émotionnelle. En 2021, La Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, s’inquiétait de voir se développer en France un certain nombre de mouvements comme la théorie du féminin sacré, une porte d'entrée aux dérives sectaires.
Écoutez ci-dessous Anaïs Huguet Bouillet, présidente du Conseil de l’ordre des sages-femmes du département du Nord. Elle n’est pas en faveur de la reconnaissance du métier de doula en France pour la sécurité des patientes. "Il y a d'autres solutions comme de demander à l'État plus de budget pour l'accompagnement des mères. Par exemple, une sage-femme pour chaque femme. Si le métier de doula se développe, c'est en parallèle de la baisse des effectifs des sages-femmes dû à un manque d'attractivité du métier."
D'autres sages-femmes sont moins catégoriques et se disent prêtes à travailler main dans la main avec les doulas. C'est le cas de la présidente de l'ordre des sages-femmes de l'Aisne, Céline Mennesson. Vous pouvez retrouver son interview dans l'émission Hauts féminin ci-dessous.
Une prestation non remboursée par la sécurité sociale
Le centre de formation Envol et Matrescence propose depuis cette année des cours à Lille. Si vous êtes intéressée par le métier de doula, si vous êtes au chômage, vous pouvez depuis novembre 2021, monter un dossier Pôle emploi, car cette formation a obtenu le label qualiopi. En fonction de votre parcours, la formation sera partiellement, voire intégralement, remboursée. Ce n’est pas négligeable : la formation coûte 4 280 euros, une somme conséquente quand on sait qu’à la sortie les doulas disent avoir du mal à vivre de leur métier.
Les prestations des doulas ne sont pas remboursées par la sécurité sociale, mais certaines mutuelles peuvent en prendre en charge une partie, selon le centre de formation Galanthis. Le tarif horaire est d’environ 40 €, dégressif, au cas par cas, si le suivi dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Sachez que l’association des Doulas de France propose un annuaire de 180 doulas à travers la France sur son site internet.