La tension hospitalière témoigne de la situation sanitaire sur le territoire, alors que le variant anglais représente près de 80% des cas positifs à Dunkerque et aux alentours. Les soignants s'inquiètent d'une submersion dans les prochains jours dans les établissements du Nord et du Pas-de-Calais.
Les mots employés par les soignants de l'hôpital de Dunkerque témoignent d'une situation alarmante. Face au Covid-19 et à la déferlante du variant britannique, ils ne considèrent plus être dans une nouvelle vague mais font face à ce qu'ils appellent une "marée". Pour le moment, l'hôpital tient grâce aux transferts de patients vers d'autres hôpitaux du Nord et du Pas-de-Calais, mais jusqu'à quand ?
"On n'est clairement plus sur une vague, on est sur ce qu'on peut appeler une marée avec des coefficients au-delà de ce qu'on a pu connaître", résume le Dr Christophe Couturier, le responsable des urgences, dont le service a colonisé les urgences pédiatriques pour faire face à l'afflux de patients Covid. Malgré une mobilisation "exemplaire" du personnel, le médecin craint "que la digue lâche".
Saturation permanente de lits
Sur la soixantaine de malades du Covid-19 hospitalisés dans cet hôpital, dont 10 en réanimation, plus de 60% sont porteurs du variant anglais, une proportion qui distingue le Dunkerquois du reste du territoire national. Les médecins redoutent que la proportion n'atteigne bientôt les 100%.
S'il ne donne pas de symptômes plus graves que le Covid "classique" et se soigne de la même façon, ce variant "se transmet hyper vite: vous rencontrez quelqu'un qui est porteur du virus et le lendemain, vous êtes contagieux et positif", alerte le médecin hygiéniste de l'hôpital Isabelle Durand-Joly.
"(Le variant anglais) se transmet hyper vite: vous rencontrez quelqu'un qui est porteur du virus et le lendemain, vous êtes contagieux et positif".
Aguerris par presque un an de pandémie, les soignants de l'hôpital de Dunkerque savent mieux comment prendre en charge les patients mais doivent gérer une saturation permanente des lits disponibles, occupés par des patients un peu plus jeunes que lors des phases précédentes.
"Boule au ventre"
"Parfois, il ne reste qu'une place en réanimation au sein de l'hôpital et on a quelques patients sur le fil, donc on travaille avec cette boule au ventre...", raconte l'infirmière au service de médecine interne et des maladies infectieuses Julie Jacquemart.
La porte d'entrée du service devant laquelle elle s'exprime est bardée d'affiches: "accès interdit, haute densité virale", "visites interdites sauf avis médical"... "Les places, on les trouvera ailleurs, mais (...) ça donne un stress supplémentaire", ajoute-t-elle.
Les hôpitaux de la région saturés dans 15 jours ?
"On a transféré 45 patients vers des services de réanimation depuis le 1er février, ce qui représente trois mois de transferts en temps plus habituels", recense la directrice par intérim du CH, Justine Leibig, soulignant toutefois qu'à ce stade, aucune opération n'a dû être déprogrammée.
Les patients transférés le sont pour l'instant vers d'autres établissements du Nord-Pas-de-Calais mais les soignants voient arriver avec appréhension le moment, "dans 15 jours au maximum" selon le Dr Durand-Joly, où ces hôpitaux vont se retrouver également saturés.
Le médecin souligne que le taux d'incidence, qui atteignait en début de semaine 658 cas pour 100.000 habitants dans l'agglomération de Dunkerque, grimpe aussi dans la région de Saint-Omer.