ArcelorMittal Dunkerque : après trois accidents mortels du travail, la sécurité devant le tribunal

Après trois accidents mortels du travail en moins d'un an sur le site d'ArcelorMittal de Dunkerque, des élus du personnel réclament une expertise globale sur la sécurité, mais l'entreprise la conteste: ce litige doit être tranché par le tribunal de grande instance de Dunkerque ce jeudi.

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Décembre 2014: un ouvrier meurt percuté par une chargeuse. Avril 2015: un autre est écrasé entre deux wagons. Juillet 2015: un fondeur tombe dans une rigole à fonte. "Parmi eux, deux intérimaires !", dont l'un travaillait pour un sous-traitant et l'autre directement pour Arcelor, pointe Bernard Colin, secrétaire CGT du comité d'hygiène et de sécurité (CHSCT) du secteur fonte d'ArcelorMittal Dunkerque. "On leur confie des missions alors que la validation de leur savoir-faire n'est pas correctement vérifiée. Nous avons déjà vu des postes où des intérimaires sont formés par d'autres intérimaires, c'est inadmissible !", dénonce M. Colin, également salarié sur ce site classé Seveso seuil haut, 11e employeur de la région Nord-Pas-de-Calais avec ses 4 000 salariés, selon la Chambre de commerce et d'industrie du Nord.

En octobre, la CGT avait "exigé" de Prism'Emploi, organisation professionnelle regroupant des entreprises de travail temporaire, le "retrait immédiat des salariés intérimaires du groupe ArcelorMittal". Outre la formation de ces salariés, le syndicat pointait "l'inégalité de traitement concernant les équipements de protections individuels et l'absence de détecteur de gaz pour les travailleurs intérimaires". Pour l'heure, seule la société de travail temporaire Randstad a retiré 28 intérimaires employés sur l'usine ArcelorMittal de Dunkerque en attendant que leurs postes soient, selon elle, "mis au niveau de sécurité attendu". De son côté, ArcelorMittal affirme que "les règles de sécurité définies s'appliquent sur tous ses sites et sont strictement identiques pour l'ensemble des opérateurs, qu'ils soient internes à l'entreprise, sous-traitants ou intérimaires". "ArcelorMittal dément fermement tout écart de traitement entre les différents intervenants", insiste l'entreprise.

23 décès en 2015 dans le monde

Outre ces accidents mortels, Bernard Colin relève des "accidents à potentiel de gravité élevé", comme en septembre 2015, où "un intérimaire de chez Randstad a trébuché et s'est rattrapé à un transporteur qui, heureusement, était à l'arrêt !". "La politique de sécurité d'Arcelor Mittal doit être mise sur la table !", s'exclame-t-il. Dans la mission qui doit être confiée à un expert et qui sera défendue jeudi, les salariés demandent, entre autres, un "retour d'expérience" sur les deux derniers accidents mortels du travail qui concernent des intérimaires, un diagnostic sur le management de la sécurité sur le site et un autre sur le recours à l'intérim et à la sous-traitance.

Depuis ces accidents de travail, la direction d'ArcelorMittal assure que "des mesures de renforcement de la sécurité" ont été prises, comme l'installation d'une protection renforcée pour empêcher toute chute dans une rigole de fonte. Mais "faire beaucoup, ce n'est pas faire assez", répond l'avocat des salariés, Me Alexandre Barège, pour qui cette audience "va mettre en évidence le fait que l'entreprise ne prend pas assez de mesures". ArcelorMittal ne s'oppose pas à cette expertise, mais veut en restreindre le périmètre, en se concentrant "sur le secteur fonte du site et la compréhension de l'accident mortel du 13 juillet, et non pas sur des problématiques générales de sécurité sur l'ensemble du site", explique le groupe sidérurgique. Il confirme que 23 accidents mortels du travail ont été recensés sur l'ensemble de ses sites dans le monde en 2014, comme en 2015.  Dernier en date en France : celui en septembre à Fos-sur-Mer d'un géomètre d'une société sous-traitante qui a chuté dans une trémie, "enseveli dans des matières mouvantes", rapporte M. Colin. Les conclusions d'une enquête de police et de l'inspection du travail portant sur les trois décès du site d'ArcelorMittal Dunkerque doivent, elles, être rendues en 2016.
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