"Dunkerque" : on a (beaucoup) aimé le film de Nolan et on vous dit pourquoi

Le film Dunkerque de Christopher Nolan, consacré à l'Opération Dynamo de mai-juin 1940, sort ce mercredi dans les salles. Les réactions du public lors des avant-premières ont été très positives, la plupart des critiques sont élogieuses et nous aussi, on a bien aimé.

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L'avis de Christelle Massin, journaliste cinéma et présentatrice des éditions du week-end :

Comment filmer la guerre en 2017 ? Venus d'Irak, de Syrie les conflits mondiaux contemporains véhiculent leurs lots d'images, tragédies intimes et nationales. Christopher Nolan nous invite ici au chevet d'une histoire tout à la fois proche et lointaine. Celle des soldats de mai 1940 piégés, cernés à Dunkerque devenu camp retranché et dont la seule délivrance passera par le franchissement d'une mer déchaînée pour rejoindre l'Angleterre. Britanniques et Français encerclés, même combat ? Pas vraiment. De la fraternité oui, mais du chacun pour soi aussi quand le coeur bat la chamade, quand il faut jouer des coudes et des épaules pour fuir, embarquer sur des cargos gigantesques ou de minuscules bateaux de plaisance.


Guerre mondiale et drames personnels, le réalisateur, par le biais d'une narration originale de l'Opération Dynamo, filme cet épisode spectaculaire à hauteur d'hommes. Le tout dans un "déluge de bombes et une pluie de feu" si bien décrits en leur temps par Joseph Kessel. La bande son saisissante recueille le sifflement des obus  mais aussi  la respiration  des uns et des autres, leur souffle de vie, quand sur les  visages se lit l'effroi, la course contre la montre qui se joue avec la mort et avec les Allemands.


Aux plages immenses, aux milliers d'hommes en file indienne répondent  autant d'individualités, de destins, qui peut être se croiseront, l'héroïsme d'un jeune anglais qui rêve d'impressionner son père en réalisant un acte de bravoure ou le désespoir d'un militaire abandonné et prostré dans les eaux sur une carcasse  , les malheurs passés ne protégeant pas de ceux à venir... Jamais dans ce film court, 1h47, la tension ne retombe. Sur mer comme dans les airs, Dunkerque est aussi une affaire d'hommes, d'Harry Styles à l'impérial Kenneth Branagh. Au générique aucun rôle féminin, aucune histoire dans l'histoire, le cinéaste ne cède rien au romanesque. Dans ce grand film d'enfer et de guerre, derrière le fracas des bombes, Christopher Nolan cherche et trouve, l'histoire insensée de ces quelques 300 000 soldats qui rejoindront les côtes anglaises. Derrière leurs visages mazoutés, avec leur peur en bandoulière et leur regard hagard nous retrouvons les images, les émotions de 2017. Notre part d'humanité.


L'avis de Yann Fossurier, reporter web et JT :

On retrouve dans Dunkerque, le Christopher Nolan de Memento, son second long-métrage construit comme un puzzle, polar labyrinthique à la chronologie éparpillée qui raconte et exprime le deuil, une vie fracassée, la mémoire perdue. Ce nouveau film consacré à l'Opération Dynamo ne suit pas non plus la narration linéaire et rassurante des grosses productions hollywoodiennes. L'histoire qui nous est racontée croise les points de vue et les temporalités : ce qui se passe sur les plages dunkerquoises avec Tommy (Fionn Whitehead) et les soldats du Corps Expéditionnaire Britannique est un condensé d'une semaine ; ce qui se passe en mer avec le brave M.Dawson (Mark Rylance, bouleversant) et ses jeunes moussaillons embarqués sur un "Little Ship" pas équipé pour la guerre, est le résumé d'une journée ; ce qui se déroule dans les airs avec les pilotes de Spitfire Collins (Jack Lowden) et Farrier (Tom Hardy), harcelés par les Messerschmitt, ne dure qu'une heure.


Sur le papier, dit comme ça, on pourrait trouver ça déconcertant, mais en fait pas du tout. Tout reste extrêmement fluide, clair, dynamique, le tout sans maniérisme, ni effet de style, au seul service du récit - brut et sans bavardage - d'une opération militaire désespérée, avec cette obsession quasi-maniaque pour les procédures et la mécanique. Les images, cadrées par le brillant Hoyte van Hoytema (Morse, SpectreInterstellar...), sont à tomber. A la fois sombres et poétiques, elles nous plongent dans un cauchemar grisâtre, métallique, une odyssée quasi-mythologique où les démons surgissent des nuages sous la forme de bombardiers allemands. Et que dire du son qui nous immerge totalement dans ce chaos absolu, nous fait partager l'effroi, la panique, la claustrophobie d'une cale de chalutier ou d'un cockpit... le tout renforcé par la musique froide et nerveuse d'Hans Zimmer, jumeau spirituel de Nolan.


Tout n'est pas parfait dans Dunkerque. L'oeil repère parfois quelques anachronismes dans les décors, le Dunkerque de 1940 ayant été détruit à 80% lors de la véritable bataille... un martyr relégué à l'arrière-plan d'un film qui se concentre uniquement sur la survie ou les tentatives de survie des personnages, tous britanniques (ou presque). Mais Dunkerque n'est pas un documentaire. Juste une fiction haletante, rythmée et intelligente. Du beau cinéma et c'est déjà beaucoup. Un récit tragique porté par des acteurs de grand talent, capables d'exprimer une émotion incroyable, d'un simple geste, d'un simple regard. Un récit profondément humain qui tire sa substance des dilemmes moraux, de choix vitaux pris dans l'urgence, la peur au ventre... c'est la richesse, la force, de la narration choisie par Nolan qui sollicite différents regards, différents niveaux de perception. Dunkerque parvient ainsi s'affranchir de la geste patriotique et du moralisme.

Des premières critiques élogieuses en France et à l'étranger
Le Journal du Dimanche : "Dunkerque, le dixième long métrage de Christopher Nolan, est exceptionnel. On savait le goût du réalisateur anglais pour les concepts bousculant les conventions, à commencer par la narration. Il persiste et signe aujourd’hui son projet le plus ambitieux, le plus expérimental, le plus épuré, le plus viscéral."

Première : "C’est ce qui frappe, une fois que l’on sort du film sonné, lessivé par l’heure et demie de tension (imaginez la scène de l’autoroute de Sicario sur 1 h 47 et vous en aurez une petite idée) : la jeunesse des protagonistes qui ont essayé tant bien que mal de s’extirper de l’enfer. Et parfois même, au détour d’un plan de soldat seul sur la plage, la mer au loin on pense à Jean-Pierre Léaud et à la fin des Quatre cent coups. La poésie au cœur de chaos, c’est à des petits détails comme ça que l’on reconnaît aussi les grands films."

La Voix du Nord : "Pour ce film-là, comme pour les autres, Christopher Nolan détourne un genre classique pour une interprétation plus psychologique. C’est sa force : d’un fait de guerre assimilable à une débâcle, il tire une épopée humaine."

Le Vif (Belgique) : "On pardonne vite les quelques scories abandonnées sur la plage (des immeubles postérieurs à l'époque laissés parfois dans le champ, une musique inutilement insistante durant la première heure), tant l'ensemble s'avère prenant, captivant même. L'espace se partage entre terre - un peu- et surtout mer et air. Les scènes prises du ciel et dans le ciel atteignent, en plans souvent plus longs qu'ailleurs, des sommets d'intensité ultra-réaliste."

Le Temps (Suisse) : "Alors oui, on pourrait reprocher à Nolan de jouer sur un suspense parfois facile et d’abuser de quelques effets dramatiques. Reste qu’on n’avait pas vu, depuis La Ligne rouge au moins (Terrence Malick, 1998), un film de guerre d’une telle intensité, à ce point immersif au-delà de son réalisme sidérant."

The Guardian (Grande-Bretagne) : "L'épopée guerrière apocalyptique de Christopher Nolan est son meilleur film jusquà présent."

Daily Mirror (Grande-Bretagne) : "Après son opus SF solennel Interstellar et son Batman bouffi, The Dark Knight Rises, c'est le plus beau film de Nolan et un superbe retour au meilleur de sa forme."

New York Daily News (USA) : "Laissez les autres réalisateurs jouer avec leurs soldats de plomb et leurs effets numériques. C'est un grand moment de cinéma à l'ancienne. Dunkerque n'est pas surfait. Il est simplement réalisé de façon épique."

Entertainment Weekly (USA) : "Dunkerque est de loin le meilleur film de l'année à ce jour. (...) C'est un film viscéral, à gros budget, qui peut être appelé de l'Art."

Variety (USA) : "Steven Spielberg peut revendiquer les plages du débarquement en Normandie, Clint Eastwood a fait main basse sur Iwo Jima. Christopher Nolan a maintenant liveé la version définitive de Dunkerque au cinéma."

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