Explosion des défaillances d'entreprises, elles augmentent de 29% en 2023 dans les Hauts-de-France

Redressement, liquidation ou mesure de sauvegarde : 4 658 procédures ont été ouvertes l'année dernière dans les tribunaux de commerce de la région, soit près de 30% de plus qu'en 2022.

2022 avait été une année exceptionnelle. Exceptionnellement mauvaise avec 77% de défaillances d'entreprises en plus, selon les chiffres de la société Altares, spécialisée en données des entreprises. Un record. Le bilan de 2023 est donc "moins terrible" même s'il reste le deuxième plus mauvais de l’histoire. 

La faute à la conjoncture économique : le "quoiqu'il en coûte" de la période covid est derrière nous, les entreprises doivent rembourser leur prêt et même temps, elles sont confrontées à un ralentissement général de la consommation à cause de la hausse des coûts de l'énergie, de l'inflation et de la baisse du pouvoir d'achat. Un cocktail néfaste qui ne prédit rien de bon pour les années à venir, selon les économistes.

On doit se préparer à avoir une économie en souffrance qui va encore détruire des emplois.

Thierry Millon, directeur des études - Altares

Dans la région, c'est le Nord qui concentre le plus de difficultés : 2 323 cessations de paiement soit plus de la moitié des défauts des Hauts-de-France. A l'inverse, l'Aisne enregistre un fort recul par rapport à l'année dernière : -18% de procédures.

3 secteurs en crise

Parmi les secteurs les plus touchés dans la région : 

  • le prêt-à-porter : - 107 entreprises en 2023, soit 57% de défaillances en plus par rapport à 2022
  • le bâtiment : - 935 entreprises en 2023, soit 29% de défaillances en plus par rapport à 2022
  • la restauration : - 537 entreprises en 2023, soit 26% de défaillances en plus par rapport à 2022

Pour l'habillement, la hausse des fermetures de marques a été deux fois plus rapide dans les Hauts-de-France que l'année passée. Plusieurs phénomènes expliquent cette crise, selon Thierry Millon, pour Altarès : d'abord la panne de la consommation, à cause du pouvoir d'achat en baisse. Et puis, toutes les problématiques liées au modèle économique : "pour s'en sortir en 2024, il faut avoir réussi son virage internet, rien ne se fait sans le numérique, et aussi prendre en compte tout le marché de la seconde main." 

C'est ainsi que dans la région, des enseignes historiques de l'habillement mettent la clé sous la porte : récemment Pimkie, Chaussexpo ou encore, Camaïeu. 

La construction en berne

Le secteur de la construction concentre près du quart des cessations de paiement et compte désormais 1074 défauts (+29%) dont 935 (+29%) dans les seules activités du bâtiment dans les Hauts-de-France.

Et encore, selon Benoît Loison, le président de la fédération des Hauts-de-France du bâtiment, "on s'attend à ce que ce soit pire dans les mois et les années à venir, on a toujours un décalage par rapport au reste des entreprises". 

C'est l'effet cercle vicieux : le secteur du logement est en crise, les promoteurs ne lancent plus de programmes, il y a donc moins de constructions, les banques sont rétissantes à prêter, les taux d'intérêt s'envolent. Conséquences immédiates pour le secteur : le nombre de chantiers baisse et les entreprises finissent par fermer. 

Même si on prend des mesures aujourd'hui, ça ne va pas repartir demain pour nous, il y a une inertie terrible dans le secteur. Il nous faut au moins 18 mois le temps de relancer la machine.

Benoît Loison, président de la fédération des Hauts-de-France du bâtiment

Cet effet boomerang, on le retrouve surtout parce que de plus en plus de PME sont en souffrance, des petites et moyennes entreprises de plus de 10 salariés. "Quand une PME tombe, explique Thierry Millon pour Altares, ce sont des emplois en moins et des entreprises qui tombent avec elle", comme dans le bâtiment où les corps de métier travaillent ensemble. 

Ainsi, 308 défauts de PME enregistrés en 2023 entraînent la suppression de 15 200 emplois l'année dernière, contre 14 300 en 2022.

"On nous maltraite"

Pas beaucoup mieux dans la restauration. Dans les Hauts-de-France, 537 établissements sont "tombés" l'année passée. Clément Marot, restaurateur à Lille et engagé pour l'UMIH, l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie, n'est pas étonné par ce chiffre. Les professionnels du secteur, dit-il, ne se sont toujours pas remis de la crise du covid : "on a encore les PGE, les prêts garantis par l'Etat à rembourser et on a toujours du mal à recruter, là encore à cause du covid, les jeunes se sont détournés de nos métiers". A cela, s'ajoutent la hausse des prix des matières premières, de l'énergie et la baisse du pouvoir d'achat.

 

"Si encore la conjoncture était bonne, décrypte Thierry Millon, les entreprises pourraient rembourser facilement leur dette covid mais ce contexte économique très tendu ne leur permet pas de tourner la page facilement."

De mauvaise augure pour 2024. Et un chiffre le prouve : le nombre de défaillances d'entreprise pour le dernier trimestre 2023 : 1293 entreprises touchées dans la région, soit plus de 43% d'augmentation par rapport à la même période l'année passée. 

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