Nord : la centrale nucléaire de Gravelines va accueillir deux nouveaux réacteurs EPR d'ici 2035

Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi 10 février 2022 son souhait de construire six nouveaux EPR sur le territoire national, pour une mise en service à l’horizon 2035. L'une des trois paires sera implantée à Gravelines.

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Ce n’est pas vraiment une surprise, mais la prise de parole du chef de l’État vient officialiser la nouvelle, à deux mois de l’élection présidentielle.

En déplacement à Belfort sur le thème de la relance de la filière du nucléaire civil, Emmanuel Macron a annoncé le "chantier du siècle" : la construction prochaine de six EPR 2 - des réacteurs nucléaires nouvelle génération.

L’objectif ? "Renforcer notre indépendance énergétique et industrielle dans l’exemplarité climatique et reprendre en main notre destin énergétique". Une annonce qui intervient plus d’une vingtaine d’années après la mise en service des derniers réacteurs dans le pays, alors que le coût de l’énergie ne cesse d’augmenter.

Parmi les sites pressentis pour accueillir ces nouveaux réacteurs, Gravelines, sur le littoral nordiste. Après plusieurs heures d'interrogations, le gouvernement a annoncé dans la soirée que la centrale de Gravelines accueillerait bien deux EPR.

"Fer de lance de la transition écologique"

"C'est le genre d'annonce qui n'arrive qu'une fois dans une carrière politique", s'est extasié Bertrand Ringot, maire PS de Gravelines, dans une interview accordée à nos confrères de France Bleu Nord. "Vous pouvez compter sur (...) notre mobilisation pour mener à bien ces projets structurants qui font de notre territoire le fer de lance national de la transition énergétique".

La centrale de Gravelines, qui compte actuellement six réacteurs de 900 mégawatts chacun, est la plus importante d’Europe de l’Ouest en termes de production nucléaire d’électricité. Elle représente 90% de la consommation d’électricité des Hauts-de-France et 8% de la consommation à l’échelle nationale. Près de 15 000 emplois sont générés dans la région dont 2 000 rien que dans la commune.

Mise en service à l’horizon 2035

Ces six EPR, comprendre des réacteurs nucléaires de nouvelle génération, vont être implantés par paires. EDF a proposé de les installer sur des sites déjà existants. Le groupe propose de construire les deux premiers à Penly, en Seine Maritime, puis les deux suivants à Gravelines, dans le Nord. Deux sites ont été évoqués pour accueillir les deux derniers, en région Auvergne Rhône-Alpes.

Au-delà de l'officialisation des sites retenus, un long chemin restera toutefois à parcourir avant de voir fonctionner ces nouveaux réacteurs. Selon le calendrier évoqué par le chef de l’État, "début du chantier à l’horizon 2028 pour une mise en service du premier réacteur à l’horizon 2035". Des projets qui deviendront concrets dans une dizaine d’années au mieux, les délais liés aux procédures administratives, à la construction et à la mise en service étant incompressibles.

"C’est un passage en force"

Suite à ces annonces, des voix se sont élevées à Gravelines et dans le Dunkerquois pour s’opposer au projet et dénoncer un "passage en force en pleine période présidentielle".

Ces mots sont ceux de Xavier Vilain, membre des Amis de la Terre et militant écologiste du Dunkerquois. "Ça fait des années qu’on préparait la sortie du nucléaire. À Gravelines, on a deux réacteurs qui ont dépassé 41 ans, on en a quatre qui ont 36 ans. Aujourd’hui, 20% du parc est à l’arrêt. On laisse mal vieillir ces centrales existantes et on ne prépare pas un autre modèle énergétique, c’est triste".

Un constat partagé par Virage Energie, association de prospective énergétique et sociétale, qui dénonce dans un communiqué "une annonce du siècle dernier pour enterrer l’avenir".

Concernant le projet implantation de deux EPR 2 sur le site atomique de Gravelines à côté de six réacteurs existants, il est à rebours de l’innovation en cours sur le territoire du dunkerquois (Arcelor Mittal, Verkor, Reuze,…) pour décarboner l’économie. Le seul devenir du nucléaire sur le territoire doit être une filière de démantèlement des réacteurs à commencer par les deux plus anciens.

Communiqué de presse de Virage Energie

Au-delà de l’opposition politique avec les choix du président de la République, Xavier Vilain se dit "indigné" en tant que Dunkerquois de voir s’agrandir la centrale de Gravelines, située sous le niveau de la mer. "Tout le monde connait aujourd’hui les risques de submersion marine, qui sont de plus en plus évoqués. Avant d’ajouter, ironiquement. On a tendance à dire chez nous qu’on aura peut-être la première centrale nucléaire offshore avant tout le monde".

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