Féminicide de Sandra : un déchaînement de violence raconté aux assises du Nord

Le procès d'Hocine Hamoudi a commencé ce mardi devant les assises du Nord. L'homme est poursuivi pour le meurtre et le viol d'une femme de 41 ans en 2015. Sandra Helleputte a été retrouvée morte. L'autopsie a révélé 144 lésions.

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"J’ai vu beaucoup de scènes de violences conjugales mais jamais autant". Ces mots sont ceux d'un policier d'Hazebrouck. Il est l'un des premiers arrivés au domicile de Sandra Helleputte le 1er mai 2015. Il témoigne à l'audience.

Le décor dans lequel gît la victime raconte la brutalité des faits. Le gardien de la paix décrit un appartement en désordre total : "Le mobilier était cassé, des barreaux de chaises maculés de sang". Il interroge : "Comment peut-on s'en prendre à une personne avec autant de violence, qui plus est une femme ?"

Le récit d'un acharnement

Sandra Helleputte avait 41 ans. Elle était mère de quatre enfants. Ce jour-là, les secouristes la découvrent nue, allongée sur le canapé, couverte de blessures et d'hématomes de la tête jusqu'aux jambes. En tout, ce sont 144 lésions qui sont recensées lors de l'autopsie.

"Vu le nombre de lésions constatées, je vais essayer d'être synthétique", commence le médecin légiste en visioconférence. Erwan Le Garff énumère : "Crâne, visage, arrière du cuir chevelu, bras, mains, cou, cuisses, fesses…". La liste semble interminable, macabre. Les fractures sont multiples. La famille a préféré sortir de la salle.

C’est assez hors du commun. Ce type de bilan lésionnel n’est rencontré que dans les tableaux de très haute énergie, percussion par une voiture, chute de très grande hauteur.

Erwan Le Garff, médecin légiste

Selon le médecin, certaines lésions montrent des violences sexuelles. Tout indique une souffrance majeure de Sandra Helleputte. Sur l'échelle d'expertise, Erwan Le Garff évalue l'intensité de cette souffrance à 6/7 voire même 7/7. Aperçue pour la dernière fois vers 12h15, Sandra Helleputte est retrouvée morte vers 18h30 : son agonie a pu durer jusqu'à cinq heures. 

L'accusé reconnaît les coups, mais nie le viol

Huit ans après le drame, son concubin est dans le box des accusés. Il est poursuivi pour meurtre et viol. Chemise en jean, cheveux et barbe rasés, Hocine Hamoudi se tient les bras croisés dans le dos. "C’est moi qui ai porté les coups", admet-il à l'audience. "Je suis coupable de ce que j’ai fait. Face à moi, y’a une famille, des enfants, une maman, c’est vraiment fort. Je n’ai aucun mot. Même le mot pardon est trop petit". S'il reconnaît les coups mortels, Hocine Hamoudi nie en revanche le viol.

Quatorze mentions figurent à son casier. Une à une, elles sont détaillées à l'audience. L'accusé cite alors le prénom de "Sandra". "Parle pas de ma mère, dis pas le nom de ma mère", exulte Rodolphe, le fils de la victime. Il ne lâche pas des yeux le box des accusés.

Pour la famille de Sandra Hellepute, le face-à-face est douloureux, à la hauteur du calvaire subi. "Elle a été massacrée", déclare à la presse Blandine Lejeune, l'avocate des parties civiles. "Il y a eu un acharnement, un déchaînement de violences rarement égalé. Jusqu'à ce que mort s'en suive".

A la barre, le fils de 19 ans raconte la relation tumultueuse entre sa mère et Hocine Hamoudi, se souvenant notamment d'une scène de violence sexuelle dont il avait été le témoin par le passé. Famille et proches évoquent une relation sous emprise.  

Les errements de la justice ? 

Sandra Helleputte avait déposé une première plainte en 2014. "Hocine Hamoudi n'a pas été interpellé à la suite de ces faits", précise l'avocate de la famille. "Trois semaines après sous la pression, sous la menace, sous la peur, sous la crainte, elle est allée retirer sa plainte et on a classé l'affaire sans autre forme de procès". Et l'avocate de dénoncer des errements dans l'enquête.

Sandra Helleputte avait déjà déposé plainte pour des faits graves en avril 2014. Hocine Hamoudi n’a pas été interpelé à la suite de ces faits. Trois semaines après, sous la pression, sous la menace, sous la peur, sous la crainte, elle est allée retirer sa plainte et on a classé l’affaire sans autre forme de procès. Ça pour moi c’est un errement.

Blandine Lejeune, avocate des parties civiles

Le 13 avril 2015, soit quinze jours à peine avant le drame, la mère de famille avait déposé une nouvelle plainte. Une nouvelle fois sans suite.

De l'aveu même du policier interrogé à l'audience, cela ne se serait pas passé de la même manière aujourd'hui. "Aujourd'hui, même pour une gifle, on place en garde à vue", ajoute l'avocate de la famille. "A l'époque, ça n'a pas été le cas. Ce qui est inquiétant, c'est que c'était en 2015, c'était pas la préhistoire".

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