Inondations, chaleur, sécheresse... quels sont les effets du changement climatique sur la région Hauts-de-France ?

Dans son dernier rapport publié le 19 septembre, le Réseau Action Climat détaille les effets du réchauffement climatique dans la région Hauts-de-France, qu'il qualifie comme l'une des régions les "plus exposées aux aléas climatiques". On vous détaille ce qu'il faut en retenir.

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"Par sa forte densité de population et sa longue bande littorale, la Région Hauts-de-France est l'une des plus exposées aux aléas climatiques", constate Réseau Action Climat dans son dernier rapport qui détaille les impacts du changement climatique en France. 63% des communes de la région seraient exposées à un risque, dont 81% des communes du Pas-de-Calais et 95% de celles du Nord.

Et les inondations à répétition qu'a subies le Pas-de-Calais depuis novembre 2023, ne vont pas contredire ce constat. Trois mois de pluie sont tombés en 2 semaines dans la région.

Dans son chapitre dédié aux effets du réchauffement climatique sur les Hauts-de-France, le rapport fait état de nombreuses menaces qui planent sur la région : la sécheresse, les fortes chaleurs, les inondations, les pertes agricoles ainsi que le retrait gonflement des argiles qui fragilise les bâtisses.

Voici ce qu'il faut retenir de ce rapport : 

6 communes sur 10 menacées par le risque d'inondation

Le talon d'Achille de la région se situe dans sa vulnérabilité au risque d'inondation. Dans un futur proche, ce sont près de 2,2 millions d'habitants qui s'exposent aux inondations par ruissellement détaille Réseau Action Climat. Ce sont les inondations qui se produisent lorsque les eaux de pluie ne peuvent pas ou plus s'infiltrer dans le sol.

"Au-delà des dégâts occasionnés, les inondations entraînent des répercussions sur l'accès à l'eau saine et à l'électricité, la qualité de l'eau, les infrastructures ainsi que la santé physique et mentale des victimes", poursuit Réseau Action Climat. Au total, ce sont 6 communes des Hauts-de-France sur 10 qui sont sous la menace d'une inondation.

Mais comment expliquer cette vulnérabilité aux crues et inondations ? Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Si l'artificialisation des sols rend toujours plus difficile le ruissellement des eaux, "le changement climatique est un facteur supplémentaire, qui aggrave ces risques de plusieurs manières", en modifiant le régime des pluies et en augmentant le cumul des précipitations. Par exemple, en termes de pluviométrie depuis les années 50, "Boulogne-sur-mer a connu une augmentation de 29.3 mm par décennie."

La Côte d'Opale en proie aux submersions

Si dans les terres, les crues des cours d'eau sont scrutées comme le lait sur le feu, il ne faut pas détourner le regard de la Manche. Le niveau de la mer monte, exposant par la même occasion de nombreuses communes au risque de submersion. D'ici la fin du siècle, toutes les zones indiquées en rouge sur la carte seraient menacées en cas d'une augmentation du niveau de la mer de 0.5m lors des marées hautes.

Cela s'explique parce que "l'eau présente en excès sur les terres est parfois au même niveau d'altitude que la mer (...) et ne peut donc s'écouler vers cette dernière, rendant ces épisodes plus longs et dévastateurs" poursuit le rapport.

Le climat toulousain attendu à Lille d'ici 2080

Lorsque les précipitations ne s'abattent plus sur les Hauts-de-France, ce sont les vagues de chaleur qui viennent fragiliser les organismes et les écosystèmes. "Comme les autres régions de France, les Hauts-de-France font face à l'élévation des températures, avec des conséquences importantes pour les grandes agglomérations durant les extrêmes de chaleur" explique Réseau Action Climat.

Lille n'est donc pas épargnée par le phénomène. La température a déjà augmenté de 2.3°C en 70 ans dans la capitale des Flandres. Les phénomènes d'îlots de chaleurs urbains (ICU) sont fortement concentrés dans la Métropole Européenne de Lille (MEL) qu'ailleurs en ruralité. En témoignent les zones rouge foncé sur cette carte : 

Si la tendance se poursuit dans les prochaines décennies, Lille changera de climat. Dans le scénario le plus optimiste, une météo Angevine devrait prendre place dans la région. Mais si les productions de gaz à effets de serre ne sont pas endiguées, le climat toulousain pourrait remplacer celui de Lille.

"Les autres villes ne sont pas épargnées" commente le rapport. "15 jours de vagues de chaleurs supplémentaires ont été enregistrés entre 1955 et 2018 à Cambrai et Saint-Quentin."

Parce qu'avec le changement climatique les phénomènes se produisent en cascade, l'alternance d'épisodes de précipitations intenses et de sécheresse menace les constructions. "Les épisodes de sécheresse, rendus plus probables et plus intenses par le changement climatique, réduisent la capacité des sols à absorber l'eau, aggravant le risque d'inondations, mais aussi de retrait gonflement des argiles (RGA)."

Ce phénomène de RGA est à l'origine de mouvements de terrains menaçant les fondations des constructions. "90% de la surface de la région et 89% des maisons individuelles identifiées sont exposées au risque de RGA" dans les Hauts-de-France.

Comment se protéger de ces risques ?

Face à ce constat désolant, Réseau Action Climat tente de fournir des solutions. Le mot d'ordre : adaptation. "S'il n'est pas possible d'empêcher les épisodes de pluies extrêmes, il existe en revanche des solutions permettant de limiter leurs conséquences et d’éviter certaines inondations" tempère le rapport. 

L'une de ces solutions consisterait en l'amélioration de la capacité d'absorption des sols. Pour ce faire, le rapport recommande de "s'appuyer sur des systèmes naturels (...) tels que les zones humides et les tourbières." En parallèle, "il est indispensable de limiter l'artificialisation des sols" poursuit l'étude.

Plusieurs secteurs doivent alors repenser leur activité, comme l'agriculture. Par exemple, "les pratiques agroécologiques et la plantation de haies permettent de maintenir des sols de meilleure qualité et ainsi une meilleure rétention de l’eau."

Réseau Action Climat est une association spécialisée sur le thème des changements climatiques en fédérant les associations nationales et locales engagées sur le sujet. Il est possible d'accéder à leur rapport complet ici.

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