Peu de monuments pour saluer leur mémoire. Et pourtant, eux aussi, ont payé un lourd tribut à la Grande Guerre. Pigeons, chiens, chevaux. Sur 14 millions de bêtes « enrôlées » involontairement sous les drapeaux pendant la guerre 14-18, 9 millions ne sont pas revenus. Dans les Hauts-de-France, il existe quelques lieux pour rendre justice à ces auxiliaires de guerre si précieux.
« Ne les oublions pas »
Deux petites stèles de marbres posées au pied d’une fermette. Nous sommes dans la petite ville de Couin, à l’extrême sud du Pas-de-Calais.
C’est l’un des rares lieux de mémoire dédiés à des oubliés de la Grande Guerre : nos compagnons à poils ou à plumes.
Rien qu’en France, près de 2 millions d’équidés ont été mobilisés, principalement pour des travaux de force dans les tranchées. 60 % au moins y ont laissé leur vie.
Des chiens ont été enrôlés comme brancardiers. Leur acuité auditive a permis de repérer la présence de l’ennemi, leur flair de repérer les morts et les blessés. Leur présence affectueuse et dévouée a soutenu le moral des troupes. Certains ont servi de mascottes dans les régiments.
La Croix de Guerre pour un pigeon voyageur
L’armée française doit aussi une fière chandelle aux pigeons voyageurs.
Depuis 1936, une stèle leur rend hommage à l’entrée de la Citadelle de Lille. 20 000 au moins ont servi sous le drapeau français.
En place des colombiers fixes éloignés du front, l’araba, ce pigeonnier mobile aménagé sur un autobus, permettait aux soldats colombophiles d’être au plus près du théâtre des opérations.
Un pigeon voyageur a même reçu la Croix de Guerre pour avoir vaillamment porté les nouvelles de son régiment à Verdun en 1916… Le pigeon Vaillant, à jamais dans l’Histoire.
C'est important pour les générations futures de savoir que les animaux et pas seulement les hommes sont morts pour leur pays.
Nigel Allsopp, Président de l'Australian War Animal Memorial Organisation
En juillet 2017, à Pozières dans la Somme, les Australiens sont venus inaugurer un mémorial. Un lieu unique en Haut-de-France, entièrement dédié à la mémoire de tous ces animaux qui ont servi la cause au péril de leur vie. Nigel Allsopp, Président de l'Australian War Animal Memorial Organisation explique : " Ils n'étaient pas volontaires, ils n'avaient pas le choix, ils n'avaient pas le droit à la parole, c'est important pour les générations futures de savoir que les animaux et pas seulement les hommes sont morts pour leur pays."
Pour l’occasion, les animaux présents ce jour-là portaient des coquelicots violets tricotés par de petites mains en Australie. Réplique exacte des coquelicots rouges, symboles du souvenir des soldats morts au combat.
Un début de réhabilitation de ces autres poilus de la Grande Guerre. Les poilus à poils, et à plumes.