La maire de Lille Martine Aubry envisage la pose d'une plaque devant la statue en centre-ville du général Faidherbe, figure militaire critiquée pour sa participation à la colonisation, afin "d'expliquer" tous les aspects du personnage, a-t-elle indiqué ce lundi dans le "Talk" du Figaro.
Dans le sillage d'un mouvement d'inspiration américaine contre les monuments jugés racistes et liés à l'histoire coloniale, une manifestation avait réuni entre 200 et 300 personnes samedi devant cette statue de Louis Faidherbe (1818-1889), pour réclamer son retrait de l'espace public ou "au moins une contextualisation".
"Si le général Faidherbe est là, ce n'est pas pour sa conquête du Sénégal, (...) c'est parce qu'il a gagné une bataille extrêmement importante pour Lille, la bataille de Bapaume contre les Prussiens en 1876 (1871 en fait NDR)", a déclaré lundi la maire de Lille dans l'émission du Figaro.
Cette sculpture "est d'ailleurs monument historique", a-t-elle ajouté, regrettant que dans d'autres villes, des citoyens aient demandé le retrait "de Jules Ferry", ou encore "du général de Gaulle ou (Winston) Churchill".
Pour Martine Aubry, "il faut respecter l'histoire, tout en disant aujourd'hui l'image qu'on en a". "Moi, je voudrais plutôt travailler sur le fait de mettre des plaques (...) pour expliquer ce qu'il a fait que nous honorons, mais en même temps ce qu'il a fait que nous désapprouvons", a-t-elle dit.
"Je vais demander, si je suis réélue, à une commission qui s'occupe de la nomination des rues mais aussi des statues et sculptures, de travailler, car il faut garder l'histoire, c'est notre histoire, et en même temps dire aujourd'hui ce qu'on ne partage pas", a-t-elle conclu.
Dimanche, l'avant du piédestal de la statue a été tagué des mots "colon" et "assassin" inscrits en rouge. Sur les autres faces, les mots "Sénégal", "Algérie" et "Kabylie" étaient écrits en blanc, territoires où le général Faidherbe a participé aux campagnes coloniales au XIXe siècle.