Près de 200 employés du fabricant de meubles Demeyere, basé à Pérenchies (Nord), ont manifesté ce mardi 30 juin à Lille. Ils attendent un accord de prêt bancaire de 30 millions d'euros, depuis plus d'un mois.
Devant les sièges lillois de plusieurs banques, une foule compacte de près de 200 personnes s'était amassée, ce mardi 30 juin. Ces manifestants travaillent à Demeyere, une entreprise de meubles en kit basée à Pérenchies (Nord) et qui compte plus de 900 salariés.
Les employés sont inquiets : depuis plus d'un mois, ils attendent un prêt garanti par l'Etat (PGE), après une période de confinement qui a mis à mal les activités de l'entreprise.
Ce mardi, le cortège de l'intersyndicale est passé devant le siège des banques partenaires de l'entreprise (CIC, Crédit Agricole, Caisse d'Epargne et la banque LCL). Ces dernières se seraient déjà mises d'accord sur un prêt bancaire, mais à des conditions surréalistes et qui ne serait pas acceptables en l'état, selon les informations du journal Les Echos.
Des carnets de commande plein, mais une activité limitée
Toujours est-il que ce prêt doit atteindre les 30 millions d'euros. Sans cette avance, la production d'un des derniers gros industriels de l'agglomération lilloise serait en danger. Malgré le déconfinement, de nombreux employés sont encore au chômage partiel. Et, l'activité, elle, est limitée à 30 % de la normale.
Une situation d'autant plus paradoxale que les carnets de commande de Demeyere sont plein : "Il y a une incompréhension. Les trois mois avant le Covid, nous étions dans le positif. Côté financement et côté compétence, on est au top. Mais on ne peut pas redémarrer à 100 % parce que nous n'avons pas la trésorerie nécessaire", s'attriste Thierry Dumont, délégué syndical CFDT et secrétaire du CSE.
Mais la santé fragile du groupe lillois suscite des réserves chez les banques à cause de l'avenir de la relation commerciale avec Conforama. Le détaillant de mobilier est le plus gros client de Demeyere. Mais, il est en cours de reprise par But. Les banques veulent s'assurer que les commandes soient équivalentes aux volumes antérieurs, malgré le rachat du groupe.
Nous n'avons pas la trésorerie pour tenir longtemps. La direction nous dit que, si mi-juillet, il n'y a pas de bonnes nouvelles, il pourrait y avoir un plan social. Une réponse des banques devait arriver ces jours-ci mais nous n'avons aucune nouvelle. Nous sommes dans le flou.
"Qu'elles arrêtent de jouer aux cons"
Interrogé ce matin sur France Bleu Nord, Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France, s'est montré très véhément quant à l'attitude des banques. Il demande notamment qu'elles "arrêtent de jouer aux cons". "J'ai passé une partie de mon week-end à téléphoner à des banquiers : il y a des enfoirés et il y en a qui jouent le jeu", a-t-il ensuite déclaré.
L'élu a notamment souhaité que les PGE ne s'appliquent pas uniquement aux grands groupes comme "Air France ou Renault" mais aussi à "des entreprises très importantes mais moyennes par rapport aux autres".