La date du 1er mai a été fixée par l'intersyndicale pour continuer d'affirmer leur opposition à la réforme des retraites. Mais avant l'édition 2023, de nombreuses revendications ont été scandées lors de la journée internationale des travailleurs. Coup d'œil dans le rétro des cortèges lillois du 1er mai de ces 20 dernières années.
Selon une note du renseignement territorial, la mobilisation du 1er mai s’annonce "historique" partout en France. La journée sera "sans précédent" en termes d’unité contre le gouvernement, avec un cortège animé d’un "esprit vengeur".
Après 3 mois de mobilisation en dent de scie contre la réforme des retraites et la promulgation de la loi par Emmanuel Macron, la colère ne retombe pas. Lors d’une conférence de presse de l’intersyndicale ce jeudi 27 avril, les représentants l'assurent : la mobilisation du 1er mai va être historique.
Le 1er mai, journée internationale des travailleurs, a toujours résonné comme une journée de mobilisation.
A Lille, les rues de la ville ont été le théâtre de revendications diverses au fil des années. Front syndical contre le front national en 2002, bataille contre la réforme des retraites en 2003, guerre des gauches à l’approche des législatives en 2022… Coup d’œil dans le rétro des mobilisations du 1er mai dans la capitale des Flandres.
Le 1er mai 2002, front syndical contre le Front national
Nous sommes en pleine élection présidentielle. Jean-Marie Le Pen affronte Jacques Chirac le 6 mai, la gauche a été éliminée. Pour la première fois dans l’histoire de la Vème république, l’extrême droite accède au second tour. Un électrochoc.
Lille connaît alors sa plus grosse manifestation depuis 1984 et le défilé pour l'école privée. Les rues de la ville débordent. 30 000 personnes présentes, selon la police. "Je n’ai jamais vu autant de monde et autant de gens différents", témoigne un manifestant. Pas question d’oublier cette traditionnelle journée de lutte, mais il fallait faire masse pour faire barrage au FN, explique alors Philippe Detrez, porte-parole de l’intersyndicale : "sursaut citoyen, sursaut du syndicalisme… C’est ce qui me fait dire que cela est porteur d’espoir".
Dans les rangs, de nombreux hommes politiques. Pierre Mauroy, sénateur PS, prend la parole. "Bien sûr qu’on est tous responsables d’une certaine façon de ce qui est arrivé, admet l’ancien maire de Lille. Mais l’essentiel maintenant, c’est de faire en sorte qu’on puisse gagner dimanche en barrant la route à Le Pen avec un bulletin Chirac".
Le 1er mai 2003, contre la réforme des retraites… déjà
Dans les rues lilloises, les syndicats s’affichent bras dessus bras dessous. Au début de l’année 2003, François Fillon, alors en charge des affaires sociales, est missionné par Jean-Pierre Raffarin, premier ministre de l'époque, de mener une réforme des retraites.
Celle-ci est officiellement présentée dans le courant du mois d’avril. Parmi les mesures phares, l’allongement de la durée de cotisation à 40 annuités pour les fonctionnaires, alignés ainsi sur le régime général.
"Le contexte national et international marqué par une vague de régression sociale et le conflit en Irak doit être l'occasion d'une nouvelle réaction des peuples le 1er mai 2003 en France et dans le monde", écrit alors dans un tract l’intersyndicale lilloise.
Le 1er mai 2013, les syndicats "plus remontés que jamais face à l'explosion du chômage"
2013, le taux de chômage frôle les 11% en France. Les manifestations sont orchestrées par les syndicats qu'on disait "plus remontés que jamais face à l'explosion du chômage". Mais sur le terrain, la mobilisation a été moins importante qu'attendue.
A Lille, les deux grandes centrales syndicales, la CGT et la CFDT, ont défilé en ordre dispersé. En cause, leurs divergences sur le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi.
Le 1er mai 2017, "oui, on appelle à voter Macron"
Comme un remake d’il y a quinze ans, mais avec une mobilisation en chute libre. Dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, les manifestants lillois du 1er mai sont déterminés – 1 300 manifestants environ - mais 25 fois moins nombreux qu’en 2002.
"Pas une voix pour le Front national", scandent les Insoumis. Un avis partagé par les manifestants interrogés par notre équipe sur place.
"Oui, on appelle à voter Macron parce qu’on veut une société plus juste, plus fraternelle et on ne veut pas du Front national", argue une syndicaliste de la CFDT. A ses côtés, une militante de la CGT tempère. "On sait très bien que quel que soit le résultat du 7 mai, il faudra être dans la rue pour imposer le progrès social".
Le 1er mai 2019, du jaune dans le cortège
"Rendez-nous notre pognon de dingue", peut-on lire sur la banderole en tête de cortège, faisant référence à une phrase prononcée par le Président de la République en juin 2018 à l’Elysée.
Cette nouvelle journée de mobilisation à l’occasion de la fête des travailleurs rassemble 1 500 personnes dans les rues de Lille. Parmi la foule, entre 150 et 200 gilets jaunes.
Leur mobilisation a débuté six mois plus tôt, en novembre 2018, sur les ronds-points partout en France pour protester contre une nouvelle hausse du prix du carburant.
"Nous, plus il y a de monde en colère, mieux on se porte", sourit une syndicaliste de la CGT. Une fusion des revendications espérée, même si à Lille, la manifestation commune est loin de rassembler des milliers de personnes.
Le 1er mai 2022, vous avez dit gauche unie ?
Une semaine après le deuxième tour de l’élection présidentielle ayant reconduit Emmanuel Macron à la tête du pays face à Marine Le Pen, plus de 2 000 personnes manifestent à Lille. En coulisses, les tractations entre les partis de gauche ont débuté pour présenter une liste commune aux élections législatives, qui ont lieu six semaines plus tard.
Tandis qu’à Paris, les ténors de la gauche se serrent la main, à Lille, on reste à bonne distance. La France Insoumise à la fête, socialistes et écologistes beaucoup plus discrets à l’arrière.
L’histoire dira finalement une semaine plus tard que la gauche partira unie pour les législatives, sous la bannière de la Nupes, la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale.