Réapprendre à respirer, parfois même à se tenir debout ou assis. Pour les patients intubés en réanimation, guérison ne sera pas tout de suite synonyme de retour à la maison. Il va falloir passer par la case rééducation. Le centre L'Espoir, à Lille, ouvre cette semaine une unité Covid de 15 lits.
Pour les patients hospitalisés en service dit normal, et mis sous oxygène, aussitôt guéris, ils pourront rentrer chez eux. Mais pour ceux forcés de faire un séjour en réanimation, le chemin à parcourir sera beaucoup plus long. À L'Espoir, centre de rééducation fonctionnelle à Hellemmes-Lille, c'est le docteur Patrice Schumacker, médecin de rééducation et chef d'établissement, qui sera chargé de les accueillir. "On les aura en accueil de séquelles de soins prolongés en réanimation. Mais on aura aussi des patients Covid plus légers qui ne seront pas nécessairement en état de rentrer chez eux."
Une unité Covid de 15 lits, pour des patients contagieux
"En revoyant notre organisation en interne, et en utilisant notamment les capacités de notre accueil de semaine qui a été fermé au moment du confinement, on a pu créer une unité Covid de 15 lits. L'hospitalisation en réa dure une à deux semaines. Les premiers patients devraient arriver à partir de mercredi, et puis on va monter progressivement en charge."
Les premiers patients en question seront contagieux, voilà pourquoi un service dédié a été créé, pour lequel il a fallu mettre à disposition des moyens humains et matériels. Les moyens humains sont constitués d'un médecin, d'infirmières, d'aides-soignantes - "Difficile de dire combien il faura être..." - et pour les kinésithérapeutes, "cela se fait sur la base du volontariat. Ils sont tous formés aux différentes techniques de précaution, d'hygiène, aux gestes barrière." Quant aux moyens matériels, "c'est tendu, mais pour l'instant on a tout ce qu'il faut, masques, surblouses etc. C'était dans les conditions d'ouverture."
Rééducation pluridisciplinaire
Après un séjour en réanimation, les patients peuvent avoir des séquelles pulmonaires, mais aussi des séquelles liées à la réanimation, des polyneuropathies. Comme l'explique David Mispelaere, pneumo-cancérologue, à Francetv info, "les 5% de patients qui vont en réanimation vont avoir des séquelles pulmonaires." Fibrose pulmonaire, manque d'oxygénation du sang, pertes musculaires donc complications de retour à la marche, insuffisance rénale, thrombose vasculaire... Le retour à la maison aussitôt après la réanimation est extrêmement rare.
"Ça peut aller jusqu'à l'incapacité-même de tenir assis. C'est lié à l'intubation et à l'immobilisation, et aux thérapeutiques, aux médicaments. La plupart des gens qui restent quinze jours à trois semaines en réanimation subissent un déconditionnement majeur qui nécessite de la rééducation pendant plusieurs semaines."
Celle-ci sera pluridisciplinaire : kinésithérapie musculaire, articulaire et fonctionnelle, rééducation respiratoire et reconditionnement avec des activités physiques adaptées. "Si le patient est contagieux, les activités physiques devront se faire en chambre. Après l'isolement, il aura accès à notre plateau technique très complet. Puis viendra l'heure du retour à domicile, avec parfois un passage nécessaire en hôpital de jour."
L'Espoir accueillera dès cette semaine des patients venus du CHU de Lille, mais aussi de Saint-Philibert, Roubaix, Tourcoing et la métropole lilloise.