Coronavirus : à Hautmont, une aide-soignante mise à pied pour avoir interpellé sa direction

La soignante, déléguée syndicale, a appris cette annonce devant ses collègues, à sa prise de service.

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C'est une sanction qui ne passe pas. Laetitia, aide-soignante au Centre hospitalier d'Hautmont, s'est vu notifier samedi 4 avril, devant ses collègues, une mise à pied pour une durée indéterminée.

"C'est arrivé samedi matin, à sa prise de poste à 6H30", explique Gilles Fagot, du syndicat SUD, où l'aide-soignante est déléguée syndicale. "La directrice et le DRH l'attendaient dans le hall des ambulances, là où les soignants entrent pour prendre leur service. Ça a été très violent, puisque ça a été fait devant les collègues".
 
Que lui est-il reproché ? Cette mise à pied trouve sa source dans un échange de mails entre cette aide-soignante et la direction, "Cet agent a jeté le trouble et le discrédit sur notre action dans la gestion de cette crise", a indiqué la directrice de l'établissement Valérie Douez, dans un communiqué publié ce lundi après-midi. 

En cause, "la demande immédiate d’un dépistage généralisé à tous les patients et soignants n’était pas justifiée et accessible compte tenu des directives de nos autorités", qui "exclue[nt], à ce jour, un dépistage systématique en l’absence de symptôme."

Pour autant, la direction a précisé dans un second communiqué, ce mardi, que "la suspension de cet agent n’est aucunement en lien avec sa demande de matériels et de tests que nous mettons à disposition selon les directives de nos autorités sanitaires."

"Le CH d’Hautmont ne refuse pas d’équiper les professionnels de santé en masque", ajoute-t-elle. "Ils en sont tous équipés depuis plusieurs semaines. Nous mettons à disposition tous les équipements de protection nécessaires même si, comme tous les établissements, les stocks sont tendus et nous recherchons toujours activement à conforter ceux-ci."

 

Une suspicion de Covid-19 dans l'hôpital


"Ça a commencé mercredi quand on nous a annoncé une suspicion de Covid-19 dans le Centre hospitalier", raconte- Gilles Fagot. Le CH d'Hautmont est réparti entre une unité EHPAD, et des soins de suite et de réadaptation. Il n'accueille donc pas, pour l'heure, de patients atteints du coronavirus et la direction indique qu'aucun cas de Covid-19 n'y a été pour l'heure confirmé.

"Légitimement, quand on voit la propagation du virus, la déléguée syndicale a envoyé jeudi un mail en tant que membre du CHSCT, pour demander du matériel."

La première réponse de la direction, indique Gilles Fagot, a été d'envoyer une version tronquée d'un protocole émanant du CHU de Lille, "une page sur un document de huit pages".

Dans l'après-midi, la direction a par la suite ramené aux salariés des masques FFP2,  "périmés depuis plus de 15 ans". Dans un nouveau mail, détaille Gilles Fagot, l'aide-soignante "remercie la direction d'envoyer ces masques, mais demande s'il ne pourrait pas y avoir un appel aux dons pour en trouver d'autres, comme ça a été le cas avec d'autres hôpitaux". 
 
Dans ce dernier mail, elle précisait également qu'en cas de vague de contaminations, "à tout moment, les membres du personnel se réserveraient le droit d'exercer leur droit de retrait".

 

"Ils ont tout fait à l'envers !"


Ce dernier message est resté sans réponse, et deux jours après la soignatne s'est fait notifier sa mise à pied, en public et seulement à l'oral. "Ils ont tout fait à l'envers !" accuse-t-il. "Pour une mise à pied, on convoque l'agent, on l'appelle, on fixe un rendez-vous. Ils ne lui ont même pas donné de courrier !" tempête le syndicaliste, qui indique que la direction est restée injoignable pendant le reste du week-end.

Sa collègue n'est "pas bien" ; "elle m'a appelé à 7 heures du matin, samedi, en larmes." Depuis qu'il a partagé le communiqué sur les réseaux sociaux, il n'a "jamais vu autant de réactions en 24 heures ! Il y a 1100 messages de soutien à Laetitia. Elle était impressionnée et touchée par tous ces messages".

Gilles Fagot insiste : "on ne met pas en cause la direction d'Hautmont sur le manque de masques, on sait très bien que c'est national, on sait que tout le monde est dans le même bateau." Qui plus est, "vendredi, on les avait remerciés pour avoir quand même apporté des masques et nous avoir donné une protection !"

"Lynchage médiatique"


Dans son communiqué, la direction a indiqué être pourvue en équipements de protection : "Nous avons dès le début (...) immédiatement mobilisé l’ensemble de nos réseaux, connaissances via tout support pour compléter nos stocks au-delà de notre approvisionnement hebdomadaire via le GHT du HC qui était au début de 3 jours, de 7 jours et maintenant de plus d’une semaine. A ce stade, nous disposons donc de tout l’équipement adéquat et nécessaire en masques, surblouses, gants, manugel, lunettes et visières, surchaussures et charlottes."

"Nous avons besoin de rester concentrés et mobilisés pour nos patients et résidents", ajoute la directrice, dénonçant "un lynchage médiatique notamment via les réseaux sociaux".
 
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