Ce jeudi 18 janvier a eu lieu la cérémonie de prise d’alerte de l’OTAN par le Corps de Réaction Rapide France, dont le quartier général est à la citadelle de Lille. Si cette phrase n'est pour vous qu’un jargon nébuleux, rien d’anormal. On vous explique tout.
C’est à la citadelle de Lille, site historique datant du XVIIe siècle et Quartier Général d’un état-major de l’armée, qu’a eu lieu jeudi 18 janvier la cérémonie de prise d’alerte de l’OTAN par le Corps de réaction Rapide France (CRR-FR) pour l’année 2024. Mais avant d’expliquer les enjeux de cette responsabilité, revenons d’abord aux bases. Le CRR-FR, kézako ?
Unique en son genre
Le Corps de réaction Rapide France (CRR-FR) est un des états-majors de l’armée (organes de direction des armées). Sa spécificité ? Répondre aux normes de l’OTAN, ce qui en fait le plus haut niveau dont dispose l’armée française. Opérationnel et déployable, il remplit ainsi des missions au profit de la France, de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord et de l’Union européenne. On peut ainsi citer les opérations Sentinelle, opérations extérieures (OPEX) de l’armée ou les entraînements conjoints à l’OTAN.
Une force de commandement majeure
Le CRR-FR est capable d’assurer le commandement d’une force terrestre nationale ou multinationale allant jusqu’à 120.000 hommes. Il se compose d’environ 450 personnes, dont 20% d’”alliés”, c’est-à-dire d’effectifs étrangers, avec 14 nations différentes au total. Par exemple des Allemands, Espagnols, Belges ou Anglais, qui représentent leur pays. À cela s’ajoutent 200 réservistes opérationnels. “On travaille au quotidien tous ensemble”, indique le commandant Karine, adjoint Chef Affaires publiques, qui précise que la langue de travail est l’anglais.
Prise d’alerte pour 2024
La prise d’alerte, qui a fait l’objet d’une cérémonie ce jeudi 18 janvier, signifie que la France est pour une durée d’un an la “nation-cadre” de la force déployable (120.000 hommes au maximum). Elle s’engage à maintenir un corps d’armée de combat apte à répondre en tout temps à des missions de l’OTAN. “Le but c’est d’être prêt en ayant capacités et savoir-faire”, indique le général (4 étoiles) de corps d’armée depuis 2022, Emmanuel Gaulin.
En cas de besoin à un moment T, c’est le CRR-FR qui organisera et préparera l’arrivée des troupes en intégrant des capacités aériennes, maritimes et forces spéciales. L’objectif reste d’avoir un “corps déployable rapidement”, que ce soit en basse ou haute intensité, mais cela ne se fait pas en un jour. Si des éléments sont capables d’être sur le terrain très rapidement, au vu de l’envergure de ce type d’opération, il peut prendre plusieurs semaines.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, la prise d’alerte n’est donc pas liée à un contexte particulier. Chaque année, les pays de l’Alliance se relaient et se transfèrent l’autorité en étant tour à tour en prise d’alerte. Pour 2023, il s’agissait du Nato Rapid Deployable Corps de Turquie, qui a aujourd’hui transmis ses responsabilités à le CRR-FR. Le choix des différentes délégations se décide à un niveau stratégique plusieurs années en amont. Le CRR-FR a déjà été en alerte en 2008, 2014 et 2022.
Des exercices minutieusement préparés
Pour consolider les réponses à des combats potentiels, différents scénarii sont régulièrement testés sur le terrain avec des exercices en situation réelle, comme dans une situation d’urgence, qui nécessitent deux ans de préparation. Le dernier exercice majeur d’entraînement a été organisé en novembre dernier en Pologne et le prochain, en mars 2024, aura lieu dans le Grand Est. Il sera sous le commandement du CRR-FR, qui devra répondre à diverses attentes avec des contrôles au niveau national et international.
Bientôt le vingtième anniversaire
Créé le 1er juillet 2005, le CRR-FR est subordonné au CFOT, le commandement de la force et des opérations terrestres. Fait souvent inconnu, même pour les Lillois : le corps est implanté à la citadelle de Lille, qu’il est d’ailleurs toujours possible de visiter les week-ends en s’adressant à l’Office du Tourisme.