Rien ne destinait la Capitaine Stéphanie Dujardin à s’engager dans l’Armée. Un concours de circonstances fait qu’aujourd’hui elle est militaire de carrière, officier de communication auprès de cette grande dame qu’est la Patrouille de France. Entretien
Âgée de 35 ans, Stéphanie est originaire de la région des Hauts-de-France. Elle a grandi à Carvin dans le Pas-de-Calais. Ses études après le bac l’amènent à l’ISCOM (école de communication) de Lille, elle fera sa dernière année en stage à Paris. En toute logique, elle entame une carrière de communicante dans le civil. C’était sans compter sur le hasard (ou le destin).
Sa maman a un collègue dont la fille a fait exactement les mêmes études mais au sortir s’est engagée dans l’Armée de Terre. Interpellée, Stéphanie l’appelle, et c’est là que sa vie bascule, qu’elle trouve le sens qu’elle veut donner à sa vie professionnelle : servir les concitoyens. Elle passe donc un concours pour intégrer l’Armée de l’Air (devenue l’Armée de l’Air de l’Espace en 2020).
>>> Écoutez le podcast avec Stéphanie Dujardin en cliquant ci-dessous :
Je suis heureuse d’avoir fait le choix de servir l’Institution, d’évoluer au sein d’un ensemble fraternel.
Capitaine Stéphanie DujardinHauts-Féminin
Aujourd’hui donc, et depuis 2021, elle est la référente communication de la Patrouille de France basée à Salon-de-Provence (13). Mais sa carrière militaire entamée en septembre 2012, l’a emmenée un peu partout, comme elle l’a expliqué dans l’émission Hauts-Féminin
On peut servir dans une cinquantaine de métiers au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace, j’ai été Aide de Camp, ce qui consiste à assister une Haute Autorité, ce qui a été mon cas auprès du Chef d’État-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace.
Stéphanie Dujardin, capitaineHauts-Féminin
Une mission qui l’a emmenée à Norfolk, ville située sur la côte Est des Etats-Unis en Virginie, où elle a suivi le Chef d’Etat-Major dont elle était l’aide de camp qui avait été nommé Commandant Suprême Allié Transformation au sein de l’OTAN (SACT). Beaucoup de traversées de l’Atlantique, vous pouvez l’imaginer, et c’est à cette période-là qu’elle a décidé de se marier, nous y reviendrons un peu plus tard.
>>> Voir l’émission Hauts-Féminin consacrée à la Capitaine Stéphanie Dujardin en cliquant ici.
Servir la Patrouille de France
Les missions durent en moyenne trois années. En 2021, Stéphanie est nommée officier de communication de la Patrouille de France.
"Là, on se dit que l’on représente tous nos frères d’armée, je sais bien que je ne suis que de passage dans ce rôle prestigieux, qui demande beaucoup d’exigence, on se doit de représenter au mieux la Patrouille partout, faire attention à tout ."
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Stéphanie, entourée de son équipe, veille au grain lors des 40 meetings annuels de la grande dame. Rares sont les meetings auxquels elle n’est pas présente, car l’équipe (les pilotes) aime savoir pouvoir compter sur un référent, même pour la communication.
Une présence qui l’amène à prendre le micro lors des shows, afin de commenter les figures réalisées par ces pilotes d’exception. (cf. photo de une.)
Cette année, la Patrouille de France a fêté son 70ème anniversaire, et le public toujours très nombreux a découvert le show créé spécialement pour l’occasion. Des meetings souvent suivis de rencontres avec le public afin d’échanger et de faire connaître les différents parcours pour devenir pilote, mécanicien, photographe, officier communication et bien d’autres métiers de l’Armée de l'Air et de l'Espace. Et derrière tout ceci il y a bien sûr Stéphanie et son équipe.
N’allez pas croire que ses missions ne se font que pendant les périodes estivales où la Patrouille fait le show. ( NDLR : il m’a fallu beaucoup de patience pour réussir à avoir Stéphanie au téléphone !)
Quand arrive la période hivernale, il y a tout autant de travail, si ce n’est plus. Tout un travail de préparation, d’accompagnement au quotidien, les pilotes voient le départ de certains et l’arrivée d’autres, plus de 70 personnes travaillent pour et autour de la Patrouille pour la réussite de ses missions. L’heure hivernale est l’heure de la maintenance des avions et des entraînements.
"Je ne sais pas encore où je vais être nommée"
Quand on évoque son avenir l’année prochaine (car elle effectue sa dernière année à Salon-de-Provence), elle ne peut répondre sur la nouvelle mission qui lui sera confiée : « Je ne sais pas encore où je vais être nommée. Mais ce qui est sûr, c’est qu’avec notre hiérarchie, il y a un vrai dialogue quant au poste que l’on veut nous confier et qu’ils sont conscients de tout ce que cela entraîne de déménager, de changer de mission, nous sommes vraiment très bien entourés. »
La base arrière
Si vous parlez avec un militaire de carrière, vous l’entendrez souvent parler de sa « base arrière ». Ce n’est pas du tout une installation de repli mais bel et bien sa famille « personnelle », car beaucoup considèrent qu’ils ont deux familles, celle de l’Armée et la leur.
C’est le cas pour Stéphanie. Son époux (originaire des Hauts-de-France lui aussi) la suit partout où elle est nommée. Il travaille dans le civil (comme cuisinier en collectivité) et a fait ce choix d’arrêter de travailler dans des restaurants traditionnels afin d’avoir du temps et des week-ends pour s’occuper de leur petit garçon qui a maintenant 4 ans.
"Toutes les décisions quant à mon avenir, ma carrière professionnelle, sont prises ensemble. Nous parlons beaucoup, il a accepté de privilégier ma carrière professionnelle plutôt que la sienne. C’est un vrai choix fait ensemble, il me pousse, me stimule, m’emmène vers le haut… J’ai épousé une « perle rare » c’est sans doute lié à ses origines nordistes (rires)", Stéphanie Dujardin
Soyez rassurés, Stéphanie n’est pas un cas à part, c’est très souvent le cas dans les familles où l’un des deux a un métier qui l’oblige à déménager souvent, même dans le civil.
L’Armée de l’Air et de l’Espace est, mis à part les services de santé des Armées, la plus féminisée. Toute la hiérarchie est mobilisée pour que les femmes soient intégrées le plus rapidement possible, et cela Stéphanie l’a bien ressenti. Même si aucune faveur ne leur est accordée par rapport aux hommes.
On m’a donné ma chance ! Etre militaire c’est avancer ensemble.
Stéphanie Dujardin, capitaine
Il reste encore une vingtaine d’années de carrière à faire pour notre jeune Capitaine. À la question qu’aimeriez-vous faire plus tard ? Elle répond :
"Un jour, j’aimerais me rapprocher du Nord car c’est ma région. Par exemple dans un CIRFA (Centre d’Information et de recrutement des Forces Armées) afin de rendre tout ce que l’on m’a donné. J’ai pu me découvrir, réaliser tout un tas de missions. Tout est possible, chacun peut trouver sa place dans l’Institution, les opportunités sont nombreuses, c’est ce que j’aimerais expliquer aux jeunes, hommes ou femmes, qui pousseraient la porte, j’ai vraiment été nourrie par tous les chefs qui m’ont accompagnée et surtout on m’a donné ma chance ! Être militaire c’est avancer ensemble."