Nez qui coule, gorge qui gratte, toux, éternuements, fatigue. Parfois les symptômes allergiques saisonniers peuvent être confondus avec ceux du Covid-19. Mais le retour en force des pollens au printemps ne complique pas le diagnostic médical.
Le cabinet du docteur Denis Bisch, pneumo-allergologue à Lille, ne désemplit pas. Depuis un mois, il reçoit beaucoup de patients présentant des manifestations évocatrices d’allergie ou d’asthme. Des réactions qui peuvent être confondues par les malades avec certains symptômes du Covid-19.
Perte du goût à cause du Covid
Les similitudes sont une rhinite, une toux, une conjonctivite, une fatigue. Mais il y a des différences notables. "La perte de goût et d'odorat qui ne se retrouve que dans le Covid. C’est pareil pour la fièvre, les courbatures et les essoufflements. On ne constate pas ces symptômes dans les cas d'allergie", précise le praticien lillois.
"Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, je fais systématiquement à tous mes patients un test de saturation en oxygène. Le taux doit être supérieur à 95 %. S'il est plus bas, j’oriente mon diagnostic vers une probabilité de Covid." Le praticien lillois pratique ensuite des examens complémentaires (radios pulmonaires ou scanners) qui permettent de confirmer des atteintes au Covid, en plus des tests PCR. "Pour confirmer les allergies par contre, il suffira de faire des tests cutanés voire sanguins afin de vérifier la réaction exacerbée du système immunitaire à certains allergènes", précise le docteur Bisch.
Offensive des graminées
Les pollens qui circulent actuellement sur notre région viennent essentiellement d'arbres dont le bouleau. Mais la saison des graminées, redoutée par beaucoup d’allergiques va arriver dans quelques jours selon le Réseau national de surveillance aérobiologique. Étudiant les pollens et moisissures en circulation dans l'air, cet organisme lance cette semaine une alerte. "Le risque d’allergie sera moyen à localement élevé pour les premiers pollens de graminées qui arrivent. Les concentrations de pollens de graminées augmenteront ces prochains jours à la faveur d’un temps printanier et de températures parfois dignes d'un mois d'été !"
Comme l'a démontré une étude de 2008 menée en France et à l’étranger par le professeur d'immunologie Philippe Moingeon, 80 % des allergies aux pollens sont liées aux pollens de graminées. Donc dans quelques jours et pendant 3 mois les symptômes seront encore plus présents. "Explosifs même", selon les mots du docteur Bisch.
Allergie pas facteur de risque
Pas d’inquiétude cependant pour le médecin lillois car "même si en France, 25 % des gens souffrent d'allergies, les malades connaissent bien leurs symptômes. Ces derniers reviennent tous les ans à la même période. La difficulté est pour les nouveaux allergiques, qui peuvent être surpris par les réactions de l'organisme et les confondre avec certains symptômes décrits pour le Covid".
Au moindre doute, le praticien conseille à ses patients de se faire tester. Rassurant, le médecin rappelle enfin que l'allergie aux pollens n’est pas un facteur de risque Covid, contrairement à l’asthme sévère.