Ce 10 décembre, la ville de Lille a présenté son plan de prévention et d'action pour lutter contre les discriminations faites à la communauté LGBTQ+. Précis et transversal, il doit être mis en place dès janvier 2022.
"Je suis... Très fier, en fait, de vous présenter ce plan, c'est un travail qui a été long, très enrichissant, qui a une âme. Je pense sincèrement qu'il va participer au fait que nous vivions mieux ensemble" plaide Jérôme Pianezza. Avocat de profession, il est aussi conseiller municipal chargé de la lutte contre les discriminations.
Ce 10 novembre, la ville de Lille a présenté à la presse son plan de prévention et de lutte contre les discriminations à l'encontre des personnes LGBTQ+ (lesbiennes, gays, bi, transgenres, queer ou autres orientations sexuelles et identités de genre). "Un plan d'action, pas une chartre", transversal et assez ambitieux, insiste le conseiller, qui a utilisé sa double compétence en matière de relations internationales pour aller chercher un peu partout les bonnes idées. Trois grands axes - sensibilisation, accompagnement, exemplarité - encadrent désormais l'action municipale.
La ville de Lille compte d'abord visibiliser son soutien à la lutte contre les discriminations qui touchent les personnes LGBTQ+. L'adhésion au Rainbow Cities Network, un réseau désormais mondial de ville engagées en la matière, doit être votée par le conseil municipal ce 10 décembre. Lille compte également montrer son soutien à des événements grands publics, de salons de sensibilisation à l'annuelle marche des fiertés. Des opérations régulières ont vocation a être organisées en milieu scolaire, périscolaire et sportif.
Des "lieux sûrs" pour protéger les personnes LGBTQ+
Côté accompagnement, Lille veut se rendre disponible. La mise en place d'un annuaire de partenaires engagés pour que les personnes LGBTQ+ aient à leur dispositif des relais "dès leur arrivée sur Lille d'ailleurs, puisqu'on va y travailler avec l'Office du tourisme qui pourra faire le lien" précise Jérôme Pianezza. De nombreuses autres initiatives sont au programmes, la plus emblématique étant sans doute celle des "lieux sûrs", inspirés des politiques canadiennes, québécoises, et d'une initiative similaire lancée en 2015 par la police de Seattle.
Commerçants, citoyens, lieux publics, pourront s'identifier auprès de la mairie et du public comme un "lieu sûr", dont le procédé est détaille par Jérôme Pianezza. "L'idée c'est qu'entre le moment d'une agression, même verbale, un sentiment d'insécurité, et l'intervention de la police, on peut se réfugier à un endroit où on sera bien accueilli et sécurisé." Et la mairie ne compte pas plaisanter avec d'éventuels saboteurs, groupes identitaires et autres. "Il est hors de question de reculer là-dessus. Les citoyens, les commerçants qu'on a rencontré nous disent : "bien sûr, on veut le faire". L'obscurantisme et la violence se combattent d'abord par le courage, la volonté. Et si jamais il y avait le moindre dérapage, ce ne serait pas laissé lettre morte", tranche le conseiller municipal.
En 2020, les confinements successifs ont amené à deux constats. Les agressions LGBT-phobes recensées dans l'espace public ont baissé d'environ 15% après une augmentation continue de 15 ans, mais les violences en milieux familial ont dramatiquement augmenté.
La mairie balaye devant sa propre porte
Mais l'aspect le plus innovant de ce plan réside peut-être dans son action en interne. En effet, la mairie de Lille a choisi de développer, comme axe prioritaire, sa propre exemplarité. "J'ai cette anecdote qui montre que parfois on veut bien faire, mais on est à côté. Quand on accueille une personne transgenre pour un détail d'état civil, et qu'on dit "vous savez madame, ça ne se voit pas du tout !"... Ça part d'un sentiment bienveillant, mais ça peut être mal vécu."
L'ensemble des personnels municipaux seront donc formés, par petits groupes interprofessionnels, des réceptionnistes aux agents de police. Facilitation du changement d'état civil, emploi de formulaires non-discriminants... La mairie de Lille inscrit même dans ses objectifs le fait de sensibiliser et interpeller les autres administrations, comme la MEL ou le rectorat, "afin de lutter contre les violences administratives" notamment.
Certaines de ces initiatives pourront être mises en place dès janvier 2022, comme le partenariat avec l'Office de tourisme. D'autres, plus contraintes par l'administratif, comme la formation des personnels, seront lancées en fin d'année. Aucun chiffre précis n'a été annoncé concernant le budget alloué à ce plan : il a vocation à rester évolutif en fonction des besoins. Mais la ville sous-entend qu'elle mettra sans problème ses finances à contributions dans cet objectif d'exemplarité à tous les étages. "Quand on n'aime, on ne compte pas", a plaisanté Jérôme Pianezza en matière de conclusion.