A la veille d'un nouveau week-end de mobilisation à risque pour les "gilets jaunes", Monseigneur Laurent Ulrich appelle les manifestants à ne pas céder à la colère et les invite au dialogue.
En pleine crise des "gilets jaunes", l'archevêque de Lille, Monseigneur Laurent Ulrich, estime que "ce n'est pas dans la violence qu'on arrive à vivre quelque chose de sérieux".
"Que ceux qui ont de la colère en eux se disent que ce n'est pas la colère qui va les faire sortir de là, c'est la mise autour d'une table", nous a-t-il confié dans un entretien, prônant "l'apaisement" et le "respect mutuel". Il estime également que la France "n'arrive pas à trouver son unité et à nourrir un certain goût pour l'avenir".
Dans un communiqué de presse, le prélat estime qu'une grande majorité des "gilets jaunes", "venant souvent des zones rurales et des petites villes", expriment "surtout la difficulté de vivre dans les conditions actuelles".
Il existe "une situation d'abandon que beaucoup ressentent : les campagnes et les périphéries urbaines, en raison de choix anciens déjà d'aménagement du territoire, se sentent reléguées".
#GiletsJaunes Nous redisons que la solidarité doit être au cœur des relations humaines, tout spécialement vis-à-vis des plus fragiles.
— Eglise Catholique (@Eglisecatho) 6 décembre 2018
Seul, un #dialogue courageux et constructif pourra contribuer à la recherche du bien commun.https://t.co/SVPx4vNY4W
"La France du TGV par exemple dessine un paysage discontinu qui nous fait sauter d'une grande métropole à une autre, en gommant presque le territoire qui les sépare, ou en le réduisant en quelque sorte à un paysage", explique Mgr Ulrich, 67 ans.
"Violence latente depuis plusieurs années"
Évoquant l'importance prise par internet et le numérique dans la vie quotidienne, l'archevêque juge que la fracture numérique peut isoler "les personnes qui n'ont pas l'accès facile ou l'usage habile et régulier des smartphones et des réseaux sociaux".
Et pour tous, "il existe aussi une expérience très frustrante de n'avoir plus d'autre interlocuteur, pour les multiples nécessités de la vie quotidienne, que
l'écran pour se renseigner... On ne sait plus à qui parler pour être conseillé, guidé, pour réagir, pour s'opposer, pour se plaindre !"
D'après lui, "ces facteurs et quelques autres constituent la trame de fond de ce malaise, de cette violence latente depuis plusieurs années, et qui explose maintenant".
"On aura beau dire qu'on ne peut pas être un jour pour la modération de la consommation énergétique et le lendemain pour continuer à épuiser nos ressources. Mais voilà : on ne peut pas continuer à réduire à l'indigence ceux qui ont déjà du mal à vivre tout simplement. Les changements trop brusques de cap ne peuvent que cabrer", écrit-il estimant que l'apaisement était "la première urgence" avant un quatrième week-end de mobilisation des "gilets jaunes" à hauts risques.