Jeudi 13 janvier, une journée de grève est organisée par les syndicats du primaire et du secondaire de l'Education nationale. Justine, directrice d'école, "lassée, fatiguée et en colère" sera dans la rue, elle nous explique pourquoi.
Alors que le SNUipp, principal syndicat du premier degré estime à 75% le nombre de grévistes jeudi 13 janvier dans les écoles, témoignage de Justine*, 57 ans, directrice d'école dans une ville d'un peu plus de 8 000 habitants, dans le bassin minier.
Si elle ne pense pas que c'est l'année de trop, Justine, qui avait pourtant la possibilité d'arrêter son travail et de partir en retraite en juin dernier, ira bien manifester à Lille jeudi.
"Trois protocoles sanitaires depuis le 3 janvier"
Elle estime aujourd'hui qu'elle ne peut "absolument" plus remplir son rôle : animer une équipe pédagogique et diriger son école élémentaire de 17 classes, 420 élèves et sa vingtaine d'enseignants.
"Je suis syndiquée mais je suis rarement en grève", précise-t-elle. Mais là, la directrice se dit "lassée, fatiguée"... "En décembre, tous les indicateurs étaient au rouge concernant le Covid-19, mais on a eu le protocole sanitaire la veille de la rentrée de janvier, par les médias. Et aujourd'hui, on en est à la troisième mouture de ce protocole depuis la rentrée !"
Concrètement, mardi 4 janvier, Justine se souvient avoir passé sa journée à appeler les parents d'élèves d'une classe où il y avait un cas positif. A leur expliquer qu'il fallait venir sans délai chercher leur enfant, le faire tester via un PCR le jour-même, puis pratiquer des autotests à J+2 et J+4 et remplir une attestation sur l'honneur pour assurer que ces autotests étaient négatifs.
"On passe pour des guignols"
"Imaginez, les parents qui travaillent... Si la majeure partie du temps on est compris, il y a des fois où, inévitablement, la colère s'exprime ! D'autant que le protocole change : lundi, nous avons eu un cas de Covid-19 dans une classe, le temps de mettre en place la deuxième mouture du protocole sanitaire qu'on passait à une troisième mouture avec les annonces de Jean Castex, au JT de France 2. Du coup, les parents demandent à partir de quand tout cela s'applique, la cellule Covid au rectorat est perdue... On passe pour des guignols !".
Et encore, Justine estime avoir de la chance d'être déchargée, c'est-à-dire qu'elle n'a pas de classe d'élèves. Il n'empêche, elle confie un "épuisement" et une "colère" partagés par de nombreux collègues.
Si elle a pleuré en 2019 après avoir été agressée physiquement par un parent d'élève, à l'époque, elle ne s'était pas sentie aussi "déprimée, désappointée" qu'aujourd'hui. Elle manifestera jeudi à Lille, ville proche de sa commune de résidence.
* Prénom d'emprunt