Ce samedi 3 février, les policiers municipaux de la région ont de nouveau fait entendre leur colère. Dix organisations syndicales ont appelé à se mobiliser devant les différentes préfectures. À Lille, ils étaient environ 200 à réclamer "une reconnaissance de la profession", au travers de revendications sociales autour de primes et de la retraite.
Une reconnaissance de la "3e force de police à son juste titre". C'est une des demandes qui ressortait le plus du rassemblement des policiers municipaux des Hauts-de-France, ce samedi 3 février 2024, à Lille. Ils se sont réunis dans l'après-midi devant la préfecture, afin de réclamer des revendications sociales, à l'appel d'un mouvement national de dix organisations syndicales.
Aymeric Descarpentries, membre de la Fédération nationale des policiers municipaux de France dans le Nord, rappelle que cette nouvelle manifestation s'inscrit dans le temps. "Le mouvement de la coalition des policiers municipaux en colère est en vague depuis quasiment plus d’un an".
Ils avaient notamment fait grève lors des fêtes de fin d'année, il y a quelques semaines.
Toutes les organisations sont unies autour de revendications sociales. Les principales sont :
- Le relèvement et la revalorisation des grilles salariales de toute la filière
- L'augmentation de la prime police ISMF (indemnité spéciale mensuelle de fonctions de police) rendue obligatoire pour tous
- L'intégration de la prime police dans le calcul de la pension de retraite
La demande d'une même bonification que la police nationale
Annabelle Poiret, policière municipale venue d'Amiens, rappelle que "Pour la majeure partie des agents, la prime fait partie du salaire, mais dans une proportion de 20% ou 30% selon la catégorie C ou B". La première catégorie regroupe les agents de police municipale et la seconde rassemble les chefs de service de police. Une autre catégorie (A) existe pour les directeurs de la police municipale.
"Seulement, ces 30% ou 20% ne sont pas intégrés dans le calcul de la retraite. Ce qui fait qu’on part systématiquement avec un calcul de retraite brut ôté des 20 ou 30%. Ce qui est absolument illogique", poursuit-elle. "De même, nos collègues de la police nationale, comme les sapeurs-pompiers, ont la bonification d'un an gagné tous les cinq sur la retraite. Donc, nous réclamons également ces un an pour tous les cinq travaillés, en bonification pour la retraite."
Il s'agit de la bonification du cinquième inscrite dans l'article 1 de Loi n° 57-444 du 8 avril 1957. Le 20 juin 2023, le gouvernement n'a pas voulu donner cette prime aux policiers municipaux. Dans une réponse ministérielle, il est souligné les différences de prérogatives. Celles de la police municipale "ont été progressivement élargies, leurs contraintes et obligations de service ne sont toutefois pas identiques à celles des autres agents publics classés en catégorie active [...] Dans le cadre des travaux sur la loi du 14 avril 2023 réformant les retraites et compte tenu de ces éléments, le Gouvernement n'a pas souhaité modifier le périmètre des fonctionnaires pouvant bénéficier de la bonification du cinquième."
En attente d'une réouverture des négociations
Si Annabelle Poiret devait partir à la retraite dans les conditions actuelles, elle estime sa pension de retraite à 900 euros, "sachant qu’aujourd’hui mon salaire est de 2240 euros. Et on ne peut pas vivre avec. Je suis en catégorie B, je suis cheffe de service. Mais j’ai mes collègues qui sont en catégorie C et qui eux gagneront encore moins. Donc ce n’est absolument pas logique", déplore-t-elle.
Comme elle, Aymeric Descarpentries, membre de la Fédération nationale des policiers municipaux du Nord, dénonce le manque d'interlocuteur. "On est en collaboration avec [ndlr, la direction générale] des collectivités territoriales depuis plusieurs semaines. Et actuellement, on n’a plus un seul interlocuteur. On attend des réponses immédiates."Il dénonce également les prérogatives qui se multiplient.
"On est toujours sur le statut de 1999. À un moment, il faut évoluer aussi avec la société."
Francesco RasoDélégué CGT service public
Francesco Raso, délégué CGT service public, souligne la vieillesse du statut. "Les missions ont évoluées depuis quelques années. On est toujours sur le statut de 1999. À un moment, il faut évoluer aussi avec la société. On demande clairement le rehaussement de la prime de 20 à 25% intégrée dans le calcul de la retraite." Il évoque la loi du 15 avril 1999, qui définit l'organisation de la police municipale.
Enfin, tous soulignent le poids qui menace sur leurs épaules lors des Jeux olympiques de Paris, en juillet prochain. "Nous sommes assujettis à une continuité du service public. Et on doit être là pour pallier les carences de la police nationale qui sera peut-être absente au niveau des Jeux olympiques", expose Annabelle Poiret. Aymeric Descarpentries abonde en son sens. "On sait très bien que les JO vont mobiliser principalement la police nationale. Nous, au niveau des agents de terrain, on va forcément être sollicités."
Le dialogue doit se refaire d'ici peu. Un rendez-vous est prévu avec le gouvernement pour la reprise des négociations sur le volet social le mardi 13 février prochain.
Avec Manon Aoustin / FTV