Les deux policiers accusés de racket envers des vendeurs de roses bangladais viennent d'être condamnés par le tribunal de grande instance de Lille à respectivement 3 ans et 18 mois de prison ferme. Les avocats des policiers dénoncent des irrégularités dans la procédure.
C'est une peine lourde, pour des faits qui remontent à 2013. Cette année-là, des vendeurs de roses et demandeurs d'asiles originaires du Bengladesh portent plainte. Ils accusent des policiers de la PAF (Police Aux Frontières) de les avoir rackettés et violentés.
Rapidement, l'enquête détermine une quinzaine de faits, pour des sommes extorquées allant de 7 à 250 euros. 6 vendeurs de roses sont concernés. Lors du procès, l'un des Bangladais raconté avoir été contrôlé et fouillé avant d'être emmené en voiture sur un parking de banlieue, puis giflé par l'un des policiers, avant d'être volé. Il aurait ensuite été laissé là, par -7°C et à plusieurs kilomètres de son domicile.
Les deux policiers montrés du doigt, Fabrice P et Yannick V., sont interpellés et mis en examen. Rapidement, l'un des deux avoue partiellement les faits. Ce mercredi, le premier a été condamné à 3 ans de prison ferme, le second à 18 mois. Ces condamnations correspondent aux réquisitions du Parquet.
Un procès mouvementé
Ainsi s'achève un procès médiatique et mouvementé, qui s'est ouvert début octobre. Mouvementé, d'abord, parce qu'il a fait l'objet de plusieurs contestations de la part des avocats des deux policiers. En effet, l'un des avocats souligne rapidement que le vice-président du tribunal avait "des liens personnels" depuis une dizaine d’années avec l’un des vendeurs de roses, en situation irrégulière.
Malgré les demandes de renvoi du procès vers d'autres juridictions, le procès aura finalement lieu à Lille. Avec des témoignages accablants. Le Président du tribunal Bernard Lemaire s'était par ailleurs indigné, face aux policiers : "Ces fleurs, ce n'est pas grand-chose pour vous, mais ça a une valeur marchande, ça les fait vivre petitement. Ils les revendent avec un petit bénéfice, vivent tous dans le même appartement..."
Pas de quoi calmer la colère de Me Damien Legrand et Me Loïc Bussy, tous deux avocats de Fabrice P. : "C’est le verdict attendu d’une justice qui a choisi de consoler les victimes en sacrifiant les droits des prévenus", indique le premier avocat. "En entérinant les réquisitions du ministère public, le tribunal ne fait rien d’autre que d’entériner les nombreuses irrégularités de cette procédure que n’avons cessé de dénoncer." Ils n'excluent pas de faire appel, voire de porter l'affaire jusqu'à une juridiction européenne.