Un collectif d'habitants du Canon d'or est vent debout après l'installation début août d'un pylône 5G sur les terrains du stade Delfosse, une zone classée patrimoine remarquable. Au-delà de l'esthétique, la contestation vise le manque d'information. L'adjoint au maire plaide coupable sur ce point mais ne compte pas démonter l'antenne.
Un pylône de 23 mètres de hauteur, flanqué au milieu des terrains de football du stade Delfosse. "Une verrue", préfère qualifier Ludovic Duprey, un des membres du collectif d'opposants à cette antenne-relais 5G.
C'est au matin du mercredi 2 août que les habitants du Canon d'Or, à Lambersart, ont découvert "cette sorte de cheminée" surplomber ce quartier cossu, classé comme site patrimonial remarquable. "Une mauvaise surprise." Située dans le prolongement de l'avenue Pottier, elle est visible depuis de nombreuses fenêtres et jardins d'autres rues adjacentes.
Zéro information de la mairie
L'étonnement est d'autant plus grand que personne n'a été prévenu. "La mairie communique assez facilement pour l'installation d'un simple banc ou d’une table de ping pong, là, personne n'en a entendu parler, raille-t-il. Ce qui pose un souci de démocratie locale." Ajoutant que le projet n'a jamais été évoqué en conseil municipal.
"Nous ne formulons pas une contestation de principe, mais une contestation sur la forme", précise-t-il. Même s'il n'oublie pas de mentionner les craintes sur l'aspect sanitaire. "Près des terrains de sport, des écoles... Sans être passéistes et réactionnaires, ce serait faux de dire qu'on n'a pas d'inquiétudes à ce sujet."
"Un besoin d'internet mobile"
Cela fait plus d'un an que ce projet d'antenne a démarré, suivant plusieurs étapes. D'abord, l'opérateur (Bouygues) a déposé une demande au service d'urbanisme de la commune, qui l'a acceptée. "Il y a un besoin de trafic internet mobile sur la zone nous a expliqué l'opérateur, justifie Nicolas Burlion, conseiller municipal délégué à l’urbanisme, l'aménagement, l'éclairage public et les réseaux, en charge du dossier. Nous l'avons mise le plus possible à distance des habitations."
Celui-ci a ensuite été traité par la SIVOM, avant de passer entre les mains des architectes des bâtiments de France (ABF) - la zone étant classé - qui ont donné un avis favorable au projet. Les travaux ont débuté au mois de juillet, sur un espace communal loué par l'entreprise pour la somme de 7.000 euros par an. Des tarifs habituels pour ce genre d'installation précise-t-on à la mairie.
Le collectif veut le "démontage"
Mais le collectif ne compte pas se satisfaire de cet état des lieux. "On veut le démontage de cette antenne". Récemment, il s'est rapproché d'un avocat. "Sur le dossier préalable il y a peut-être quelques failles, sur le manque de concertation aussi." A ce sujet, l'Agence nationale de la cohésion et des territoires annonce qu'"une concertation très en amont des projets est recommandée".
L'adjoint au maire "plaide coupable"
Le 5 octobre prochaine, le collectif sera reçu en mairie. "On veut entendre les riverains et s'excuser auprès d'eux, assure Nicolas Burlion. Interrogé sur le manque de transparence, ce dernier tient à faire son mea-culpa. "Je plaide coupable, dit-il. Je me suis dit, on s'est dit, que de toute facon on aurait une opposition de principe de tout le monde… Donc on a essayé d'anticiper au mieux les choses. Mais j’aurais du faire dû boitage pour prévenir ou informer dans le journal municipal. Comme je le fais sur d'autres projets."
Pour autant, pas question de démonter l'antenne pour la mairie. Si le délégué à l'urbanisme souhaite réfléchir aux façons de "minimiser cette pollution visuelle", il estime qu'il n'y a "pas de raison objective de retirer cet élément". "Cela répond à un besoin d'évolution de notre société, c'est un service public."
Et de conclure : "si le collectif trouve un élément juridique qui fait que réglementairement, l'autorisation doit être retirée, alors on se pliera au règlement, il n’y a pas de soucis.'