Lieu de deal, de prostitution et de squat, que s'est il passé dans cette friche ces trois derniers mois pour qu'on y trouve trois personnes de 23 ans, 29 ans et 42 ans, décédées... Alors que la procureure de la République de Lille a fait le point sur ce dossier avec une de nos équipes, le tribunal administratif a validé le projet d'aménagement.
Si deux des trois décès n'ont pas été provoqués par l'intervention d'un tiers, le troisième décès pourrait l'avoir été.
Nous avons sollicité la procureure de la République à Lille pour savoir ce qu'il en était. Sans révéler d'informations sur les enquêtes en cours, Carole Etienne, revient sur les faits datant des 21 mars, 27 mai et 6 juin. Les individus décédés, âgés chronologiquement de 42 ans, 23 ans et 29 ans, étaient à chaque fois retrouvés dans un état sanitaire et physiologique déplorable.
Celui de 23 ans, découvert le 27 mai donc, pourrait être mort de cause non naturelle (c'est-à-dire suite à l'intervention d'un tiers). L'enquête a déjà été requalifiée en ce sens (homicide volontaire) mais des investigations supplémentaires restent nécessaires pour le prouver.
Sur place, la procureur évoque la présence de squats, de cabanons de fortune habités par des personnes SDF, migrants, prostitué.e.s voire d'étudiants précaires qui viennent de temps à autre. Un site sensible, lieu de deal, de consommation de drogues, où des femmes consommatrices sont forcées à se prostituer et où les plaintes des riverains sont nombreuses.
Depuis le début de l'année 2023, une dizaine d'opérations de contrôle de police font état également en plus de faits de vols ou de recels. "Je peux dire qu'il y a un intérêt à s'atteler à cette situation quand, en moins de trois mois, il y a trois décès", conclut la procureure de Lille.
Feu vert du tribunal administratif pour l'aménagement du site
Par ailleurs, ce 9 juin, le tribunal administratif a décidé de rejeter le recours de l'association environnementale ASPI visant à annuler l’autorisation préfectorale d’aménager le site. La Ville de Lille et la MEL se sont félicitées de la décision de justice dans un communiqué intitulé " le projet d'aménagement peut commencer".
Dans ce communiqué commun, c'est "l’opportunité de résorber 23 hectares de friches polluées et bétonnées en plein cœur de la métropole pour y proposer : une salle de sport, dont le quartier du Centre est peu doté, environ 2000 logements, dont 65% de logements abordables, 8 hectares d’espaces verts et des espaces de loisirs".
Le jugement intervient après de nombreuses années de concertation avec le public pour dessiner le projet de réhabilitation de la friche Saint-Sauveur, ancienne gare de triage dont l’activité a cessé en 2003.