Dans une vidéo publiée dimanche 27 novembre, sur Youtube, Emmanuel Macron a déclaré la création de 10 RER métropolitains en France, dont un dans la région lilloise. Il concerne le projet de liaison déjà existant entre Lille et le bassin minier.
Une annonce inattendue qui n'est pas passée inaperçue. Emmanuel Macron a déclaré au cours d'une séquence de questions réponses avec des internautes, sur Youtube, dimanche 27 novembre, qu'il souhaitait "développer un réseau de RER dans dix métropoles françaises" hors de Paris. Evoquant "une grande ambition nationale".
Si le président de la République n'a pas nommé les villes concernées par ces projets, Lille en fait bel et bien partie, tout comme Bordeaux, Lyon ou Aix-Marseille. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement l'a confirmé dans une interview à France Inter, lundi 28 novembre.
Relier Lille au bassin minier
Ce projet de RER n'est pas nouveau, il s'inscrit dans le cadre des services express métropolitains (SEM), élaborés dans plusieurs grandes villes françaises, depuis 2020.
Dans le Nord Pas-de-Calais, le SEM en question est ce fameux réseau de transports express entre Lille et le bassin minier. Un serpent de mer dont l'idée remonte à plus de 10 ans. Son objectif ? Raccorder les deux territoires par des trains rapides en une vingtaine de minutes. Et ainsi désengorger l'autoroute A1 et le réseau de TER classique.
Concrètement, il prévoyait, à l'origine de relier la gare Lille Flandres aux villes de Seclin, Carvin, Lens, Douai, voire Arras, dans le bassin minier. Un projet élargit ensuite sur des tronçons au nord de la métropole, vers les communes d'Armentières et d'Hazebrouck ou encore vers Tourcoing et Mouscron, à la frontière franco-belge.
Réactions entre enthousiasme et scepticisme
Cette annonce a fait réagir les responsables politiques de la région, entre enthousiasme et scepticisme. Si Frédéric Leturque, maire d'Arras, évoque une "annonce positive pour renforcer les mobilités autour des métropoles", d'autres se veulent plus prudents.
C'est le cas de Franck Dhersin, vice-président de la Région Hauts-de-France, chargé des transports : "je suis très content qu'il ait parlé de ça, mais pour le moment il n'y a rien de concret, il n'y a pas de budget." Ce dernier dénonce "un coup de com", de la part du président de la République.
Une "non-concertation"
"Le président Macron dit "je crois au train" mais pourquoi son gouvernement a-t-il rejeté l'amendement lors de la discussion budgétaire d'une rallonge de 3 milliards € ?", a tweeté Franck Dhersin, en référence au vote de l'Assemblée nationale, début novembre, retoqué par le gouvernement à l'aide du 49.3. Il tacle également l'engament de l'Etat dans le réseau TER et les petites lignes : "pour l'instant, le gouvernement ne fait pas de l'infrastructure ferroviaire une priorité."
Le vice-président regrette également "la non concertation" avec les Régions. "Cette annonce est tombée comme un cheveu sur la soupe, lance-t-il. Macron a pris de vitesse tout le monde, la première Ministre et les Conseils d'orientations des infrastructures (COI)." Ces COI travaillent sur la mise en place des services express métropolitains, depuis plusieurs années.
Quel financement ?
Au cœur des interrogations après l'annonce surprise d'Emmanuel Macron : le budget. Avec quel argent ce projet sera mis sur pied ? Dans sa vidéo, le Président n'a pas donné de chiffre. Il a simplement renvoyé à Elisabeth Borne, la première ministre, chargée de la planification écologique, la responsabilité de détailler puis superviser ces grands travaux.
En France, il faudrait environ 30 milliards pour réaliser ces dix projets de RER métropolitain. Rien que pour le projet de la métropole lilloise il faudrait "plus de 2,5 milliards d'euros", selon Franck Dhersin.
A-t-on les moyens de financer cela ? A cette question, posée à Olivier Véran sur France Inter, au lendemain de l'annonce, le porte-parole du gouvernement à répondu : "Oui, parce que c'est un coût d'investissement, ce n'est pas un coût de fonctionnement."
Le maire de Douai, Frédéric Chéreau, reste méfiant "on est beaucoup dans l'effet d'annonce, je reste vigilant et attentif." L'édile, qui évoque "un beau projet", reste dubitatif sur la capacité de financement de l'Etat. "On voit déjà que ses moyens en faveurs des collectivités sont contraints", explique-t-il, notamment en référence au projet de Canal Seine Nord.
Plus de 10 ans de travaux
Les travaux nécessaires à la réalisation de ce projet sont colossaux. Surtout à Lille, où il faudra certainement construire une gare souterraine, traversante, et des voies supplémentaires pour que le train n'ait plus besoin de s'arrêter et de faire demi-tour afin de changer de direction. Chose que la gare Lille Flandres ne peut assurer, étant un "cul-de-sac".
La création de nouveaux quais et de voies supplémentaires prendra assurément du temps. "Ce sont des projets qui prennent des années, rappelle Olivier Véran. Il faut le démarrer très tôt et selon la nature des projets et le niveau de préparation ça peut aller plus ou moins vite." Et de prendre en exemple le projet métropolitain grenoblois qui se fera "sur une décennie."
Selon l'Elysée, un conseil d'orientation travaille à identifier les projets qui pourront être lancés en premier en France. Il devrait rendre ses conclusions d'ici un mois.