Accusée de "soustraction d'un parent à ses obligations" et "privation de soins", la mère d'un adolescent de 14 ans est convoquée devant le tribunal correctionnel de Rennes en octobre prochain. Les avocats et la grand-mère nordiste réfutent des accusations de maltraitance.
La mère d'un adolescent de 14 ans, est convoquée en octobre devant le tribunal correctionnel de Rennes pour "privation de soins", selon le parquet.
Âgée de 48 ans, cette habitante de Rennes (Ille-et-Vilaine) , originaire de Marcq-en-Baroeul, est accusée de "soustraction d'un parent à ses obligations" et de "privation de soin".
Un signalement après un passage aux urgences pédiatriques
L'affaire a été révélée par un article de Ouest-France le 17 mai dernier. Selon leur enquête, le signalement a été effectué après un passage de l'adolescent aux urgences pédiatriques du CHU de Rennes début juillet. A 14 ans à ce moment-là, il ne pesait que 25 kilos.
Les équipes médicales, toujours selon le quotidien régional, ont remarqué des anomalies : poids bien en dessous de la normale, retard de développement intellectuel... Le garçon a alors été placé et un juge des enfants est saisi de la situation, confirme le parquet à l'AFP
Après l'ouverture d'une enquête préliminaire, la mère a été placée en garde à vue puis déférée mardi au parquet. Son placement sous contrôle judiciaire a été ordonné dans l'attente de son procès le 5 octobre devant le tribunal correctionnel pour "soustraction d'un parent à ses obligations et privation de soins", a ajouté le parquet.
La grand-mère nordiste ne supporte pas ces accusations
La grand-mère de cet adolescent, habitante du Nord, est issue d'une famille marcquoise "connue" et respectée. Elle s'est longuement entretenue avec nos confrères du Courrier Picard et ne supporte pas les accusations faites à l'encontre de sa fille, avec qui elle n'a toutefois plus trop de liens.
Pour elle, il est inconcevable de séparer "drastiquement un enfant de sa mère", d'autant plus qu'elle décrit cette relation mère-fils comme fusionnelle.
Elle reconnaît néanmoins à sa fille "une certaine pathologie dépressive" - elle n'a plus donné de signe de vie à une période et les grands-parents ont dû engager un détective privé pour la retrouver - mais ne manque pas d'éloge à son égard, en particulier dans son rôle de mère.
A ses yeux, il n'y a eu aucun "danger quelconque" pour son petit-fils, né par ailleurs aux Philippines, d'un père inconnu, d'après un des avocats de la famille. La parquet a précisé à l'AFP que sa naissance à l'étranger avait été déclarée à l'ambassade de France.
Elle a une vie sociale, beaucoup de personnes les connaissent. Elle a beaucoup d’amis sur Rennes. C’est une artiste de profession, qui expose son art. On part dans du fantasme, de la science fiction. On est loin de ce qu’on lui reproche : il n'y a pas de fait de séquestration, de violence, de maltraitance.
Me Thomas Koukézian
"Il est sur-aimé, la maman étouffe"
Au bout du fil, Me Thomas Koukézian réfute totalement les discours autour d'une séquestration à Rennes "pendant 14 ans". C'est une ville dans laquelle le jeune garçon vit depuis 3 ans. "Ils étaient à Paris auparavant", précise-t-il, chose qu'affirme également la grand-mère auprès du Courrier Picard. "Il n’a jamais été enfermé, il avait une vie sociale. C’est un enfant qui était heureux avant son placement", note-t-il.
Il rappelle également que l'adolescent suivait l'école à domicile. L'autre avocat de la quadragénaire, Me Emmanuel Ludot, décrit l'adolescent comme ayant un "caractère particulier" : "il est particulièrement intelligent, il est féru d'Histoire".
Je n’ai pas eu accès au dossier médical, j’ai eu pas mal de photos. On voit un petit garçon très mince, très beau. Il est mince, il est simplement mince.
Me Thomas Koukézian
Me Ludo, a dénoncé à l'AFP l'application d'un "schéma de maltraitance sur un cas atypique". Il ne s'agit pas, selon lui, de "misère morale et sociale", sa cliente étant "issue d'un milieu aisé" et n'ayant pas de "volonté de dissimuler" son enfant.
Selon lui, l'adolescent, qui n'était pas vacciné, n'était "pas maltraité, pas frappé" ni "dénutri" même s'il présentait une corpulence "frêle", pesant "33 kg pour 1,47 m" au moment de son placement. "C'est ce qui est atypique dans ce dossier : il est sur-aimé, la maman étouffe et lui fait ce qu'il veut, il mange ce qu'il veut, il étudie ce qu'il veut", a déclaré Me Ludot.
Pour Me Thomas Koukézian, l'accusée est une "maman bienveillante" avec "une capacité éducative". La "seule chose qu'on peut lui reprocher, c'est qu'elle ne rentre pas dans le cadre de la société". La mère en question "est une personne originale, qui n'entre pas dans la norme, qui est trop aimante et c'est ce qui peut faire défaut en réalité".
Avec AFP