Elu avec 800 voix d'avance sur le RN en 2017, le candidat à sa réélection Christophe Di Pompéo est menacé par Sandra Delannoy, candidate RN et Benjamin Saint-Huile, candidat divers gauche.
Elle est l’une des plus vastes circonscriptions du département du Nord, englobant les communes situées de Bavay à Fourmies en passant par Maubeuge. À la frontière avec la Belgique, la troisième circonscription du Nord compte un peu plus de 136 000 habitants.
En 2017, le candidat En Marche l’avait emporté au soir du second tour, 800 voix devant la candidate d’extrême droite.
Cinq ans plus tard, Christophe Di Pompéo se présente de nouveau après avoir reçu l’investiture de la majorité présidentielle.
Élu d’une courte tête lors du dernier scrutin, il apparaît aujourd’hui menacé : par le RN d’un côté, et par la gauche de l’autre.
Dans la circonscription, le RN obtient 60% à la présidentielle
Dans une circonscription où plus d’un habitant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté – c’est 10 points de plus qu’à l’échelle nationale – les attentes des habitants sont nombreuses. Emploi, pouvoir d’achat, transports, santé, infrastructures, culture… les habitants de Maubeuge que nous avons rencontré ne demandent qu’à être représentés et écoutés.
Pour appréhender les forces en présence, il est d’usage de regarder dans le rétroviseur. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen a recueilli 39,04 % des suffrages exprimés dans la circonscription. Bien loin devant Jean-Luc Mélenchon, arrivé en deuxième position avec 20,65 % et devant le président sortant qui a obtenu 20,64 %.
Au second tour, la candidate du Rassemblement national a ici frôlé les 60 % tandis qu’Emmanuel Macron a recueilli 40,38 % des suffrages exprimés.
Qui sont les candidats ?
Face au député sortant, le RN compte sur Sandra Delannoy pour l’emporter. Deuxième sur la liste d’extrême-droite aux régionales de 2021 dans le Nord derrière Sébastien Chenu, cette commerçante et représentante de la Chambre des métiers et de l’artisanat avait déjà tenté sa chance aux départementales, en vain.
Les Républicains ont investi Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge. Il s’était imposé en 2021 face au RN lors des départementales dans le canton de la plus grande ville de la circonscription.
À gauche, la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale (NUPES) n’a pas encore officiellement désigné de candidat. La circonscription est réservée au Parti socialiste.
Mais une figure locale joue les troubles fêtes. Benjamin Saint-Huile, maire de Jeumont et président de l’agglomération Maubeuge Val de Sambre, a quitté avec fracas au début de l’année 2022 la présidence de la fédération nordiste du Parti socialiste.
Etiqueté divers gauche, il a été soutenu par une trentaine de maires de la circonscription qui ont signé une tribune courant mars pour le pousser à se lancer dans la bataille. Réunions publiques après réunions publiques, il martèle trois mots : expérience, proximité et indépendance.
À noter enfin les candidatures de Marie-Claude Rondeaux pour Lutte ouvrière et de Jessica Wattiez, pour Reconquête, parti fondé par Eric Zemmour.
Quelles thématiques prioritaires ?
La campagne à peine lancée, les premières invectives entre candidats ont déjà débuté sur différentes problématiques propres au territoire : pacte Sambre-Avesnois, doublement de la RN2, emploi (plus de 40 % des moins de 25 ans sont au chômage) ou encore santé.
Lors du débat organisé sur France 3 Nord Pas-de-Calais, Benjamin Saint-Huile s’est frontalement attaqué au député sortant : "Christophe Di Pompéo a fait un mandat fantomatique ( …). Les élus, les habitants, les forces vives de ce territoire considèrent que l’absence du député a largement fragilisé la relation de confiance avec les habitants". Un avis partagé par la candidate RN.
Le député de la majorité présidentielle s’est défendu de ces attaques, en rappelant qu’il a "ramené le président (en Sambre-Avesnois, ndlr) et 400 millions sur le territoire". Christophe Di Pompéo évoque le pacte Sambre-Avesnois-Thiérache (SAT) signé par Emmanuel Macron en 2018 et prévoyant des dotations particulières pour accompagner les projets structurants du territoire. "Il y a cinq ans, on aurait fait ce débat, on aurait (parlé de) l’emploi et la RN2. Aujourd’hui, le chômage a baissé de cinq points dans l’arrondissement d’Avesnes", a avancé le candidat à sa réélection.
Quid de la mise à deux fois deux voies de la RN2 qui relie la Belgique au réseau autoroutier, réclamée depuis près de cinquante ans ? Actés lors du passage du président de la République en 2018, les travaux viennent de débuter, assure Christophe Di Pompéo. Le 6 mai dernier, il a posté des photos de "pelleteuses en action sur le chantier de la RN2". "Rien n’est fait", lui a répondu Sandra Delannoy du RN, "il n’y a que deux tractopelles qui sont arrivés et on a pris des photos".
Autre thématique centrale dans la 3ème circonscription du Nord : la santé. Lors de la visite d’Emmanuel Macron, Bernard Baudoux, maire communiste d’Aulnoye-Aymeries, l’avait interpellé sur cette question centrale : "il y a des gens qui meurent sur ce territoire parce qu'il n'y a pas assez de médecins", avait-il déclaré.
"Malheureusement c’est vrai, avance Nicolas Leblanc, candidat LR. Et la santé est une priorité pour la Sambre-Avesnois".
Un constat partagé par tous les candidats, y compris par le député de la majorité présidentielle. "On a 3 000 personnes qui décèdent en plus chaque année dans l’arrondissement. 46 % des cancers sont diagnostiqués aux stades les plus graves – 3 et 4 – contre 16 % en France (…). Si on n’oblige pas les médecins à venir s’installer sur ce territoire-là par un changement de loi, on n’y arrivera pas".
La campagne ne fait que commencer.