Star du zoo de Lille avec ses sculptures en ballon et intervenant désormais dans les écoles, le clown Sirouy s'est fait voler tout son matériel un soir de décembre à Armentières. Alors, la solidarité s'organise pour lui venir en aide.
Pour tous les visiteurs qui ont fréquenté les allées du zoo de Lille, son visage vous est familier. Il était très souvent installé sur un tronc d’arbre, entre l’enclos des rhinocéros et la plaine sud-américaine… Le clown Sirouy, grandes chaussures et nez rouge imposant, fabriquait des ballons en forme d’animaux pour les petits et les plus grands pendant près de 17 ans. Depuis la mise en place d’un ticket payant, il a déserté les allées du parc zoologique mais n’a pas arrêté les spectacles pour autant. Désormais, il intervient dans les écoles et propose des interventions à visée pédagogique, notamment sur les questions de développement durable.
Mais à la fin du mois de décembre dernier, le clown le plus connu de la région a été victime du vol de tout son matériel, stocké dans sa voiture garée à Armentières. "Ils se sont servis, sans regarder ce qu’ils prenaient", explique Ludovic Meens, de son vrai nom. "Mon matériel sono, ma malle qui avait plus de 100 ans, mon costume, mes chaussures de clown… et même mon nez rouge."
Au-delà des biens matériels, il a également perdu des souvenirs précieux comme des dessins d’enfants qu’il avait rencontrés au gré des représentations ou encore un cahier de notes très particulier. "Il appartenait au cousin de ma grand-mère. On me l’avait donné quand j’avais 10 ans. J’écrivais des choses dedans… Il avait plus de 100 ans ce cahier", raconte, dépité, le clown. "Ça n’a aucune valeur financière, simplement une valeur sentimentale… C’est ça le plus douloureux parce que je sais que ça va partir au feu."
Un jeune magicien se mobilise
Ludovic Meens a bien évidemment porté plainte, mais sait que les chances de retrouver ses effets personnels s’amenuisent à mesure que les jours passent. Il a alors raconté sa mésaventure dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, avec l’espoir que quelqu’un retrouve l’un de ses biens… "Peut-être que quelqu’un pourrait retrouver ma malle, peut-être dans une déchèterie", espère-t-il.
Un message très largement partagé sur les réseaux sociaux, qui a notamment ému Jérémy Poulain. Ce jeune magicien de 18 ans, fan du clown depuis son plus jeune âge, a réalisé une vidéo et a créé une cagnotte pour aider Sirouy dans cette épreuve.
"Le petit Jérémy se rendait très souvent au zoo de Lille avec son papa. Et ce qu’il attendait le plus, ce n’était pas les animaux comme on pourrait l’imaginer… mais c’était les animaux qui sortaient tout droit de l’imagination de Sirouy, le clown."
Son objectif ? Venir en aide à celui qui "(lui a) donné envie de devenir magicien" pour lui permettre de racheter un peu de matériel. "Je sais qu’on ne va pas rassembler des millions d’euros mais si chacun ne donne ne serait-ce qu’un petit quelque chose, ça serait notre manière de remercier Sirouy", explique-t-il.
Une mobilisation de toute part
Au-delà de la cagnotte, la mobilisation a été générale. "Une amie m’a dit « je gère le matériel sono. Je paie on se débrouillera après », explique le clown, touché par tout cet élan de solidarité. Je suis très ému". Et la mobilisation ne s’arrête pas là. "Hier, je suis allé voir un gars, Vincent, qui fait des décors et qui va m’aider gracieusement", poursuit-il. "Et puis il y a la cagnotte de Jérémie qui va me permettre de racheter du tissu. Une couturière que je ne connaissais pas m’a proposé de coudre gratuitement mon nouveau costume."
Il lui reste désormais à retrouver le maximum d’éléments de décor, comme un vieux téléphone à cadran, une vieille malle, un vieux miroir ou encore une mappemonde. "Si vous avez ce genre de chose qui aurait l’audace d’encombrer votre intérieur, je suis preneur."
Car même si la Covid réduit fortement l’activité du clown, les représentations en milieu scolaire se poursuivent. La prochaine est prévue le vendredi 15 janvier, dans une école primaire de Comines. "Je vais mettre mon costume d’été en attendant et je travaillerai à pieds nus. Pour le décor, je bricolerai un petit truc", assure-t-il, car hors de question de baisser les bras. "Ils m'ont mis un genou à terre, mais il m'en reste encore un autre !"