C'est une idée pour combattre la fatalité. Le cercle Roubaisien, association locale qui oeuvre pour l'éducation populaire, organise un débat de proximité au théâtre Pierre de Roubaix. Cinq candidats à la présidentielle se sont fait représenter pour l'occasion.
Le foyer du théâtre Pierre de Roubaix est plein ce soir. Face aux habitants, huit représentants locaux des candidats à la présidentielle font face aux Roubaisiens pour un débat de proximité. Tous les candidats ont été invités à se présenter, mais seuls Amine Elbahi (LR), David Guiraud (LFI), Michel David (PS), Bernard Deveylder (EELV), et Simon Flahaut (Reconquête) ont fait le déplacement. "On nous assomme en nous disant que la politique n'intéresse personne, c'est faux. Ce dont on a marre, ce sont les politiques politiciennes, les petits calculs. Nous voulons rendre ses lettres de noblesse à la politique, car c'est aussi le débat citoyen" amorce l'organisateur, Guillaume Couvreur, devant la salle comble.
Dès l'ouverture, l'animatrice du débat, Emeraude, retrace pour le public le déroulé de la soirée, entre exposé des programmes et réponse aux questions posées par la salle. "Essayons d'entendre l'avis de tous, essayons d'être citoyens, c'est le but ce soir."
Guillaume Couvreur évoque à l'ouverture de séance le manque de parité, et rappelle que l'association n'a pas eu son mot à dire sur les représentants envoyés par les partis. Immédiatement, une habitante, qui s'identifie comme une militante LFI, prend la parole pour dénoncer le manque de parité dans la représentation des candidats : "Là, il n'y a pas une femme, et je ne veux pas qu'on pense le monde à ma place. On ne peut pas toujours éluder la question : je ne suis pas représentée dans ce débat. Il faut que ces formations politiques nous expliquent pourquoi elles ne sont venues qu'avec leurs couilles !"
"La réforme prioritaire" : sécurité, environnement et VIème République
- EELV amène l'enjeu écologique dans le débat
Le représentant de Yannick Jadot, Bernard Deveylder, ouvre l'exercice nommé "La réforme prioritaire", où chaque candidat expose un volet-phare de son programme. Il adresse immédiatement la critique de parité. "J'ai découvert effectivement que nous étions 5 hommes, et j'ai écrit à Guillaume Couvreur pour dire que ça ne me convenait pas. Mon collectif, EELV, est en réunion en ce moment, et les copines voulaient y être. Cette question nous concerne tous, mais je voudrais dire qu'en toute conscience, j'ai posé cette question."
Bernard Deveylder a choisi pour cet exercice de porter l'enjeu climatique : "certains font de grandes phrases sur le grand remplacement. Mon combat, c'est le grand réchauffement ! (...) C'est un enjeu considérable, le GIEC nous interpelle encore cette semaine pour nous convaincre de prendre la mesure de l'urgence climatique. C'est aussi un enjeu social extrêmement important, parce que les 10% les plus riches de la population envoient dans l'atmosphère 52% du CO2. On a donc une double urgence" développe-t-il.
Son parti souhaite mettre "le paquet financièrement pour faire face au réchauffement climatique. Pour nous, c'est un ISF climatique pour faire en sorte que les riches qui contribuent massivement à la pollution contribuent aussi à la dépollution. A Roubaix, 45% de gens vivent sous le seuil de pauvreté, ce n'est pas à eux qu'on doit demander des efforts supplémentaires."
Le représentant de Yannick Jadot a aussi évoqué, à la fin de son temps imparti, un équilibre à trouver avec le pouvoir d'achat des Français.
- LR ramène l'insécurité sur le devant de la scène
C'est ensuite Amine Elbahi qui a pris le micro. "C'est un honneur, un plaisir de revenir à Roubaix où je suis souvent pour échanger avec les habitants. Moi, je soutiens Valérie Pécresse, une femme qui a fait l'objet de toutes les critiques du monde, on a pris cet argument pour salir son engagement, et je suis venu vous parler d'elle aujourd'hui, du projet porté par une femme. (...) Votre question est démagogique, dit-il à l'habitante qui les a interpellé.
Il a ensuite souligné l'absence de la République en Marche, "une grande partie de cache-cache" et ironisé sur l'absence d'une autre figure écologiste locale, Karim Hamrouni. Il a assumé sa position de candidat pour l'élection législative à venir, et plaidé le fait d'être associée à une colistière.
"Ce n'est pas le sujet, mais c'est un sujet : je veux vous parler de sécurité", a-t-il ensuite embrayé, souhaitant faire baisser la majorité pénale à 16 ans. Amine Elbahi a évoqué le féminicide de Farida..., morte à Roubaix, le ... , et promis de s'inspirer de l'exemple madrilène, avec une juridiction spéciale dédiée. Le représentant de Valérie Pécresse a aussi souhaité le raidissement de l'application des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il a rappelé, à cet égard, les statistiques d'expulsion des années Sarkozy. Dans cette même ligne, LR souhaite l'instauration de la double peine pour les étrangers condamnés sur le sol français.
- Le PS veut se différencier sur la jeunesse
Le Parti Socialiste s'est ensuite avancé en la personne de Michel David. "Notamment à Roubaix, il y a un vrai problème de présence féminine dans les débats politiques. Je ne vais pas polémiquer avec les autres partis, le débat est trop précieux pour faire du tacle. Moi, j'ai souhaité vous parler de la jeunesse." Il a énuméré les points d'accord de la gauche en matière de fiscalité et d'aides sociales et posé la question : "on peut même se demander pourquoi la gauche est aussi divisée. Je veux donc vous parler de jeunesse et de la stratégie socialiste. C'est une priorité absolue : dès lors qu'on investit dans la jeunesse et le sociale, on investit une fiscalité qui s'attaque aux hauts revenus, soit l'inverse de ce que fait Macron."
Le PS souhaite l'instauration d'un service public de la petite enfance, avant l'entrée dans le parcours scolaire classique, "pour soulager notamment les femmes isolées, pour aider à leur autonomie et leur émancipation, il faut un service de la petite enfance égalitaire". Michel David a plaidé pour l'augmentation du salaire des enseignants jusqu'à l'aligner sur celui des cadres, faisant le lien avec le problème de l'échec scolaire. "Les pédagogies que l'on pratique sont du siècle dernier, pas adaptées à la jeunesse et à sa culture, il faut donc un droit d'expérimentation." Anne Hidalgo, la candidate socialiste, souhaite aussi supprimer Parcoursup, la plateforme d'orientation post-bac très décriée.
- La France Insoumise défend sa VIème République
Le représentant France Insoumise, David Guiraud, prend ensuite la tribune. "Je suis venu vous parler d'une proposition. Si vous élisez Jean-Luc Mélenchon, nous mettrons fin à ce système en faillite qui s'appelle la Vème république, parce qu'il faut tout changer. (...) Parce que le covid a été géré par un homme qui a tout décidé seul dans le secret des conseils de défense et je sais que pour beaucoup dans la salle, deux ans de vie volée, ça fait beaucoup. Dans ce pays, pour se faire entendre, quand on n'arrive à joindre les deux bouts, ça ne sert à rien de demander, il faut se battre. Trente gilets jaunes ont perdu un oeil, des enfants ont été agenouillés pour avoir protesté ! (...) Et on a besoin de changer quelque chose d'autre : aujourd'hui, on a un gouvernement dans le mépris le plus total de la démocratie. Ces gens-là ne se déplacent même plus pour essayer de vous convaincre ! Pour LREM et le RN, ce n'est même pas une élection, c'est une répétition" a-t-il cinglé.
Défendant toujours le projet de VIème République de Jean-Luc Mélenchon, David Guiraud a aussi évoqué la "catastrophe écologique" en cours, et le mécanisme de révocabilité des élus. "On a besoin de quelqu'un dans ce pays qui tient sa parole, parce que sinon, vous l'expulserez ! C'est ça dont nous avons besoin."
Concernant la critique de parité, il répond sans détour : "On ne vas pas tourner autour du pot : on a merdé comme les autres.'"
- Le parti d'Eric Zemmour mise également sur l'insécurité
Simon Flahaut, envoyé par le candidat Eric Zemmour, s'est ensuite adressé au public. "J'en profite pour remercier Amine, qui m'a fait gagner énormément de temps de parole en présentant le programme d'Eric Zemmour" a-t-il attaqué. "Il nous paraît évident que notre police est démunie. Comment peut-on laisser des officiers de police se faire agresser sans pouvoir réagir, sous peine de perdre sa carrière, de finir en prison ? Comment peut-on accepter qu'un agriculteur avec une fille de 3 ans parce qu'il a tiré - mortellement - sur un cambrioleur, risque aujourd'hui une peine de prison ?"
Simon Flahaut a ensuite évoquer le volet du trafic de drogue, "on sait que c'est la plaie de votre territoire. Eric Zemmour propose de créer une division (...) afin de pouvoir assurer les saisies des biens des dealers dès le début des procédures. Renforcer notre justice, c'est renforcer notre service pénitentiaire, tout ça c'est dans le programme d'Eric Zemmour et je vous invite à le lire" a-t-il choisi de conclure.
LFI affronte vivement LR et Reconquête sur les retraites
David Guiraud a ouvert sur le souhait de rétablir la retraite à 60 ans. "Nous sommes un des peuples le plus productif au monde, ça veut dire qu'on peut répartir le temps de travail. Avoir le temps de s'occuper de ses proches, de prendre soin de soi, c'est aussi du travail utile. On a le droit de partir en vacances avec la personne qu'on aime avant que des problèmes de santé nous en empêchent. Il n'y pas que le travail dans la vie, et on peut financer la retraite à 60 ans. Si on cherche de l'argent, on va le trouver. Plutôt que donner aux entreprises du CAC 40 on donne pour la vie et la dignité (...) Je suis tout simplement contre une retraite que vous est donnée au cimetière."
Simon Flahaut (Reconquête) a rebondi, en entamant par "le taux de prélèvement obligatoire en France, c'est fou que l'on soit autant fiscalisé, qu'on paie autant de taxes. Eric Zemmour propose de baisser les taxes, toutes les primes, tous les chèques énergie, ce n'est que votre argent qu'on vous rend en prétendant que c'est du pouvoir d'achat. Des choses peuvent être faites, déjà rapprocher le salaire net du salaire brut, il y a un gouffre entre votre fiche de paie et ce qui reste à la fin."
Pour LR, Amine Elbahi a repris de volé le thème des retraites, "massacré par Mr Macron, qui mis en péril la survie de nombreux de nos retraités. Avec Valérie Pécresse, la première mesure votée c'est l'autorisation du cumul emploi retraite. Nous allons augmenter immédiatement les salaires, de 3% puis de 10%, et ça ne demande pas un projet de loi finance. Dans une ville comme Roubaix, je connais des familles qui ne touchent pas leurs aides sociales. Nous voulons débloquer une allocation familiale dès le premier enfant, et augmenter de 15% les dotations pour le 1er le 2ème enfant. Nous souhaitons déconjugaliser l'AAH, pour nos concitoyens handicapés qui doivent aujourd'hui vivre sur les deniers de leur conjoint. (...) C'est du concret, c'est agir tout de suite."
David Guiraud s'est offusqué : "Vous voulez faire travailler les gens jusqu'à 65 ans ! Mais à 50 ans, on ne retrouve pas d'emploi. Ce que vous ne payez pas en retraite, vous le payez en chômage ! Heureusement que LREM n'est pas là, vous êtes d'accord avec tout" a attaqué le représentant LFI. "Avec nous, il n'y aura aucune retraite en dessous du SMIC, on n'est pas là pour négocier avec la misère mais pour l'éradiquer !"
Simon Flahaut, représentant d'Eric Zemmour, a fustigé une nouvelle fois l'utilisation des aides sociales par les "étrangers. La France est ouverte aux quatre vents avec la distribution des aides sociales. Ne tournons pas autour du pot : un étranger qui a travaillé des années a droit au chômage, là je vous parle par exemple du RSA !" Il a ensuite souhaité s'exprimer pour le développement de l'apprentissage, et l'exonération de charges autour de ce dispositif éducatif.
Les partis d'Eric Zemmour et de Valérie Pécresse se sont mutuellement et régulièrement accusé de vol d'idées, la plupart des piques lancées concernant la capacité de l'un à absorber l'autre.
"Société de demain" : écologistes et socialistes peinent à se distinguer
Le PS et EELV avaient choisi de s'exprimer sur le même thème, la société de demain. L'échange a été plus courtois, et moins vif. Les deux partis de gauche, tout au long de la soirée, ont semblé avoir du mal à se distinguer, affichant bien plus de points d'accord que de désaccord. Des ambitions similaires se dessinent notamment côté jeunesse, et politique européenne. "Déjà, si on veut que les gens votent, il faut leur proposer une société de demain désirable" a entamé Michel David, pour Anne Hidalgo. "Comment est-ce possible quand tous ce que certains nous proposent c'est un peur des autres, une peur de l'effondrement ? Roubaix est une ville qui se bat, qui apporte des solutions. Je vais vous parler du monde de demain. Le local, le national, l'international, c'est la même chose : on le voit avec le climat, l'énergie, les migrants."
Il a souligné l'importance d'organiser une politique internationale "crédible. La question est de se battre pour une Europe qui se bat pour les défis du quotidien. Les candidats qui, sans le dire, se positionnent pour une sorte de Brexit, ne seront pas à la hauteur pour affronter ces enjeux."
Pour EELV, "l'enjeu de demain, c'est l'enjeu climatique. C'est un enjeu de qualité de vie, de santé publique, et de paix. La possibilité d'agir pour le climat, c'est aussi améliorer la qualité de vie de chacun. Nous voulons consacrer 10 milliards par an à la rénovation énergétique des logements, et à Roubaix ça veut dire quelque chose !" Bernard Deveylder a également proposé le développement radical des transports en commun, et l'indépendance énergétique de la France. "Notre combat pour diminuer notre dépendance aux énergies fossiles est aussi liée à notre capacité à ne pas dépendre des pays totalitaires."
"La salle a posé des questions, respectez-les"
Les représentants des partis ont ensuite dû répondre aux questions de la salle, regroupées par thèmes. Ils ont eu le plus grand mal à se tenir au délai d'une minute imposé pour chaque réponse. Le première thème était consacré à l'égalité Hommes-Femmes. "S'il y a une révolution en cours actuellement, c'est la révolution féministe" a entamé le Parti Socialiste. EELV a souhaité une parité totale à l'Assemblée Nationale, quand LR s'est prononcé pour sanctionner les entreprises ne respectant pas la parité, et rappelé ses autres annonces, surtout tournées autour de la figure des mères. LFI a souligné la "honte" de ne pas avoir répondu au souhait des militantes féministes de voir un budget de 1 milliard d'euros contre les violences sexistes et sexuelles.
David Guiraud a fustigé la présence du représentant d'Eric Zemmour, candidat actuellement accusé par plusieurs femmes d'agression sexuelle. Simon Flahaut a immédiatement demandé "le respect de la présomption d'innocence. Moi, je ne vois pas pourquoi on serait obligé d'avoir autant de femmes que d'hommes dans un conseil municipal" a-t-il contrecarré, estimant qu'il s'agissait avant tout d'un problème d'éducation et d'accès aux fonctions politiques.
La question du service public a donné lieu a un plaidoyer passionné de LFI, qui s'est notamment prononcé pour l'augmentation du salaire des fonctionnaires. Amine Elbahi, pour LR, a souhaité l'allègement du millefeuille territorial et défendu une réduction du nombre de fonctionnaires "là où le digital a remplacé l'humain".
Simon Flahaut a été le premier a attaquer sur le "front républicain", retraçant son parcours depuis LR chez Eric Zemmour, "le côté obscur de la force, avec les mêmes propositions" a-t-il ironisé, estimant "absurde" de citer le nom de son candidat dans ce cadre. Le programme du candidat Zemmour présente, pourtant, de nombreuses similitudes y compris philosophiques avec le programme de la candidate RN, Marine Le Pen. "Il n'y a peut-être pas de front républicain, en tout cas il y a un front Les Républicains" a ironisé le PS, qui s'est dit toujours partisan de voter pour l'adversaire de l'extrême-droite. LFI s'est borné a rappeler que sa position sur le front républicain était "connue", tandis que LR s'est refusé à se projeter dans un second tour sans Valérie Pécresse.
L'animatrice du débat, Emeraude, s'est agacée des candidats qui utilisaient leur temps sur cette question pour revenir sur d'autres thèmes. "La salle a posé des questions, respectez-les" a-t-elle glissé.
Le reportage de Zone Interdite (M6) sur Roubaix, "très douloureux à regarder" a été la dernière thématique abordée par l'assistance dans ses questions écrites. L'association a donc souhaité sonder la réaction des candidats. Simon Flahaut a estimé là qu'il s'agissait avant tout d'un "diagnostic accablant. Il y a des images choquantes dans ce reportage. ça pose la question de l'unité de notre république. On ne doit pas mettre tout dans le même sac, mais il y a aujourd'hui des territoires perdus de la République" estimant nécessaire de faire "un peu de nettoyage".
L'expression a provoqué des hurlements de protestation dans la salle, et l'animatrice du débat a eu le plus grand mal a faire revenir l'ordre. "C'est scandaleux !", "On ne nettoie pas des gens !" a-t-on entendu. David Giraud (LFI) a qualifié le reportage de "pourri", évoquant des mensonges et des humiliations. "Je pense à nos commerçants, nos sportifs, nos acteurs culturels. Quand est-ce que des caméras vont venir montrer que le vrai visage de Roubaix, c'est de la solidarité, des associations, des jeunes qui font des maraudes ? C'est vos idées pourries qu'on va nettoyer !" s'est-il emporté. Amune Elbahi a estimé qu'il ne devait pas y avoir de "tabou" et que la rue de Lannoy s'était "communautarisée". On y trouve pourtant actuellement une boutique de lingerie, et un caviste.
Le PS a reconnu l'existence d'un certain communautarisme, et d'une ségrégation sociale amenant à une forme "d'entre soi". "Tant qu'on continuera cette ségrégation sociale des quartiers, on aura du communautarisme (...) mais l'émission de M6 est à peu près la pire manière de poser le débat" a déclaré Michel David. Bernard Deveylder a brandi un livre La ville vue d'en bas, "Ça permet de voir que contrairement aux représentations qu'on a, les pauvres sont solidaires à Roubaix, la ville s'organise, que les politiques arrêtent d'y passer pour faire leur fromage !" s'est emporté le représentant EELV, applaudi par la salle.
A Roubaix, une abstention record qui s'annonce
Roubaix en 2017 a enregistré 40% d'abstention au second tour, soit quinze points de plus que la moyenne nationale. "Je me demande encore, et ce serait la première fois de ma vie si je ne ne vote pas. Mais je ne suis pas décidée. J'ai l'impression de perdre mon temps", explique cette retraitée de Roubaix visiblement déçue elle-même d'en arriver là.
L'abstention à quelques jours du scrutin reste la grande préoccupation partout en France mais, ici, peut-être encore un peu plus. "C'est très compliqué cette année (...)Croire qui ? c'est pas évident", enchaîne un vendeur de la même génération sur le marché.
C'est pourtant traditionnellement l'élection favorite des français. Il faut agir, proposer un débat public réduit à rien dans cette campagne
Cercle Roubaisien
Un débat de proximité
"On n'en revient pas de ne pas entendre débattre sur cette campagne. Et c'est parce qu'on ne veut pas rester sans agir qu'on a décidé d'organiser ce mini-débat de la présidentielle inédit dans notre ville, avec les représentants locaux d'un maximum de candidats", explique les bénévoles du cercle Roubaisien, organisateurs de la soirée.
Ce mercredi 6 avril 2022, au foyer du théâtre Pierre-de-Roubaix, deux heures de débat de proximité devaient permettre à tous de mieux appréhender les projets de chaque candidat.
Même si "tous" ne se sont pas fait représenter malgré tout... Ce fût très dur de motiver l'ensemble des 12 partis impliqués dans la campagne. " Pour LO, c'est le jour du meeting à Lille ; RN ne répond pas vraiment ; LREM a décliné ; NPA c'est un local qui travaille la nuit, etc", regrette le porte-parole du Cercle roubaisien.
Lors de précédentes soirée à Roubaix, hors élection, les débats politiques ont toujours attiré un peu de monde. Cette fois, la salle était comble, ou presque. "Comme quoi, il faut proposer."