Le festival roubaisien revient pour une deuxième édition. URBX veut s'inscrire comme un "festival international des cultures urbaines" tout en mettant en valeur des artistes de la ville. Le but : montrer que dans les quartiers, une véritable effervescence créative et artistique existe.
"On a cette image de Roubaix qui craint alors la vraie image de Roubaix est forte, puissante et créative", lance Coralie Dupont, coordinatrice de la deuxième édition du festival roubaisien URBX qui se tient jusqu'au 25 juin 2023.
Créativité et dynamisme des cultures urbaines à Roubaix
Comment ce festival est né ? Le premier constat s'est fait en 2015, après la première édition XU Festival pour Expérience Urbaine, qui mêlait de la musique, de la danse, de la mode ou encore du graff. "Il a été monté par la ville et ça avait tellement bien marché qu'ils ont décidé de l’ouvrir à toutes les cultures urbaines", poursuit-elle.
Le second, quant à lui, coulait presque de source puisqu'il était visible et palpable : à Roubaix et dans ses quartiers, "on s'est rendu compte d'une émergence, d'une créativité, d'une dynamique sur les cultures urbaines", de la mode au street art en passant par le sport, la danse et la musique.
La ville fourmille en effet d'artistes en tout genre qui s'expriment et se racontent, chacun à leur manière et avec leur sensibilité propre.
"Par des Roubaisiens, pour des Roubaisiens"
Pour le festival URBX, il était primordial de "travailler avec les forces de la ville", des acteurs locaux, des structures publiques (comme la Condition Publique, le Couvent, le Collisée, etc). "C'est un festival par des Roubaisiens, pour des Roubaisiens" mais pas que, puisque tout le monde y est invité.
De nombreux artistes locaux tels que le fameux breakeur Brahim Bouchelaghem seront présents. "On essaie de mettre en avant le break. Pour rappel, ça a commencé dans la rue, Brahim Bouchelaghem a débuté dans les cités. Il vient du quartier de l'Alma, il breakait sur le bitume", poursuit Coralie Dupont.
A l'occasion du festival, il a "créé un battle pour URBX. Il y a huit équipes européennes qui s'affronteront" ce dimanche 18 juin à la Condition Publique. Le breaking (ou breakdance) en a d'ailleurs fait du chemin depuis son apparition dans les années 1970. On le retrouvera comme discipline aux Jeux Olympiques à Paris en 2024.
Autre figure locale présente au festival : Mando MCD, rappeuse depuis deux ans et demi, qui a récemment sorti le titre Simple en vrai, tiré de son dernier EP Spring Love. Née en Guyane, elle a vécu à Paris avant d'arriver à Roubaix à l'âge de 14 ans. À l'origine danseuse, elle s'est interessée à la musique grâce aux ateliers du Pôle Ressources Jeunesse Deschepper de la ville. "C’est grâce à Roubaix que je suis où j'en suis, parce que c’est là où j’ai commencé mes activités artistiques.", explique-t-elle.
La rappeuse décrit son univers comme "mélanco-mélodieux, c'est-à-dire que je parle de la vie, comme la précarité roubaisienne, des choses difficiles que je traverse, de façon mélodieuse". Jouer sur la scène de la ville qui l'a révélée artistiquement la rend "contente", d'autant plus que le jour de sa performance sur la Grand'Place de Roubaix, ce vendredi, elle sera "la seule fille" à l'affiche aux côtés d'artistes comme Roméo Elvis et Niro.
Mando MCD, constate, comme Coralie Dupont, une effervescence culturelle à Roubaix. "On fait partie du trio avec Paris et Marseille", se réjouit-elle en citant des noms d'autres artistes émergents de sa ville : Ben PLG, Bekar et Eesah Yasuke, dont nous avions dressé le portrait il y a un an et demi.
"Une dynamique nationale et internationale"
Les programmateurs veulent également avoir "une dynamique nationale et internationale". C'est pourquoi ils ont invité le chanteur belge Romeo Elvis, le rappeur ivoirien Didi B ou encore le street artiste new-yorkais JonOne.
L'artiste muraliste portugais Pantonio, passionné de vélo, est également invité pour réaliser "une fresque donnant sur l’un des vélodromes les plus connus dans le monde du cyclisme, le vélodrome historique de Roubaix qui accueille chaque année l’arrivée de la course Paris-Roubaix".
"L'idée, c'est de devenir un festival international des cultures urbaines. On a cinq disciplines et on est le seul festival à avoir autant de disciplines dans les Hauts-de-France", souligne Coralie Dupont.
Un festival qui se veut accessible à tous
En tout, "97% du festival est gratuit". C'est une manière de le rendre le "accessible à tous" (les concerts et spectacles payants ont des tarifs réduits) mais aussi de "montrer" aux habitants et aux jeunes que "tout est possible".
Le festival veut inspirer et "espère que ça va monter en puissance" car "ce n'est pas encore compris de tous que Roubaix fait partie des capitales culturelles".
En somme, URBX veut "faire venir la culture dans les quartiers" sans oublier une chose essentielle : "la culture vient aussi des quartiers", conclut Coralie Dupont. Une phrase qui résonne avec la fameuse punchline du rappeur havrais Médine, dans son titre "Grand Paris", sorti en 2017 : "la banlieue influence Paname, et Paname influence le monde". Et si cette fois, c'était au tour de Roubaix d'influencer le monde ?
Block parties, défilés, concerts, expositions, battles ou encore des conférences... La programmation entière de ce festival qui veut "représenter une nouvelle génération" est disponible sur leur site internet.