L'entreprise Plume s'est associée à WTX pour fabriquer la première trottinette électrique made in France... à Roubaix ! Si cela peut apparaître comme une évidence, car la France est le premier marché mondial de la trottinette électrique, sa conception n'a pas été de tout repos.
Un à un, dans les allées de l'usine, les salariés font un tour sur la toute première trottinette produite en France, et plus exactement à Roubaix. Les dernières vis ont été fixées quelques minutes auparavant à peine.
"C'est la première qui sort, enfin ! se réjouit Victor Galand, ingénieur chez Plume. C'est une consécration pour WTX et en même temps pour Plume, donc c'est super". Pour lui, "la fin de la conception et le début de la production, ce n'est pas rien pour la vie de l'entreprise, et pour WTX, c'est quelque chose d'incroyable aussi".
Premier marché mondial de la trottinette électrique
Le projet Plume a germé dans la tête de Fabrice Furlan, fondateur et PDG, il y a plus de trois ans. Son constat : la France est le premier marché mondial de la trottinette électrique. Pourtant, jusqu'à maintenant, toutes étaient en provenance d'Asie. Il a donc imaginé une machine estampillée Origine France Garantie.
"Elle est à 82% produite en France", explique-t-il. Ce qui est compliqué, "c'est que c'est un marché qui est nouveau, qui n'est pas forcément connu". Et même s'il se vend plus de trottinettes électriques que de vélos à assistance électrique dans l'hexagone, "c'est un marché qui n'existe pas en France, ni même en Europe".
Toute l’industrie est en Asie, ce qui est un non-sens complet.
Fabrice Furlan, fondateur et PDG Plume
C'est pourquoi il a voulu "ramener de la cohérence" en produisant les trottinettes électriques en France. Le plus difficile a été de trouver les financements et les entreprises partenaires. La chaîne de production a finalement pris place dans une usine de production de tubes pour l'automobile, une aubaine à l'heure du déclin des véhicules thermiques.
Le point de départ n'était pas forcément de produire dans les Hauts-de-France ou à Roubaix. Mais étant donné que la région "est la première d'industrie automobile en France avec des compétences énormes", cette décision est apparue finalement comme une évidence.
"Pourquoi ne pas y aller ?"
Quand Jean-François Charlet, directeur général WTX Europe, a été contacté par Plume, il a été étonné. "Et en même temps, il y a eu une envie parce qu'on s'est dit : une trottinette made in France, c'est un vrai challenge, ça n'existe pas. Pourquoi ne pas y aller ?"
Il ne cache pas l'important investissement que cela a demandé. L'entreprise a en effet utilisé la moitié de ses "capacités d'investissement" pour le faire. "Et c'était aussi un investissement en développement, donc il fallait avoir l'ingénierie sur place", poursuit-il. Cette nouvelle aventure permet "une conversion d'emplois et sans doute un développement à long terme".
Toutes les parties électroniques - et vous voyez on en a pas mal sur cet engin pour faire un vrai engin de mobilité - sont faites sur deux sites qui sont à Béthune et à Courrières, et la batterie est assemblée à Paris. 80 de ces 82% sont faits dans les Hauts-de-France.
Fabrice Furlan, fondateur et PDG Plume
Jean-François Charlet voit ce projet "comme une façon de sauvegarder l'usine en France, parce que l'automobile, aujourd'hui, c'est beaucoup d'usines à l'étranger". Développer la première trottinette électrique française est, au final, "une opportunité, un complètement d'autres activités qu'on a développé dans le même style, c'est-à-dire avec l'idée de rester en France".
Antoine Chastan, directeur recherche et développement chez Plume, souligne que le "plus gros défi" a probablement été "de fabriquer en France". Car quand on travaille en Chine, "on travaille avec des fabricants de produits". En France, il a fallu réinventer totalement le tissu industriel, ce qui impliquait de trouver "quelqu'un pour faire la partie métallique, quelqu'un pour faire la partie plastique. C'est ce qui, in fine, a été le plus long".
De 1300 à 1600 euros
Cette trottinette électrique est destinée à des personnes "qui ont besoin d'un vrai engin de déplacement avec un engin qui soit fiable, qui soit durable", avance Fabrice Furlan. Deux produits sont proposés : l'un à 1300 euros et l'autre à 1600 euros, des prix qui varient en fonction de la taille de la batterie.
D'autre part, la trottinette est réparable à l'infini. "On est capable de changer les cellules dans la batterie, on est capable de changer la petite électronique qui est dans l'éclairage. Même le client peut être acteur de sa réparation", détaille le PDG de Plume.
Cette trottinette a tout : c’est la trottinette la plus sécuritaire du marché aujourd’hui grâce à cette signature lumineuse, grâce à cette stabilité qui est incroyable, origine France garantie et réparable à l’infini.
Antoine Chastan, directeur Recherche et Développement chez Plume
Et quand on lui demande si son produit coûterait moins cher s'il était fabriqué en Chine, il répond : "je ne suis pas sûr qu'elle coûterait beaucoup moins cher parce que faire un produit robuste, ça coûte cher, faire un produit réparable, ça coûte cher, faire un produit a de l'autonomie, ça coûte cher".
Jusqu'à maintenant, une centaine de modèles ont été commandés. Les premières livraisons auront lieu dans deux semaines.
Avec Claire Chevalier / FTV