Après s'être terré dans un silence pesant depuis plusieurs jours, le groupe Auchan explique les raisons pour lesquelles il ne quitte pas la Russie.
Dans une interview accordée à nos confrères du Journal du dimanche, il assure que ce choix n’est "pas simple". Yves Claude, PDG d’Auchan Retail International, prend pour la première fois la parole après plusieurs jours de silence et explique pourquoi le groupe Auchan reste en Russie. "Partir serait imaginable sur le plan économique mais pas du point de vue humain", assure-t-il.
Mercredi 23 mars, le groupe avait été interpellé par le président ukrainien devant le Parlement français. Durant sa prise de parole d’une quinzaine de minutes, Volodymyr Zelensky a sommé les entreprises françaises présentes en Russie de quitter le plus rapidement possible le pays, accusant notamment Auchan et Leroy Merlin d’être des "sponsors de la machine de guerre de la Russie". Toutes deux font partie de l’Association familiale Mulliez, dont le siège est basé à Roubaix.
"Protéger le pouvoir d'achat des habitants"
Présent depuis une vingtaine d’années dans le pays, le groupe emploie 30 000 personnes en Russie. Selon Yves Claude, Auchan a un "positionnement de discounter et nous pensons contribuer en période de forte inflation à protéger le pouvoir d’achat des habitants". L’objectif selon lui : ne pas priver d’emploi les salariés et ne pas priver de produits alimentaires les clients qui "nous demandent instamment de rester", assure-t-il.
Face aux détracteurs qui pointent du doigt la responsabilité du groupe et affirment qu’Auchan finance le fonctionnement de l’état Russe – et de fait la guerre – le PDG du groupe répond : "il est facile de nous critiquer, mais nous, on est là, on fait face et on agit pour la population civile". Il rappelle par ailleurs que les investissements ont été suspendus et que les 232 magasins russes fonctionnent en "autarcie".
"La décision n’est pas simple à prendre"
Tandis que des élus écologistes ont manifesté devant le siège du groupe et que les messages se multiplient sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette décision, Yves Claude assure que "la décision n’est pas simple à prendre" mais qu’il est "convaincu" que c’est la bonne. "Je me sens soutenu par mes actionnaires, mes collaborateurs et nos partenaires sociaux", complète-t-il.
La raison d'être de notre enseigne, c'est d'être utile où que nous soyons.
Yves Claude, PDG d’Auchan Retail InternationalJDD
Parallèlement, le PDG du groupe a évoqué la situation en Ukraine où les conditions sont "extrêmes". Le groupe y possède 43 magasins, pour un total de 6 000 employés. Selon Yves Claude, des ruptures de stocks de produits frais ont été observées et des solutions d’approvisionnement depuis les pays limitrophes ont été mises en place.