Témoignage. “Quand les photos de Yanis sortiront, je quitterai la salle”, la douleur d'une tante face au procès en appel du meurtre du garçon à Aire-sur-la-Lys

Publié le Mis à jour le Écrit par Baptiste Mezerette avec Marion David
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Depuis lundi 28 mars 2022, et durant toute la semaine, Julien Masson, le beau-père de Yanis, devra s'expliquer une nouvelle fois sur le meurtre du petit garçon de 5 ans, en 2017, à Aire-sur-la-Lys, dans le Pas-de-Calais. La tante de l'enfant s'est constituée partie civile devant la cour d'assises de Douai. Elle témoigne.

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Le procès en appel de Julien Masson, accusé du meurtre atroce de Yanis, 5 ans au moment des faits, s'est ouvert à la cour d'assises de Douai, lundi 28 mars 2022. Le beau père du garçonnet a déjà été condamné en 2020 a 25 ans de réclusion criminelle devant la cour d'assises de Saint-Omer. Il avait fait appel.

Lors de ce nouveau procès, ses avocats plaident pour la requalification des faits en "violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Une défense que cherchera à contester la partie civile, constituée d'associations de protection des enfants, de l'ex beau père adoptif du garçonnet, et de la tante de Yanis, mère de trois enfants, proches de leur cousin. Elle a témoigné auprès de France 3 Nord Pas-de-Calais, le 28 mars, avant l'ouverture de ce procès.

Pour rappel, le drame s'est déroulé dans la nuit du 5 au 6 février 2017, sur un chemin de halage aux abords du canal d’Aire-sur-la-Lys, dans le Pas-de-Calais. Yanis y avait passé sa dernière nuit avant de mourir après une punition infligée par son beau-père pour avoir fait pipi au lit.

Etiez-vous préparée à ce procès en appel ?

Quand je suis sortie du délibéré du premier procès, je savais qu'il [Julien Masson ndlr] allait faire appel, sans qu'il ne le dise. Donc quand mon avocate m'a appelé pour me prévenir, je n'étais pas étonnée. Je m'y attendais, je savais qu'on allait y repasser. Le plus dur, c'est de se dire qu'on va revivre ces cinq jours.

Quel sentiment domine en amont du procès ?

Je pense que je me sens plus mal que la première fois. Au départ, je me disais que ça allait être la même chose, qu'on est préparé au procès. Au final, plus le temps avançait, plus j'étais stressée. Stressée pour les enfants. Je sais qu'il y aura des pleurs. Mon passage à la barre va être difficile. La première l'était déjà, j'étais abattue. Là, j'ai peur d'être dans le même état.

Ils vont ressortir les photos de Yanis. Au premier procès, je me suis dit que j’allais rester à ce moment, en fait non, je suis sortie de la salle. Là, je sortirai aussi de la salle quand ils montreront les photos. Je n’ai pas envie de le voir dans l’état où il était.

Comment expliquer tout cela à vos trois enfants, très proches de leur cousin Yanis ?

Mes enfants ont grandi et ils se posent encore plus de questions. Des questions auxquelles je ne peux pas répondre et même si j'avais les réponses, je ne sais pas comment je verbaliserais les réponses auprès des enfants. Alors que je sais que tous les soirs, quand je rentrerai, ils m'attendront, me poseront des questions et je ne pourrai pas leur répondre.

La défense de Julien Masson repose sur la thèse de l'accident, la comprenez-vous ?

Je ne peux pas entendre le mot accident. J'aimerais seulement qu'il dise que, oui, il a fait du mal. Même si, peut-être, il ne s'en rendait pas compte ou au moment il s'en est rendu compte, il était trop tard. (…) Quand on l'écoute, Yanis s'est tué tout seul, alors que non.

Tous les résultats d'autopsie prouvent bien que non, ce n'est pas possible. Je n’accepterai jamais d'entendre qu'il ne lui a pas fait du mal car il lui a fait du mal. Je veux entendre que tous les coups subis par Yanis, c’était bien lui. Je veux entendre aussi qu’il a mis Yanis dans le canal (...). J’ai besoin de l’entendre.

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