Rentrée politique de Gérald Darmanin à Tourcoing : "son discours aurait pu être plus ambitieux. Il l'a moins été à cause de la présence de la Première ministre" selon Marc-Philippe Daubresse

En réunissant 700 de ses soutiens dans son fief tourquennois, Gérald Darmanin a lancé sa rentrée politique en expliquant ne pas vouloir laisser Marine Le Pen "aller irrémédiablement au pouvoir", tout en vantant le bilan d'Emmanuel Macron et du gouvernement. Bilan de cette journée, présidentielle de 2027, présence surprise d'Elisabeth Borne : au lendemain de ce grand rassemblement, quel regard portent les élus de la région qui y ont participé sur cette journée ? Nous avons interrogé quelques-uns d'entre eux.

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"Une journée très politique, faite d’enthousiasme, d'échange et d'écoute", voilà ce que Violette Spillebout retient de l'événement organisé par Gérald Darmanin ce dimanche à Tourcoing. Pour la députée macroniste du Nord, l'objectif était de "se rassembler au-delà de la majorité présidentielle, autour de Gérald Darmanin, pour parler de la vraie problématique de la rentrée : la crise sociale et les classes populaires."

Pourtant, beaucoup voient dans cette initiative le lancement de la course à la Présidentielle de 2027. Même si Gérald Darmanin assure "ne pas penser à une quelconque élection", il a tenu un discours qui laisse peu de doutes sur ses ambitions : "On est là pour défendre bien sûr le bilan du président de la République qui a beaucoup fait. (...) Et puis on est aussi là pour dire qu'il y a un problème. On ne peut pas laisser Marine Le Pen aller irrémédiablement au pouvoir, si jamais nous ne sommes pas plus motivés pour défendre le bilan du président et être à portée d'engueulade, comme on dit quand on est un élu ancré dans les territoires."

"Lutter contre les extrêmes"

Une position soutenue par la maire de Calais, Natacha Bouchart, présente à Tourcoing ce dimanche : "on doit pouvoir avancer des propositions concrètes pour répondre aux problématiques qui touchent les classes populaires. 2027 ça paraît loin, mais le temps passe très vite. Il faut du temps pour faire entendre les messages que l'on veut porter auprès des Français. Si on ne s'y prend pas dès maintenant, on va rater le coche."

Même son de cloche du côté de Violette Spillebout : "il n’est jamais trop tôt pour lutter contre les extrêmes. Pour cela, on doit être dans l’action, être efficace, humble. On doit mieux s'occuper des Français." Mais quand on demande à la députée nordiste si Gérald Darmanin peut incarner le successeur d'Emmanuel Macron : "ce n'est pas le problème aujourd'hui, il est trop tôt pour se poser la question du candidat."

Borne, pas forcément la bienvenue

Trop tôt aussi pour parler de 2027 selon Marc-Philippe Daubresse, sénateur LR du Nord, qui a préféré répondre positivement à l'invitation de son "ami de longue date" à Tourcoing, plutôt que de se rendre à la rentrée politique de son parti qui se tenait au même moment chez Eric Ciotti dans les Alpes-Maritimes : "parler de la présidentielle aujourd’hui me paraît prématuré. Je regarde avec sympathie l’action de Gérald Darmanin, et je comprends sa stratégie offensive pour éviter l’élection de Marine Le Pen. S’il n’y a pas de mobilisation générale, elle va être élue. Et ce ne sont plus les vieilles recettes d’ostracisation du FN qui vont résoudre le problème. Il nous faut apporter une vraie réponse à la crise sociale. Pour cela, il est urgent que le gouvernement change de cap."

C'est pourquoi Marc-Philippe Daubresse a choisi de quitter les lieux lors de l'arrivée d'Elisabeth Borne à Tourcoing : "elle est dans son rôle en s'invitant à cet événement, elle est cheffe de la majorité. Mais ce n’est pas en recadrant, en rigidifiant la majorité présidentielle qu’on va résoudre les problèmes. Je pense que le discours de Gérald Darmanin aurait pu être plus ambitieux. Il l'a moins été parce que la présence de la Première ministre le contraignait à plus de réserve."

Ce n’est pas en recadrant, en rigidifiant la majorité présidentielle qu’on va résoudre les problèmes.

Marc-Philippe Daubresse, sénateur LR du Nord

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D'ailleurs, dans son discours, la cheffe du gouvernement n'a pas hésité à exiger l'unité de la majorité présidentielle : "notre unité est notre force, nous devons la protéger à tout prix, c'est la condition pour continuer à agir et ne pas paver nous-mêmes le chemin des extrêmes. Cette unité, derrière le président de la République et son projet, j'y tiens, j'y veille et j'en suis la garante, comme cheffe de la majorité."

Un recadrage en règle de son ministre de l'intérieur ? Non, répond Violette Spillebout : "elle est simplement venue clore les débats sous le signe de l’ordre et de l’action, et mettre un point d’unité sur cette journée à l’initiative de Gérald Darmanin", explique la députée nordiste, "je me réjouis qu'elle soit venue, c'était un honneur pour les Tourquennois de l'accueillir."

Pour Natacha Bouchart, il est clair que la présence de la Première ministre "a faussé la rentrée politique que voulait faire Gérald Darmanin". Selon la maire de Calais, les débats auraient pu être plus francs : "beaucoup de parlementaires ont pris la parole pour montrer à Elisabeth Borne qu'ils soutenaient sa politique, plutôt que pour parler des vrais problèmes des Français."

Alors Gérald Darmanin pourra-t-il rester dans le gouvernement s'il veut continuer de préparer 2027 ? "C'est vrai que ça peut, à un moment donné, devenir tendu", répond Natacha Bouchart, "mais Emmanuel Macron ne peut pas se représenter, alors les personnalités qui ont cette capacité à devenir président un jour doivent pouvoir s'exprimer. Sinon on ouvre la porte au RN."

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