Il y a quelques jours, un paysan belge déplace une borne frontière dans le bois de la commune française de Bousignies-sur-Roc, réduisant la France de quelques mètres. Des mètres qu’il offre à la Belgique. Une histoire insolite qui aurait pu raviver une guerre de frontières symbolique.
Il y a deux siècles, cette histoire se serait sûrement réglée par une bataille de territoire sanglante. Un agriculteur belge a déplacé, par mégarde, la borne qui délimite la frontière franco-belge. Résultat : la Belgique s’agrandit de 2,29 mètres précisément quand la France, elle, perd quelques mètres de son pays !
Il y a quelques jours, un paysan belge déplace la borne frontalière de 150 kg, située au milieu de la végétation. Une pierre qu’il aurait vraisemblablement bougée à l’aide de son tracteur. La raison invoquée : celle-ci le gênait pour accéder à son champ.
A priori, ce n’est qu’une pierre installée dans le bois de la commune française de Bousignies-sur-Roc, mais cette pierre est hautement symbolique. Puisqu’elle délimitait autrefois la frontière entre la France et la Belgique. Alors qu’il déplace la borne, l’agriculteur n’imagine donc pas qu’il viole le Traité de Courtai signé en 1819, à la suite de la défaite de Napoléon à Waterloo.
''Nous sommes plus dans l’ordre du symbolique que du juridique''
Cette légère modification aurait pu passer inaperçu, car ces bornes ne sont plus utilisées depuis très longtemps. Pour y voir plus clair, nous avons contacté Maître Jérôme Crépin. Il nous explique que tout cela n'est qu’anecdotique : ''Cette borne étant devenue un vestige, ce citoyen belge n’a pas modifié les limites frontalières car il n’y en a plus. Ce paysan n’a fait que déplacer un équipement public !'', nous explique-t-il.
En effet, la frontière physique n’existe plus entre la Belgique et la France car les deux pays font partie de l’Espace Schengen. Par conséquent : ''Nous sommes plus dans l’ordre du symbolique que du juridique'' conclut l’avocat. Finalement, si cet agriculteur belge avait déplacé un panneau stop, nous aurions été dans le même cas : "La seule chose que l'on pourrait reprocher à cet individu c'est d'avoir déplacé un équipement public. Mais rassurez-vous si nous devions aller devant un tribunal, il serait très facile de plaider la relaxe" s'amuse l'avocat pénaliste, au barreau d'Amiens.
Sans l’œil avisé de Jean-Pierre Chopin, la borne aurait pu rester à cette place. En effet, ce chasseur de bornes frontières, faisait une chasse aux trésors dans le bois de Féfu à Bousignies-sur-Roc avec deux amis historiens, quand il s'est rendu compte que l’emplacement de la borne ne correspondait pas au tracé dessiné sur leur carte.
Le temps d'un instant, le village de Bousignies-sur-Roc a connu la gloire : "Pendant quelques jours, notre petit village a été la star dans le monde entier. Les habitants ont pris les choses à la rigolade même si certains étaient un peu mitigés ! On parle quand même de la frontière franco-belge." rigole Aurélie Welonek, la maire de Bousignies-sur-Roc. Pour clore le dossier, le bureau des affaires étrangères située à Bruxelles a tenu s'assurer que la borne avait été remise à sa place : "On a reçu un appel du haut commissaire du bureau de Bruxelles mais surtout pour la forme" conclut la maire.
Heureusement, tout est depuis rentré dans l’ordre. La pierre a été reposée à sa bonne place et l’Hexagone a retrouvé sa dimension initiale.