La Yaris Cross, produite depuis 2021 dans l'usine Toyota d'Onnaing, est la voiture la plus produite de France. Sa production a augmenté de 24% en 2023. D'un côté, la direction se félicite. Dans le même temps, les syndicats dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail.
Elle bat pavillon japonais, mais sort pourtant d’une usine installée à Onnaing, à quelques kilomètres de Valenciennes (Nord). Pour la deuxième année consécutive, la Yaris Cross de Toyota est la voiture la plus produite en France.
Avec 200 025 exemplaires, Toyota peut se targuer de faire mieux que le français Renault, qui ne cache pas son objectif. Le Français espère dépasser le groupe japonais avec la production de la R5 électrique à Douai. La bataille est lancée dans les Hauts-de-France, région où l’industrie automobile emploie plus de 56 000 salariés.
24% de production de plus en une année
L’usine d’Onnaing, seule du groupe japonais implantée dans l’Hexagone, a démarré son activité en 2001. Le site, qui emploie 5 000 salariés et produit pour le marché européen, a commencé la production de la Yaris Cross en 2021. Dès l’année suivante, elle devient la voiture la plus produite en France avec...161 508 voitures.
Un record pulvérisé une année plus tard, puisque le groupe japonais annonce avoir augmenté sa production de Yaris Cross de près de 24% en 2023. 200 025 véhicules en une année, soit 548 Yaris Cross produites en moyenne chaque jour de la semaine, matin, midi et soir.
Comment expliquer ces performances ? La direction met en avant le savant mélange opéré à l’usine d’Onnaing, entre savoir-faire français et méthodes nippones. Dans le Parisien, le directeur du site explique par exemple que les salariés participent tous les 15 jours à des sessions de 50 minutes consacrées à la résolution des problèmes.
"Pour que notre santé et nos vies passent avant les voitures"
Face à ces performances records, les syndicats tiennent un tout autre discours. "D’un côté, il y a la direction de l’usine qui se vante de battre des records de production et Toyota des records de profits, rappelle la CGT. De l’autre, il y a nos conditions de travail qui se dégradent (...) et nos salaires qui ne suffisent plus".
Pour que notre santé et nos vies passent avant les voitures, pour que les salaires, les embauches en CDI, les conditions de travail passent avant les profits, il sera nécessaire d’inverser le rapport de force et que la peur change de camp.
CGT Toyota Onnaing
Eric Pecqueur, secrétaire général de la CGT Toyota à Onnaing, pointe du doigt les "sous-effectifs entretenus par la direction", entraînant selon lui plusieurs conséquences. "Les salariés ont des difficultés pour poser des jours de récupération, des congés. Il est parfois même difficile d’aller aux toilettes parce qu’il n’y a personne pour remplacer sur les chaînes qui ne s’arrêtent pas".
À cela s’ajoute "les nuits supplémentaires le dimanche, la suppression de postes de travail reportant de fait une charge supplémentaire sur d’autres salariés". Lorsqu’on évoque avec lui les records de production, le syndicaliste réplique dans la seconde : "c’est une bonne nouvelle pour les actionnaires mais pas forcément pour les travailleurs".