À Guéret (Creuse), les salariés du sous-traitant automobile Amis ont entamé leur sixième jour de grève, ce mardi 28 janvier. Le mois prochain, leur usine, qui fabrique notamment des pièces pour Renault, fermera définitivement. Ils réclament une prime de production pour continuer de travailler. La direction refuse.
Leur grève, ils la veulent "propre et sans entrave". Ce mardi 28 janvier, les salariés de l'entreprise Amis ont entamé leur sixième jour de mobilisation. Située à Guéret, en Creuse, leur usine fermera définitivement le mois prochain. Quarante emplois vont disparaître. Certains ouvriers travaillaient depuis plus de vingt ans chez ce sous-traitant automobile, qui produit des pièces pour Renault et Stellantis. Le moral est au plus bas. Pour Christophe, l'un d'entre eux, tout cela n'est qu'un vaste gâchis : "On s'est donné à fond pour vraiment industrialiser notre usine, on a vraiment un savoir-faire, on a fait un travail énorme."
On nous met dehors comme des malpropres, sans rien au bout.
Noël MatthieuDélégué syndical CGT
Devant l'entrée de l'usine, les pneus s'amoncellent. Des barils en ligne laissent échapper de la fumée. Les salariés revendiquent une prime de production pour leurs dernières semaines de travail. La direction refuse. "On nous met dehors comme des malpropres, sans rien au bout, s'insurge Noël Matthieu, délégué syndical CGT. Pas un accompagnement de la direction. Ils ne viennent même pas nous voir. Tout ce que l'on nous dit, c'est non, vous n'aurez rien. Et on nous demande encore plus de production qu'avant !"
L'atmosphère sur place s'avère très lourde. Avant la grève, le personnel reconnaissait "tourner au ralenti". "Travailler dans ces conditions, c'est compliqué, expliquait David Parlon, délégué syndical Force ouvrière. On bosse moins, en mode dégradé. Il y a de la peur, à mesure que l'échéance approche."
Des menaces de sanctions indignent les salariés
Dans ce contexte, la direction avait fait parvenir une note au personnel, exigeant "que chacun retrouve un niveau normal de production et de travail". Le courrier menaçait les personnes concernées de "sanctions disciplinaires" et évoquait même des "licenciements sans indemnité", assimilant la situation à "de l'entrave au fonctionnement de l'entreprise". La note de l'encadrement a suscité l'indignation de nombreux salariés. Six d'entre eux sont aujourd'hui arrêtés pour maladie.
Le 17 janvier dernier, la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) avait homologué le plan de licenciement proposé par le patron. À l'issue de longues négociations, le versement d'une prime compensatrice, en complément des indemnités de licenciement, avait été rejeté par la direction. Un coup dur pour les employés.
De possibles indemnités ultérieures ?
Les représentants du personnel ont décidé d'avoir recours à un avocat spécialisé, Maître Jean-Louis Borie. D'après lui, le plan social validé par l'inspection du travail se révèle très insuffisant : "Il s'agit de savoir s'il ne peut pas faire l'objet d'un recours administratif. Si une annulation était prononcée, il pourrait y avoir des conséquences indemnitaires ultérieures."