Depuis l'accident du Pont de Marly, les deux rues principales du village de Villers-Pol, situé à une dizaine de kilomètres de Valenciennes, font face à une recrudescence du trafic de poids lourds. Les habitants concernés par les nuisances se mobilisent pour interdire leur passage.
Depuis l'accident au pied du Pont de Marly en juin 2022, les habitants des deux rues principales du village de Villers-Pol, rue Ozaneaux (où passe la RD 73) et rue Cenez (RD 129), en ont "ras-le-bol".
En effet, les poids lourds ont pris l'habitude de passer par le village en venant de Maubeuge et Le Quesnoy pour rattraper l'autoroute A2. "Depuis cet accident, on a eu une recrudescence de poids lourds au village, le trafic a été multiplié par quatre", déplore Jean-Louis Lussiez, responsable du collectif Ozaneaux Cenez.
200 camions par jour
Tous les jours, selon le collectif, 200 camions traversent les deux rues principales de la commune. Et ces nombreux passages créent de nombreuses nuisances. "Il y a le bruit, mais ce n'est pas le plus important, il y a aussi la dangerosité de la circulation avec des poids lourds qui ne respectent pas les vitesses et les priorités". Des vibrations se ressentent également au niveau des maisons car "la route n'est pas adaptée à ce type de circulation".
En somme, le collectif souhaite "empêcher que les poids lourds passent par Villers-Pol", sauf desserte locale (comme les livraisons dans le secteur alentour), pendant la période de réparation du pont de Marly, qui devrait être terminée "en juin 2023". D'autant plus qu'un itinéraire de contournement qui passe par Saultain existe "mais les poids lourds trouvent plus pratique de passer par Villers-Pol pour éviter les bouchons" provoqués par la déviation.
Le flux de circulation a bondi d’un seul coup, les usagers de la D649 en provenance de Maubeuge et ceux de la D934 en provenance de Le Quesnoy préférant traverser Villers-Pol et Préseau pour rejoindre l’A2, plutôt que d’affronter les embouteillages de la déviation de Saultain.
Collectif Ozaneaux Cenez
A cela s'ajoute une autre crainte, celle du barrage de la D649 (Maubeuge-Valenciennes) pendant "un mois et demi", à partir d'avril, "donc le flux de camions va encore augmenter, de quatre fois plus, on va passer à huit fois plus".
"La goutte d'eau qui a fait déborder le vase"
Après avoir été reçu par le Maire, Olivier Yzanic, pour une réunion publique, le collectif a récemment rencontré la sous-préfète d'Avesnes-sur-Helpes, Corinne Simon, qui leur a expliqué "qu'ils ne pouvaient pas empêcher les poids lourds de passer par Villers-Pol".
La sous-préfecture leur a aussi expliqué "que les poids-lourds doivent continuer à desservir les communes de Préseau et Maresches", notamment pour les livraisons, rapporte Jean-Louis Lussiez. "Pour les 4-5 camions de livraison journaliers, on doit supporter 200 camions par jour, sans compter le nombre de véhicules légers qui a été multiplié par deux."
Par ailleurs, ces poids lourds "en très grande majorité, ne passaient pas par la RD73 ou la RD129 pour rejoindre l’A2, avant l’accident du pont de Marly."
Finalement, à leurs yeux, ce problème de circulation n'est qu'un point parmi une longue liste de constats qui remontent à plusieurs années. L'accident du pont de Marly et la hausse du trafic de poids lourds qu'il a engendré est "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase". En effet, "au fil des années, les chaussées des rues Ozaneaux et Cenez se sont dégradées avec un trafic routier qui s'est développé", rappelle le collectif.
Mais la commune ne peut pas refaire les routes et faire de travaux. Le syndicat des eaux Noréade "n'est pas encore passé refaire le réseau d'assainissement". Le maire "nous a dit qu'il ne peut pas refaire la chaussée, les trottoirs, mettre des places de parking tant que Noréade n'est pas passé".
Villers-Pol est une échappatoire pour les poids lourds. Au niveau de la déviation, il y a souvent des problèmes avec le portique, il est régulièrement heurté par des véhicules, ce qui crée des bouchons. Donc les camions vont vers Villers-Pol. De plus, l'application Waze, le signale et le propose comme itinéraire de substitution.
Jean-Louis Lussiez, responsable du collectif
En attente d'une solution pérenne
En attendant une solution pérenne, le Maire et le Conseil municipal "font actuellement de leur mieux pour améliorer la circulation et réduire les nuisances des riverains de ces rues et des rues adjacentes", précise le collectif.
Ils ont, par exemple, installé des feux tricolores intelligents "dans le centre du village" pour faire "ralentir le flux du trafic sur la rue Ozaneaux". Ils protégeront "du même coup l’accès à la rue des écoles pour ses usagers, en particuliers les écoliers, et protégeront l’intersection avec la rue Piérrard".
Aussi, "la mise en place d'un changement de signalisation, sur certaines intersections, devrait voir le jour prochainement". Le but étant de ralentir la vitesse des véhicules. Le collectif ajoute que "la mise en place d'empêchements provisoires pourrait voir le jour".
91 excès de vitesse ont été relevés par la gendarmerie entre octobre et début janvier, en sachant que la gendarmerie passerait en moyenne, d’après nos calculs, une heure, grand maximum, par jour à surveiller la circulation du village.
Collectif Ozaneaux Cenez
"Madame la sous-préfète compte sur le fait que les travaux d'assainissement de Noréade à Orsinval vont réduire la circulation de camions sur Villers-Pol, la circulation serait déviée à partir d'Englefontaine pour aller sur Bavay". Mais le collectif reste perplexe et continue de se mobiliser.
"Si notre route était en bon état, si les travaux chez Noréade étaient faits en temps et en heure, si on avait des empêchements en règle, si on avait des trottoirs on pourrait supporter éventuellement le passage des camions", conclut Jean-Louis Lussiez en nuançant : "hormis peut-être leur nombre, qui peut être dangereux pour les piétons".