Coup de massue pour les salariés de Vallourec Saint-Saulve. Leur usine va fermer d'ici fin 2022. Des suppressions de postes sont également annoncées à Valenciennes et Aulnoye-Aymeries. Des discussions s'engagent sur les conditions de départ et les choix de l'industriel.
"On est dégoutés mais on s'y attendait, depuis des années il y a des restructurations et nous on voit l'activité qui baisse d'année en année, c'est une fatalité. Quand j'ai commencé il y a une vingtaine d'années on était 1.200, 1.300, maintenant on est 97", a déclaré Frédéric Boucaut, salarié de 46 ans.
Il est 18h30 mercredi 18 mai 2022 et, à la sortie de l'usine les salariés se regroupent. Ils viennent d'apprendre la nouvelle de la fermeture de leur site de Saint-Saulve, d'ici la fin 2022. Comme abasourdis, sous le choc, il se confie au micro de Martin Vanlaton pour France 3 Hauts-de-France. L'émotion est palpable.
Vallourec a eu de l'argent public pour faire des investissements au Brésil ou en Chine, ils vont là-bas construire des usines et c'est la France qui trinque
Michaël Tison, CFDT St Saulve
"On est fatalistes, on s'en doutait (...) c'est la fermeture du site purement et simplement", a réagi devant la presse Michaël Tison, délégué CFDT de Saint-Saulve, à la sortie de l'usine où l'annonce a été faite aux salariés. "Vallourec a eu de l'argent public pour faire des investissements au Brésil ou en Chine, ils vont là-bas construire des usines et c'est la France qui trinque", a-t-il ajouté.
Une annonce de fermeture qui intervient en pleine campagne des législatives. Une situation favorable pour les salariés de Vallourec qui reçoivent énormément de soutien. Des voix s'élèvent de partout pour interroger l'entreprise sur ses choix stratégiques :
Le Parti communiste en dehors de son soutien aux hommes en première ligne, les salariés, rappelle l'incohérence "écologique" : "à l’heure où le réchauffement climatique et ses conséquences impactent de plus en plus nos vies et l’avenir de notre planète, il est complètement aberrant de voir nos usines partir à des milliers de kilomètres pour fournir les marchés français et européens".
Les Hauts-de-France très impactés : les politiques réagissent en pleine campagne des Législatives
Vallourec supprime 2 950 postes dans le monde, 320 en France, 250 en Hauts-de-France. Mi-novembre 2021, le fabricant français de tubes sans soudures pour l'industrie pétrolière, Vallourec, avait annoncé la mise en vente de ses activités allemandes (fabrication des tubes)
Depuis la dernière restructuration du groupe en 2021, l'État contrôle encore 2,3% du capital de Vallourec via la Banque publique d'investissement (BPI). Pour le président LR de la région Ile-de-France Xavier Bertrand, "la politique continue d'abandon du groupe de ses activités industrielles en France n'est pas acceptable". Et il interroge l'Etat qui "doit expliquer sa position en tant qu'actionnaire.
Quant au député NUPES Adrien Quatennens, il s'est également exprimé sur Twitter : "l'hémorragie, ça suffit !"
Quelque 250 postes seront supprimés dans le Nord : un peu moins d'une centaine sur le site de Saint-Saulve, une centaine à Aulnoye-Aymeries et le solde sur le centre de services partagés de Valenciennes.
Le groupe a réalisé 916 millions d'euros de chiffre d'affaires au premier trimestre 2022, en progression de 30,5% par rapport à la même période en 2021, réduisant sa perte nette à 35 millions d'euros contre 93 millions d'euros l'an dernier sur la période, note l'Agence France Presse.
Une activité qui s'arrête fin 2022 à Saint-Saulve ?
Pour les salariés touchés par cet arrêt de la production à Saint-Saulve, il reste à choisir : continuer encore 6 mois ou s'arrêter tout de suite. Selon les porte-paroles des syndicats, le choix leur serait laissé entre ces deux options. Une situation dont ils débattent à huis clos ce 19 mai, au lendemain de l'annonce de fermeture. Le vendredi 20 mai 2022, une réunion est prévue entre toutes les parties. "Le PDG de Vallourec a accepté ma demande d’une réunion en urgence sur le Valenciennois avec les représentants des salariés, élus locaux et direction. Nous avons besoin d’informations et de garanties pour les salariés concernés de Saint-Saulve, Aulnoye-Aymeries et Valenciennes", a précisé Xavier Bertrand, le président de la Région.