Venez nous sauver ! Le cri d'alarme des commerçants vrac qui ne se remettent pas du Covid

Elle a les larmes aux yeux. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Alice Bigorgne annonce la nouvelle à ses followers. Le magasin vrac du Vieux-Lille, c'est fini. Pour tenter de le sauver, décision avait été prise de le déménager à quelques centaines de mètres, il y a moins d'un an…

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Alors que le mois du vrac et du réemploi bat son plein, les commerçants vrac, eux, sont à la peine. Une grande peine même. Alice Bigorgne a ouvert le premier magasin vrac de Lille il y a 9 ans, dans le quartier de Wazemmes. Face à l'engouement, elle a ensuite implanté une épicerie à Croix, dans la Métropole lilloise.

Le "zéro déchets" a la cote

En février 2020, parce que la demande des clients est là, Alice et son mari Olivier signent un bail rue Esquermoise, dans le Vieux-Lille. Ils ont alors 9 salariés sur les trois boutiques. C'est l'époque des défis familles "zéro déchets", les magasins vrac ouvrent partout en France.

Le covid a retardé l’ouverture de cette boutique dans le Vieux-Lille de quelques semaines, mais d’entrée de jeu, les chiffres sont prometteurs. 

Tout s’est arrêté brutalement, le 21 mai 2021

Ce jour-là, les restaurants réouvrent. "C’est l’effondrement des petits commerces, et ça n’a jamais repris depuis" déclare Alice. Mais, toujours convaincue par l’avenir du vrac, mieux consommer, sans emballage, pour le bien de la planète, Alice et son mari tentent de sauver les meubles. Ils délocalisent la boutique du vieux-Lille et divisent leur loyer par trois et demi.

Sur les réseaux sociaux, elle précise "COVID est passé par là et chacun a changé ses habitudes. Nos épiceries ont été malmenées par ces changements. Mais afin de continuer à vous accueillir à Croix et à Wazemmes avec un maximum de produits en vrac, cette fermeture du Vieux-Lille est incontournable".

Dans un même temps, ils se sont séparés à contrecœur de leurs salariés. Pudique, elle glisse entre deux phrases qu'elle et son mari ne sont pas versés de salaire depuis des mois. Six pour le moment. Alors, ils accumulent les heures, les idées pour faire venir les clients, animer leurs épiceries. Alice ajoute "on a perdu 50 % de notre clientèle avec le covid" puis "Soutenez-nous en venant faire vos courses à Wazemmes et Croix", des épiceries vrac qui ne sont pas encore sauvées. Après les vacances d’été, ils ne seront plus que deux avec deux alternants. « On se retrouve 7 ans en arrière », confesse Alice. Touchée mais pas coulée. 

Les autres épiceries en sursis ?

Tout le réseau national d’épiceries Day by Day est concerné par cet effondrement. Sur les 75 magasins existants avant covid, il en reste 47… Dans la Région, ceux de Dunkerque, Boulogne-sur-Mer et Valenciennes ont fermé. Et chez les indépendants, la chute aussi a été vertigineuse. Même les pionniers de Roubaix, avec leurs familles Zéro déchets ont vu leurs boutiques vrac baisser le rideau. 

À Wasquehal, Mademoiselle Vrac tient le coup mais a réduit ses horaires. Isabelle Rance-Alexandre a ouvert son magasin, comme beaucoup, portée par le mouvement juste après le Covid, en mai 2021. Si elle tient le choc, c'est qu'elle a un deuxième emploi, le matin. "On a perdu des clients qui ne voulaient plus se prendre la tête avec les bocaux, cuisiner après le covid". Les boutiques qui avaient un business plan sur les résultats avant le Covid n'ont pas tenu le coup. La gérante de Mademoiselle Vrac ajoute "au bout de 3 ans, je ne peux pas embaucher, je me paie à peine".

Pour autant, elle croit toujours en ce mode de consommation : "On a des clients fidèles, on rentre de nouvelles références pour répondre à leurs attentes, on adapte notre offre et on communique beaucoup sur les réseaux sociaux, il faut être très actif pour se développer. Être commerçants et avoir le smile tout le temps…". Et le grand défi aujourd'hui est là : faire venir de nouveaux clients... et réussir à les garder... 

 

 

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