A Féchain, un rocher de sept tonnes, ancien polissoir au néolithique, sème la discorde. Classé monument historique, il complique la vie de la commune dont tous les chantiers doivent être approuvés par les architectes des Bâtiments de France, au grand dam du maire "ce rocher c’est une plaie !"
Les monuments classés au patrimoine historique font généralement la fierté des communes qui les abritent. Mais à Féchain, plus personne ou presque ne supporte de voir la roche de sept tonnes et d’un mètre de haut posée à côté de l’église sous une protection de verre.
Un cadeau empoisonné
C’était pourtant, au commencement, un cadeau fait à la commune. Le polissoir, datant du Néolithique est redécouvert lors du creusement du canal d’Aubencheul-au-Bac en 1968. Sous l’impulsion de deux habitants, il est placé à Féchain "je ne leur en veux pas, c’était une bonne idée au départ", commente Alain Wallart, maire de la commune, "mais pour nous aujourd’hui ce rocher c’est une plaie !", continue-t-il.
C’est que, depuis 1980, le vestige impopulaire a été classé monument historique. Si la commune et ses habitants souhaitent entamer des travaux dans un rayon de 500 m autour du roc, ils se doivent de respecter un cahier des charges stricte imposé par les architectes des Bâtiments de France (ABF), "500m autour du roc, c'est 90% du territoire… ", soupire le maire.
Un projet bloqué
Depuis trois ans, le maire de Féchain porte un projet : la construction d’un réfectoire pour les enfants, d’une médiathèque et l’aménagement d’un dépose minute à la place de quatre logements vétustes et inhabités.
Le projet est d’abord refusé par les architectes des bâtiments de France : cela dénaturerait l’harmonie du village. Après saisi du sous-préfet, ils finissent par accepter mais à une condition "on nous dit que si on démolit, on doit refaire un bâtiment de la même hauteur, exactement à la même place, en alignant les façades… alors qu’on a besoin d’un restaurant scolaire en rez de chaussée ! Ca n’a pas de sens, et ça nous coûterait plus cher, 600 000 euros de plus !"
Le maire maudit de plus en plus ce polissoir qui bloque toutes les avancées de travaux de la commune et des habitants de la zone, "on ne peut même pas le déplacer puisqu’il est considéré comme un "bien immeuble" sinon on aurait pu le mettre au Musée de Douai mais les ABF refusent."
La contre attaque du maire
Même s'il ne peut plus le voir, Alain Wallart ne souhaite pas forcément la disparition du roc, "à condition seulement d’assouplir le cahier des charges (…) sauf que les ABF sont bornés, l'un d'entre eux a comparé Féchain au Mont Saint Michel, en disant que là-bas on ne détruirait pas comme ça des bâtiments… c’est flatteur mais complètement déconnecté de la réalité", ajoute-t-il.
Face à l'inflexibilité des ABF, Alain Wallart a décidé de saisir le préfet du Nord, avec qui il a rendez-vous ce vendredi, en présence de ces derniers. "J’attends cela avec impatience, ça va être déterminant. " espère le maire, qui souhaite lui aussi apporter sa pierre à l'édifice.